Il est inacceptable que les États fassent le jeu des multinationales, en particulier celles qui sont dans la course au vaccin anti-Covid-19, en leur permettant de s’enrichir toujours plus.
Le jour même de l’annonce, le président de Pfizer a vendu 62% des actions qu’il détenait dans sa société
Le 9 novembre, Albert Bourla, président de Pfizer, a déclaré au
Washington Post que le vaccin développé par sa société et la société allemande BioNTech a démontré lors de la phase 3 de l’essai être efficace à 90% pour protéger contre l’infection. C’était un geste risqué de sa part dans le sprint final de la course au brevet, car il reste à démontrer que le vaccin est également sûr (n’ayant pas d’effets secondaires importants) et durable (étant constamment produit avec les plus hauts standards de qualité). L’annonce a certainement atteint l’objectif visé, à savoir obtenir une réaction positive des bourses : en quelques heures, la valeur des actions de Pfizer a augmenté de nombreux points, donnant au vaccin un avantage important sur le plan de la crédibilité financière sur les concurrents les plus redoutables pour le brevet, tels que Moderna (USA) et AstraZeneca-Oxford University (UK-S). Le jour même de l’annonce, le président de Pfizer a vendu 62% (132. 508) des actions qu’il détenait dans sa société à un prix moyen de 41,94$ par action, avec un gain personnel de 5,6 millions $.
Le plus marquant dans ce fait scandaleux n’est pas tant la vente spéculative des actions Pfizer par le président de l’entreprise lui-même. Il s’agit de pratiques courantes dans le monde financier. Selon certains observateurs, elle peut avoir été même motivée par une certaine crainte de la part du dirigeant quant à la capacité de l’entreprise de faire face à la forte concurrence des autres sociétés. En fait, Moderna a informé le 18 novembre que son vaccin s’est révélé efficace à 94%. De son côté, AstraZeneca a souligné des avantages importants de son vaccin par rapport à Pfizer au niveau de la conservation. Ignorés par les grandes puissances du Nord, pour des raisons non motivées, les vaccins russe et chinois ont été mis hors-jeu pour le moment.
Une politique publique qui pose de nombreuses questions
Riccardo Petrella,
professeur émérite de l’Université Catholique de Louvain (B) et cofondateur de l’Agora des Habitants de la terre.