La CNE (Centrale nationale des employés, de la CSC) vient de publier sous ce titre, en juin dernier, une brochure remarquable de popularisation de cette revendication croissante: la réduction collective du temps de travail, en abrégé RTT.
Cette brochure de 76 pages est accessible en ligne, en lecture et en téléchargement, sur le site de la CNE.
Afin de vous donner l’envie de prendre connaissance de sa richesse d’analyses et de propositions constructives, nous publions en «bonnes feuilles» deux extraits d’une préface collective.
«A l’heure où nos gouvernements n’ont d’obsession que de renforcer la flexibilité, au détriment de la qualité de vie des travailleurs… A l’heure où la majorité de ceux qui travaillent doivent être toujours plus productifs alors que ceux-celles qui sont en temps partiels galèrent pour arrondir les fins de mois… A l’heure où l’on allonge la durée de la carrière alors que tant de jeunes ne trouvent pas de boulot en sortant de l’école… Notre vie privée, nos projets personnels sont sacrifiés au profit d’une économie au service de l’argent.
En tant que jeunes, nous refusons d’être contraints de travailler plus pour gagner moins et vivre moins bien. Nous refusons d’être réduits à une force de travail qui n’a plus de temps à consacrer à sa vie familiale, à des activités culturelles, sportives et citoyennes à cause d’horaires hyper-flexibles. Nous ne serons pas la génération burn-out, la génération sans vacances, la génération des dépressions et du mal-être qui découlent de conditions de travail et d’une vie sociale et culturelle pauvre.
En tant que jeunes, dans une société qui produit toujours plus de richesses, nous refusons que les politiques d’austérité nous condamnent à vivre moins bien que les générations précédentes. Pour moderniser, différentes mesures pour créer de l’emploi de qualité existent et la mesure-phare reste, est et sera la réduction collective du temps de travail. Il est l’heure d’être plus nombreux à travailler moins, afin de pouvoir tous ensemble vivre mieux et profiter de la vie.»
Ludovic Voet, responsable national des Jeunes CSC
«Aujourd’hui, c’est dans une injustice totale que le travail est partagé. Certains sont maîtres de leur temps, beaucoup sont aspirés par les exigences sans fin de leur travail et beaucoup d’autres, privés d’un emploi véritable et d’un revenu décent, sont suspendus au temps déstructuré de la précarité. Or il y a une solution forte à cette situation injuste.
Il faut aujourd’hui, pour fabriquer une voiture ou un bâtiment, pour rédiger un dossier ou envoyer une lettre, de 4 à 10 fois moins de temps qu’il y a 40 ans. C’est ce qu’on appelle la croissance de la productivité. Et c’est une bonne nouvelle: produire plus de richesses en une heure, ou la même richesse en beaucoup moins de temps, peut créer à la fois du bien-être et du temps libéré.
De deux façons: en augmentant les salaires globaux (le salaire direct, et le salaire socialisé constitué de la Sécu et des services publics); et en réduisant le temps de travail sans perte de salaire.
Depuis 1945, ces deux fruits de la productivité ont été abondamment récoltés: les salaires réels et la protection sociale ont énormément augmenté, et le temps de travail a été réduit… du moins, jusqu’en 1980. Depuis, la productivité continue d’augmenter (plus ou un peu moins vite selon les secteurs), mais une troisième façon d’en utiliser les fruits s’est imposée : non plus augmenter les salaires, non plus baisser le temps de travail, mais augmenter le profit, et l’accumulation du capital. Une grande partie de la dégradation générale de la société résulte de ce choix catastrophique, que gouvernements et patronat nous imposent depuis près de 40 ans.
Il est temps que cela cesse. Il est temps que les promesses de progrès soient tenues pour tous — et pour toutes — et plus uniquement pour les 2 ou 3% de rentiers qui nous gouvernent. Il est temps que l’utopie de la RTT redevienne la priorité générale de notre société. Parce qu’elle est possible, parce qu’elle est nécessaire, parce qu’elle est la meilleure réponse à presque toutes nos questions, on y croit, on la veut, et on la fait. Pour aujourd’hui et pour demain.»
Felipe Van Keirsblick, secrétaire général de la CNE
Exceptionnellement, nous vous invitons à quitter (provisoirement) notre site pour rendre visite à celui de la CNE, pour lire ou télécharger cette indispensable brochure!