J’ai honte d’être Européen ! 

                              Coup de sang de Daniel Cano

Encore un naufrage de réfugiés en Méditerranée !
170 victimes de plus dues à l’irresponsabilité et à l’égoïsme de la plupart des Etats européens !
Après avoir colonisé et exploité de façon éhontée pendant des décennies les peuples des pays du Sud,
Après avoir créé les conditions de la misère et des conflits actuels et latents en Afrique et au Moyen-Orient notamment en créant des Etats aux frontières artificielles,
Alors que nos Etats impérialistes et colonisateurs sont redevables d’une dette morale et financière incommensurable (qui ne sera jamais réglée) aux populations qu’ils ont humiliées et spoliées, l’Europe ferme ses portes à des réfugiés issus des dites populations.
Elle laisse périr en mer ces êtres humains comme des bêtes néfastes !

Europe, shame on you !

Daniel Cano


Il est temps de faire front !

Pour rejeter un migrant, l’arrêter ou le mettre en détention parce qu’il veut séjourner librement en Belgique ou en France, quelles raisons sont invoquées par les pouvoirs ? L’opinion publique est préparée à ces rejets car abreuvée d’images et de prétextes : absence de papiers conformes, méfiance sur la capacité à subvenir à ses besoins, mais souvent aussi pour son origine, avec les stigmates qui y sont accolés, sa couleur de peau, sa religion ou sa différence de culture.

La plupart des grands médias et des gouvernements européens trouvent des prétextes pour que soient interdites de séjour ces milliers de personnes n’ayant commis aucun crime et ne représentant objectivement aucune menace.

Mais le fondement de ce rejet de l’autre n’est-il pas plus profond ? Ce qui leur est reproché n’est-il pas d’être pauvres et de ne pouvoir immédiatement être générateurs de richesses pour l’économie des pays d’accueil alors qu’inversement, ils sont générateurs dans un premier temps d’un certain nombre de dépenses de solidarité.

C’est l’argent roi, piloté par les grands fonds financiers, qui imprime idéologiquement les excuses diffusées par les médias dominants ayant perdu leur sens critique et par les hommes politiques qui servent des intérêts économiques supérieurs pour rejeter l’immigré.

L’être humain est devenu une variable d’ajustement à la potentialité de créer un profit énorme et rapide. Des coûts jugés inutiles sont à éliminer et il faut aussi que ce système de sélection des êtres humains immédiatement utiles et rentables ne soit pas des plus lisibles par les nationaux écrasés socialement et économiquement par la même machine financière.

Pour cela, rien de mieux que de stimuler une guerre entre les plus démunis en les montant les uns contre les autres, pour qu’ils ne puissent pas s’unir pour lutter ensemble contre les fonds financiers. Si l’immigré est arabe ou musulman, il est immédiatement stéréotypé comme illégal, à rejeter, à renvoyer ou, en attendant, à incarcérer. Mais si cet arabe musulman est prince du Qatar ou milliardaire des Émirats arabes unis, il est accueilli à bras ouverts par Théo Francken à Bruxelles ou Gérard Collomb à Paris.

Si c’est l’indien Mittal, milliardaire, industriel de la sidérurgie qui débarque à Zaventem ou à Orly, aucun douanier zélé ne le retiendra une seconde pour la couleur de sa peau, et une nuée de journalistes sera toujours disponible pour l’interviewer sur ses rêves financiers liés à   l’expansion de son groupe sidérurgique international, sans que les licenciements des travailleurs belges et français de ses usines ne dérangent. La liste de ceux qui sont choyés par les médias et pouvoirs est vaste (sportifs, musiciens, acteurs, investisseurs, dictateurs), quelles que soient leur origine, leur couleur de peau et leur religion. Ce n’est donc pas cela le vrai critère pour le rejet, l’arrestation ou la mise en prison d’un immigré.

L’économie financière décide en dernier ressort C’est le fait que lui et des millions d’autres sont de trop pour le type d’économie qui se développe par la robotique et l’intelligence artificielle, et que dès lors il n’est pas immédiatement générateur de richesses pour l’État et les investisseurs, même si ceux-ci peuvent utiliser les migrants pour faire pression sur le sort de leurs frères de misère.

Dans un calcul de rentabilité, il faut éliminer les coûts marginaux, les coûts non générateurs de profits immédiats. L’employabilité d’un être humain, déjà bien sélectionné par le nouveau mode d’enseignement distillé dans les écoles et universités des pays occidentaux, qui façonne les critères de qui est encore employable et qui doit perdre son emploi et être poussé au chômage, est fonction du profit rapide qu’il génère.

Accueillir des immigrés parce que leur pays est soumis à une guerre, dont l’Occident est souvent responsable ou parce que l’évolution du climat crée des sécheresses dans des zones immenses, alors que ces dérèglements climatiques ont été principalement causés par le modèle économique des grands industriels, est un non-sens pour ceux-là mêmes qui ont justement analysé que les plus grands profits n’étaient possibles qu’en créant guerres et productions destructrices du climat et de l’humanité.

Mais il faut aussi que cette sélection, de qui peut espérer une vie décente, soit acceptée par la majorité des peuples, hypnotisés par les feux brillants de la société consumériste. Il faut donc pouvoir compter sur le rôle « protecteur » d’une partie du corpus politique des pays occidentaux, celui de protéger les nationaux de la marée d’envahisseurs de notre belle maison. La pression est mise par les lobbies du monde financier pour que le populisme de droite se développe, pour que les droites extrêmes ne se cachent plus pour dénoncer les causeurs de troubles, de chômage ou de misère : les immigrés, les plus pauvres des pauvres.

Les Viktor Orban, Matteo Salvini, Sebastian Kurz, Matthias Buettner, Théo Francken, et les médias qui leur servent de porte-voix, de pousse au crime, ont compris que leur propre pouvoir et celui des fonds financiers qu’ils vénèrent ne sont possibles que s’ils créent la division entre les plus meurtris du système. Ils stimulent la haine de l’autre, ils créent de toutes pièces, à leur profit, la guerre des pauvres. Ils tentent de réinventer de nouvelles nuits de cristal, de nouvelles sélections des valeurs humaines au risque de régénérer aussi de nouvelles formes de nazisme et de fascisme.

Il est temps de se lever et de faire front.

Jean-Claude Garot et Bernadette van Zuylen

 

Il est temps de faire front !
Edito du journal POUR n°4
NOUS SOMMES TOUS DES MIGRANTS
Octobre-novembre 2018