Ghost army : « Les slogans sur les toits des théâtres sont des gestes à la fois artistiques, poétiques et politiques. »

Ghost army, nom étrange, voire paradoxal quand on apprend que derrière les fantômes se cachent en réalité des artistes engagé.e.s et mu.e.s par un projet politique foncièrement pacifiste et anti-impérialiste. Inspiré d’un bataillon américain constitué essentiellement d’artistes recruté.e.s afin d’utiliser leurs compétences sur le champ de bataille, lors de la seconde guerre mondiale, ce collectif voit le jour à l’initiative du scénographe Boris Dambly, rejoint par l’actrice Cécile Maidon, la metteuse en scène et dramaturge Adeline Rosenstein, le peintre et sculpteur Laurent Liber, l’actrice et pluridisciplinaire Emilienne Tempels, le metteur en scène et acteur Alexandre Dewez, le metteur en scène et costumier Hugo Favier, la régisseuse Sandrine Nicaise, le metteur en scène Thymios Fountas, la performeuse Isabelle Bats.

Première œuvre du collectif, un tank gonflable qui étonne autant par sa taille grandeur nature que par sa fragilité tant il peut se dégonfler à tout moment. « Cela met complètement en valeur le côté ridicule des figures guerrières avec ce canon qui se gonfle et qui se racrapote comme s’il bandait mou… » s’amusent les membres du collectif. « Par ailleurs, c’est chouette de jouer à armes égales avec nos ennemis. Souvent, dans les esthétiques alternatives, on voit la cabane, le radeau, la roulotte… C’est vraiment une esthétique de la précarité, de la fragilité, cela peut se détruire et se reconstruire ailleurs. C’est une stratégie tout à fait louable et on a fait de chouettes performances avec ces éléments, mais là, pour une fois, je trouvais intéressant de dire : “Hé, nous aussi on peut avoir des tanks, nous aussi on peut avoir des fusées, nous aussi on peut avoir un système d’organisation hyper bien rodé et hiérarchisé…”, même si tout ça est une posture pour s’en moquer ! »

Ghost Army – Tank

Détourner les symboles pour en subvertir la charge, c’est un angle d’attaque qui peut porter ses fruits selon ces artistes. Ils.elles prennent pour preuve, et comme exemple, la Clandestine Insurgent Rebel Clown Army (CIRCA). Des clowns, constitués en bataillons et parés d’un treillis militaire, qui s’organisent hiérarchiquement pour faire face à la police au Royaume-Uni. « La police anti-émeute avait été formée pour être confrontée à des blacks blocks ou des hooligans et, d’un coup, elle se retrouve face à des clowns qui se moquent d’eux. La police se retrouvait face à une espèce de miroir déformant de sa propre autorité, elle perdait complètement ses moyens ! »