Eviter la justice de classe – Lettre du RJF envoyée aux principaux ministres

Les cris d’alarme se multiplient en matière de lutte contre la criminalité financière et la fraude fiscale. Il y a pourtant des avancées. Mais il manque trop de contrôleurs et surtout de policiers spécialisés.Un article du Vif du 17/02/2022 par Thierry Denoël (dont le numéro du VIF n’est plus en vente en kiosque) qui fait notamment référence au courrier du RJF envoyé aux principaux ministres.
Pour rappel, ce courrier avait pour objet notre insatisfaction quant à la lutte contre la fraude fiscale et l’évasion fiscale illégitime.

Objet : Notre insatisfaction quant à la lutte contre la fraude fiscale et l’évasion fiscale illégitime, contre les fraudes financières et quant à la communication et à l’information en ces matières.

 

Mesdames, Messieurs,

Le Réseau pour la Justice Fiscale, ses associations membres ainsi que les adhérents et membres de ces associations sont profondément insatisfaits des mesures en matière de lutte contre la fraude fiscale et contre l’évasion fiscale illégitime ainsi que de la communication et de l’information en la matière.

L’annexe au présent courrier détaille  le contenu précis des cinq motifs d’insatisfaction.

Notre premier motif d’insatisfaction  (développé au point 1 de l’annexe) trouve sa source dans le constat de la disproportion entre le traitement respectif de la fraude sociale et de la fraude fiscale : d’une part, un nombre important  de mesures sont déployées et effectivement appliquées pour lutter contre la fraude sociale et contre le dumping social,  ; d’autre part, un nombre limité de mesures sont prises pour lutter  contre la fraude fiscale et contre l’évasion fiscale illégitime, certaines sont de simples prolongements de mesures existantes et d’autres peinent  à s’appliquer, ceci alors que les pertes de recettes dues à la fraude fiscale et à l’évasion fiscale illégitime sont nettement plus significatives que celles dues à la fraude sociale et au dumping social.

Notre second motif d’insatisfaction porte sur le fait que la réalisation des mesuresen matière de lutte contre la  fraude fiscale et d’amélioration du recouvrement des recettes fiscales  du premier plan antifraude du Gouvernement laisse à désirer.Quelques exemples portant sur le Système de Caisse Enregistreuse, le Recouvrement des créances fiscales et le contrôle des déclarations de succession sont développésdans le point 2 de l’annexe.

Notre troisième motif d’insatisfaction tient dans l’absence de bilan et d’évaluation de l’exploitation administrative et judiciaire de  différentes fuites de données, dont l’inventaire est précisé au point 3 de l’annexe, et à l’absence  du second volet fiscal du plan antifraude, portant sur la fraude fiscale internationale et sur l’évasion fiscale internationale, un volet  plusieurs fois annoncé et toujours invisible.

Notre quatrième  motif d’insatisfaction concerne le personnel et les indemnités liées au Plan National de Sécurité.

Notre dernier motif d’insatisfaction concerne les Administrations fiscales (pouvoirs d’investigation spécialisés, impact de l’informatisation notamment sur la consistance du personnel (1) et rétablissement à partir de 2023 d’une indemnitéde vérification à l’AGFISC).

Le RESEAU POUR LA JUSTICE FISCALE (RJF) et ses associations membres souhaitent vous rencontrer ou des représentants de vos cabinets pour vous présenter nos constats et nos demandes en matière de lutte contre la fraude fiscale et contre l’évasion fiscale illégitime.

Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, l’assurance de notre considération distinguée.

Daniel PUISSANT

Secrétaire du RJF

Le RJF réunit les confédérations syndicales  et une trentaine d’ONG, d’associations et de mouvements de Wallonie et de Bruxelles qui eux-mêmes regroupent plusieurs milliers de membres actifs  et des millions d’adhérents. Le RJF sensibilise le public et interpelle les autorités  politiques et les partis politiques sur la nécessité d’une fiscalité plus équitable   au service d’un refinancement des biens et services collectifs.