Délit de riche, justice de riche

Quand la Transaction Pénale empêche tout débat judiciaire public sur les relations incestueuses entre finance et politique et ouvre la voie à la tolérance maximale pour les délinquants huppés.

Il a fait la une des médias pendant les long mois qui ont précédé l’élection présidentielle française de 2017. Il avait en effet salarié l’épouse (Pénélope) du candidat de la droite favori de cette élection, François Fillon, au sein de l’une des multiples filiales de son Groupe Fimalac, la Revue des Deux Mondes. Le caractère fictif de l’emploi accordé (conseiller littéraire) n’avait pas échappé aux journalistes d’investigation  et le Parquet National Financier (PNF) en vint à se saisir de l’affaire. Tous les citoyens en étaient, eux, venus à se demander pourquoi Marc Ladreit de Lacharrière, 28ème fortune de France (3,4 milliards d’euros en 2017), avait bien pu embaucher une personne qui ne disposait ni des compétences, ni du temps (elle exerçait théoriquement à plein temps sur la même période la fonction d’attachée parlementaire) nécessaires pour prétendre à une telle fonction. Ils se le demandaient d’autant plus qu’ils avaient aussi appris que le même bienfaiteur avait accordé un prêt non déclaré de 50.000 € à la famille Fillon et avait eu recours aux services de la société 2FConseil que François Fillon avait créée quelques jours avant de quitter ses fonctions de Premier Ministre de Nicolas Sarkozy (de 2007 à 2012) et pour couronner le tout, que le même avait été promu par son ami François au plus haut grade de la Légion d’Honneur, celui de  Grand Croix en 2010 ( nombre de récipiendaires en vie limité à 75).

Ils attendaient donc qu’un procès en bonne et due forme leur permette de prendre connaissance en audience publique des réquisitions du Procureur en charge de défendre les intérêts de la société, des  arguments de l’accusation et de la défense en présence de tous les protagonistes (époux Fillon inclus), puis d’un jugement motivé susceptible de faire l’objet d’appel, puis de recours en cassation . Ils auraient ainsi été à même de comprendre les raisons pour lesquelles un homme aussi puissant financièrement accordait de telles faveurs à un autre homme aussi puissant politiquement (avant que le scandale n’éclate, F. Fillon était ultra-favori dans les sondages).

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Christian Savestre

° Depuis 1992, l’ami de François notait impitoyablement tous les pays, dont la France, qui ne respectaient  pas complètement les préceptes financiers quasi religieux édictés par ces agences.