Allons-nous, comme dans les années 1930 laisser doucement l’intolérance et le rejet de l’autre s’emparer des esprits ? Nous sommes suffisamment avertis depuis l’affaire Dreyfus jusqu’à l’arrivée des nazis au pouvoir, après l’incendie du Reichstag le 27 février 1933, des conséquences dramatiques du silence de la plupart des responsables politiques pour enfin organiser un sursaut à l’image des protestations massives des populations allemandes qui viennent de se dérouler dans les différents Länder contre le fascisme.
Il devient désormais urgent de défendre et faire connaître, par le biais d’une large coordination, toutes les initiatives possibles et imaginables pour faire reculer de manière significative les idées et les projets de l’extrême droite et d’une droite qui n’hésite plus à présenter son vrai visage.
MERCI À CELLES ET CEUX QUI NOUS SOUTIENNENT !
C’est grâce à vous que nous pouvons publier du contenu.
Vous pouvez aussi nous soutenir en vous abonnant
sur Tipeee, ou nous soutenir GRATUITEMENT avec Lilo !
C’est la raison pour laquelle nous appelons à organiser – dès que possible – des Assises antifascistes au plan national qui auront pour premier objectif la rédaction d’une plateforme commune, outil mobilisateur destiné à mutualiser, à faire connaître et à démultiplier les actions des collectifs, associations, syndicats, médias alternatifs qui, en se fédérant, contribueront à faire pièce à la marée brune qui menace de nous submerger.
Un réseau qui aura vocation à se développer dans les quartiers, dans les entreprises, dans les lycées et les facs. Un réseau pluriel et multiforme, une présence citoyenne critique et consciente du danger imminent, à travers toutes les formes d’expression possibles et imaginables pour défendre, becs et ongles, les idées de partage, de solidarité et d’égalité des droits.
Avec un objectif commun : barrer la route à l’extrême droite et aux droites imprégnées par les mêmes idées brunes, par tous les moyens légaux à notre disposition ainsi que, le cas échéant, ceux de la désobéissance civile.
Ne choisissez pas l’extrême droite pour exprimer votre colère : l’appel de 70 organisations de la société civile pour les européennes
.
La CGT, Greenpeace, Oxfam, LDH, la Cimade, le Planning familial… un collectif d’associations et de syndicats appellent les citoyens à ne pas se résigner et à une mobilisation contre les inégalités sociales et territoriales. Là se joue l’avenir de nos sociétés et de la démocratie.
Les extrêmes droites, dont la progression se poursuit plus que jamais, exploitent les mécontentements, les ressentiments, les colères. Colères souvent légitimes face à la dégradation du tissu social, à l’arrogance de pouvoirs oligarchiques, et à tant de renoncements face aux injustices sociales et environnementales, au rythme et aux effets du changement climatique et à l’affaiblissement accéléré des services publics.
Or plus on divise, plus on affaiblit. Plus on dresse les travailleurs contre les chômeurs vilipendés comme « assistés », les agriculteurs contre les défenseurs du climat, les Français contre les étrangers, les centres ville contre les banlieues, les « Parisiens » contre « la terre qui ne ment pas », les « vieux » contre les « jeunes », et plus on aggrave injustices, inégalités, préjugés et discriminations. Et au bout du compte tous et toutes y perdent… sauf les nostalgiques d’un pouvoir autoritaire derrière qui toute la société marcherait au pas.
Il est grand temps d’ouvrir les yeux.
Ce ne sont pas les personnes étrangères qui ont fait exploser inégalités et discriminations. Ce ne sont pas les écologistes qui ont ruiné tant de paysans endettés et pressurés par les industries agro-alimentaires. Ce ne sont pas les « jeunes des quartiers » qui ont construit, abandonné puis laissé se dégrader les quartiers populaires où se concentrent depuis si longtemps misère, chômage et précarité. Ce ne sont pas les militants syndicaux qui ont fermé les usines ou dégradé les services publics.
De tout cela bien sûr, l’extrême droite ne dit rien. Mais nous – associations, syndicats, acteurs et actrices de la solidarité, citoyennes et citoyens engagés dans la société civile –, nous disons aujourd’hui qu’il est grand temps d’ouvrir les yeux. Car le danger grandit, aux portes d’un avenir proche : le danger que triomphent la haine de l’Autre, le repli identitaire, le racisme, l’affrontement de tous contre tous. Que deviendrait alors la démocratie même ?
Le sentiment d’une vie toujours plus difficile et précaire
Oui, il est grand temps de réagir. Nous n’acceptons pas que se poursuivent le saccage de la santé publique – entre « déserts médicaux » et détresse hospitalière –, le séparatisme scolaire des riches et les études de plus en plus chères, les logements de moins en moins abordables pour le plus grand nombre, les services publics qui reculent, les territoires qui vivent la déprise, et leurs habitantes et habitants abandonnés au « chacun pour soi », à la précarité et à l’insécurité sociale.
Croit-on que les explosions de colère qui se succèdent sans cesse – « gilets jaunes », révoltes dans les quartiers populaires, colères des agriculteurs – arrivent par hasard ? Les mauvais coups portés aux retraites, au logement social, à l’agriculture paysanne et maintenant aux allocations chômage profitent aux semeurs de haine, aux entrepreneurs de ressentiment identitaire. Le terreau sur lequel poussent les démagogues de l’extrême droite, c’est l’amertume que provoquent toutes ces régressions malgré des mobilisations souvent très importantes, c’est le sentiment d’une vie toujours plus difficile et précaire.
C’est pourquoi nous, 70 organisations au cœur de la société civile, avons décidé de proposer aujourd’hui, face à l’extrême droite et aux porteurs de haines, d’injustices et de discriminations, une mobilisation forte et durable contre les inégalités sociales et territoriales. Parce que là sont les vrais enjeux. Parce que là se joue, à court comme à long termes, l’avenir de nos sociétés et de la démocratie.
Et surtout parce que nous portons dans nos engagements, dans nos actions quotidiennes, la conviction que c’est le rassemblement de tous ceux et celles qui veulent plus d’égalité, de solidarité, de justice sociale et fiscale et de respect de toutes et tous qui peut faire reculer le risque du pire et nous redonner espoir dans l’avenir. C’est urgent, c’est nécessaire et c’est possible.
Premiers signataires
Patrick Baudouin, président de la LDH (Ligue des droits de l’Homme) ;Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT (Confédération générale du travail) ;Lucie Bozonnet, secrétaire générale du MRJC (Mouvement rural de jeunesse chrétienne) ; Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France ; Hania Hamidi, secrétaire générale de l’Unef ; Benoît Hamon, directeur général de Singa ; Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France ;Mohamed Mechmache, président de la coordination Pas sans Nous ; Laure Niclot, présidente des Jeunes Européens – France ; Benoît Teste, secrétaire général de la FSU (Fédération syndicale unitaire) ; Arnaud Tiercelin, co-président du Cnajep (Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire) ; Youlie Yamamoto, porte-parole d’Attac France