Corona carnets – Jours 21 et 22 – La raison

POUR participe à l’élaboration collective d’un monde meilleur

La crise sanitaire que nous devons tous affronter par la grâce du coronavirus nous pousse à réfléchir à quelle devra être, demain, l’organisation de nos sociétés pour ne pas poursuivre comme des moutons l’actuelle logique suicidaire. Dans cette perspective, POUR souhaite publier textes et vidéos qui illustrent quelles seront les leçons que nous devrons retenir collectivement pour que « le jour d’après » ne ressemble pas aux « jours d’avant ». Ici, les jours 21 et 22 des Corona carnets, ces billets que Paul Hermant, actif dans le collectif des Actrices et acteurs des temps présents1, nous propose chaque jour.

A.A.

Jours 21 et 22 – La raison

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La mort de l’ancien président de la FEB Philippe Bodson a été annoncée ce samedi vers midi, une parmi toutes celles, une trentaine de mille à ce jour sur la planète, que la pandémie a emportées. Etrangement, aucune notice nécrologique ne signale que ce « capitaine d’industrie » a été vaincu par une maladie du capitalocéne. Typiquement, ce grand marcheur qui disait « apprendre de la lenteur » semble n’avoir jamais fait non plus le lien entre ces paysages où « personne n’est jamais allé » qu’il aimait arpenter et les excavations, les terrassements et les arasements qui sont les ruines visibles des politiques d’extraction gazière, pétrolière et nucléaire poursuivies par exemple par la multinationale Tractebel dont il fut le fut le grand ordonnateur. Cette déliaison entre ce que l’on voit et ce que l’on fait reste la grande victoire du récit capitaliste. Ce même jour est mort Marcel Moreau, écrivain saboteur et borain, à la phrase possédée et coupante, qui n’a pas pesé autrement sur l’écosystème qu’en publiant des livres (plus de 60, quand même, Marcel). On en dit moins, quand ce n’est pas rien. L’écrivain est de peu de considération devant le capitaine. A propos de son œuvre, Véronique Bergen a écrit que « La raison falsifie la richesse du réel, discrédite les instincts, brime l’irrationnel ». En une phrase, c’est une vie qui n’a pas besoin de passer des chaussures pour s’imaginer qu’elle avance.