POUR participe à l’élaboration collective d’un monde meilleurLa crise sanitaire que nous devons tous affronter par la grâce du coronavirus nous pousse à réfléchir à quelle devra être, demain, l’organisation de nos sociétés pour ne pas poursuivre comme des moutons l’actuelle logique suicidaire. Dans cette perspective, POUR souhaite publier textes et vidéos qui illustrent quelles seront les leçons que nous devrons retenir collectivement pour que « le jour d’après » ne ressemble pas aux « jours d’avant ».
En ce 34ème jour de confinement, Paul Hermant, actif dans le collectif des Actrices et acteurs des temps présents[1], continue sa série des Corona carnets, ces billets quotidiens sur un réel où quasi tout est inversé. A.A. |
Le baril de brut en dessous de zéro, c’est bien entendu à porter au nombre des choses que l’on n’a jamais vues dans une vie et que cette crise sanitaire permet et oblige d’explorer. Ce n’est pas la seule, bien entendu. Parmi ce que nous devrons retenir de cette planète confinée, il y a en bonne place l’impermanence des actions humaines. Les choses ne viennent plus comme elles devraient, elles ne sont plus à leur place, nous ne sommes plus certains de la répétition de nos rituels : tellement d’événements se sont effacés ou déplacés depuis un mois que nous devenons de moins en moins assurés qu’ils aient jamais connu une réelle immanence. La perte de ce sentiment de l’immuable à lui seul devrait nous mener à de forts déchirantes révisions. Le « toujours plus du même » est décidément une absurdité, les faits s’entêtent contre cette répétition. Le message a été envoyé.
A côté de cela, l’imprévisibilité des réactions naturelles aux actions humaines – j’ai déjà dit ici que la déforestation et le bouleversement des sols me paraissaient, et pas qu’à moi, directement corrélés à l’apparition et la circulation de zoonoses même s’il semble que l’on veuille à tout prix nous assurer que le Covid-19 provient d’une erreur de manipulation, pire d’une intention manipulatoire, dans un laboratoire chinois ou américain, ce qui achève d’expliquer que la désinvolture ou la malversation humaines sont infiniment plus communicables que la prédation économique – conduit à une seule conclusion : aucune course en avant n’est définitivement ni légitime ni sensée. Le principe de précaution ou, comme on voudra, de prévoyance, de prévision, de perspective, de prospective… vient quant à lui de gagner en crédit, alors qu’il était jusque-là précisément décrié au titre de sa pusillanimité et de sa tiédeur non agissante. Plus rien, en revanche, ne pourra légitimer le découplage entre la croissance et le climat. Ce que nous vivons nous prouve qu’il s’agit là d’une affaire décidément impossible.