Chronique d’une famine annoncée

On dénonce à juste titre le fait que la déforestation, qui touche le sud de la planète, est due à l’exportation vers les pays du nord du soja, du maïs, de l’huile de palme… En effet, si on détruit tant de forêts primaires tropicales, c’est pour satisfaire notre alimentation de riches et aussi l’alimentation du bétail qui fournit les millions de tonnes de viande nécessaires aux carnivores que beaucoup sont. Mais, bien pire encore, ces terres volées à la nature et aux paysans locaux servent à… remplir le réservoir de nos voitures…

En général nous ignorons qu’une portion significative des carburants délivrés aux pompes des stations-service sont d’origine végétale. En Belgique, la part de ce qu’on appelle les agrocarburants est aujourd’hui de 5,5% en moyenne. En effet, du bio-éthanol pour l’essence et du bio-fuel pour le diesel sont mélangés aux carburants fossiles classiques. Ce qui est présenté comme une mesure destinée à diminuer nos émissions de CO2 est une arnaque caractérisée destinée à soutenir l’agro-business et qui n’a pas un effet positif sur les émissions de gaz à effet de serre, au contraire parfois. En effet, pour chaque énergie, il faut tenir compte d’un facteur important qui est le taux de retour énergétique. Vous trouverez des détails sur ce taux essentiel dans l’encadré ci-dessous.

Les bio-carburants : une fausse bonne idée

Pour produire une énergie utilisable, il faut tenir compte de la quantité d’énergie dépensée pour l’obtenir. Si le pétrole sort de terre sans difficulté, il n’en va évidement pas de même pour des plantes qu’il faut cultiver, récolter, transformer avant de pouvoir les utiliser comme carburants. Cette notion appelée taux de retour énergétique ou EROEI (Energy Returned On Energy Invested) en anglais est  centrale pour toutes les énergies. Plus le rapport entre énergie utilisable et énergie dépensée est élevé, plus l’énergie est profitable. Si le rapport est inférieur à 1, il faut dépenser plus d’énergie pour l’employer que celle finalement disponible, ce qui est un gâchis évident.

La valeur de ce taux, cette proportion est assez difficile à estimer scientifiquement (beaucoup de facteurs entrent en compte) ce qui explique que selon les auteurs, le chiffre est différent. Dans le tableau ci-dessous, nous retiendrons les valeurs extrêmes selon les différentes études

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Alain Adriaens


Illustration: La destruction des forêts pluviales primaires pour l’huile de palme est une menace critique pour les peuples des forêts de Bornéo, la biodiversité et le climat.