CHILI : POURQUOI “RECHAZO” A-T-IL GAGNÉ

Une tentative d’analyse

Note du traducteur : Ce 4 septembre, les électeurs chiliens ont rejeté à 62% un projet de nouvelle constitution, entamé après un mouvement de contestation massif, en octobre 2019, contre les inégalités et le modèle néolibéral inspiré des Chicago boys et imposé en 1973 par la dictature du général Pinochet.  A la mi-novembre 2019, les parlementaires avaient convenu de l’organisation d’un référendum qui déciderait si les Chiliens voulaient une nouvelle constitution et par quelles modalités y parvenir. En octobre 2020, les électeurs se prononcèrent à 78% en faveur d’une nouvelle constitution et à 79% pour qu’elle soit rédigée par une « convention constitutionnelle » élue à part entière[1]. La Convencion, chargée de cette rédaction et composée de 155 membres, élus en mai 2021 avec une participation de 41%, sous la règle de la parité femmes-hommes et avec des sièges réservés aux populations autochtones, avait entamé ses travaux en juillet 2021. Un an après, en juillet 2022, elle déposa le projet de nouvelle constitution. Elle se vit cependant imposer par le Parlement la norme de deux tiers et la primauté des traités internationaux.

Ce 4 septembre, les Chiliens ont dû choisir entre l’Apruebo (« J’approuve ») et le Rechazo (« Je rejette »)…

Beaucoup – dont moi-même – prévoyaient  une victoire d’apruebo (j’approuve) au vu des derniers résultats des élections. En effet, au second tour des élections présidentielles de novembre-décembre 2021, un peu plus de 8 millions d’électeurs avaient voté, soit le meilleur taux de participation de ces dernières années : Gabriel Boric avait obtenu au 2e tour 4,62 millions de voix ; José Antonio Kast 3,75. La participation aux deux tours était, respectivement, de 47,3 et 55,6%. 9 mois plus tard, le plébiscite allait donner un résultat similaire, avec peut-être un peu d’usure, mais pas de plus de 10%.