Une vraie librairie est toujours unique, par le choix des livres proposés mais encore davantage par l’esprit qui y règne et l’espace de luminosité renforcé encore par des sourires accueillants. Mais mieux encore, Papyrus se distingue particulièrement par une organisation du travail favorable au bien-être de ceux et celles qui y travaillent.
« Qu’on soit actionnaire ou salarié-e, dit Natacha Mangez, une des quatre associées de la librairie Papyrus à Namur, notre temps de travail est de quatre jours par semaine, avec une souplesse d’horaire. Le plus léger est de trois jours par semaine. Nous voulions équilibrer temps de travail et vie personnelle. Pas seulement pour la famille mais pour d’autres engagements socio-culturels menés dans la vie privée. Les heures supplémentaires, inévitables certains soirs de conférence ou lors de coups de feu, sont rémunérées ou récupérées. »
Un projet qui a bien mûri
Depuis 1990, la librairie namuroise Papyrus promeut la littérature de qualité pour les adultes et pour les enfants. 25 ans d’existence au compteur de cette petite société anonyme fondée par Michel et Véronique, un couple dynamique, qui s’est adjoint une associée quinze ans plus tard.
En 2012, le couple cède ses parts, et la moitié est reprise par Catherine et Natacha qui s’allient une quatrième actionnaire. Juridiquement Papyrus est une société anonyme, mais concrètement, au milieu des livres, ce sont bien toujours des personnes passionnées aux commandes du projet.
«Notre structure est relativement horizontale, explique Natacha Mangez. Les décisions ne sont pas centralisées sur une personne. Les quatre, et bientôt cinq associés, travaillent sur le terrain avec les trois employés. Nous sommes proches d’un fonctionnement de société coopérative. Deux fois par an les comptes sont communiqués à nos collaborateurs.»
Une librairie, un lieu de vie bien sûr!
54 heures d’ouverture doivent être assurées hebdomadairement. Pas évident pour communiquer entre les sept personnes et se passer le flambeau. Mais l’informatique et les télécommunications et autres astuces permettent un suivi efficace des diverses activités et responsabilités. Ce n’est pas simple avec un assortiment de 35.000 livres régulièrement renouvelés. En 2015, une opportunité d’un bâtiment jouxtant la librairie se présente. Actionnaires et collègues se réunissent et partagent leurs suggestions. S’agrandir, permettra aussi de réaliser le projet de créer un coin café pour des animations pour enfants et le soir des conférences et soirées littéraires.
Temps réduit mais généreux
Les sept libraires de cette équipe, jusqu’ici féminine, avancent avant tout une passion des livres. «On lit beaucoup, et de tout, c’est le désir qui guide, dit Natacha Mangez, et la priorité est le conseil client. Bien sûr il y a en magasin beaucoup de manipulations et de rangements. Mais privilégiant la convivialité, on essaie de se sentir bien ensemble et avec les clients pour qui on se décarcasse.»
Le libre-échange, ça vous dit?
A cette question, Natacha rappelle la position de Papyrus totalement contre le TTIP. «C’est l’uniformisation qui en découle, dit-elle. Je crains que, pour les petites structures, ce soit invivable. Même si il y a un vrai soutien mutuel entre libraires indépendants et un syndicat en Belgique francophone qui se bat pour des prix justes et transparents. Mais j’ai davantage peur pour les services publics.
Le travail nous appartient et est porteur d’émancipation. Il prend beaucoup de place dans nos vies. C’est toujours un challenge pour le mener à bien. Mais on partage ensemble la charge mentale. Et on a du temps pour réfléchir à nos valeurs.
Nous sommes un lieu de résistance et de proposition par rapport aux livres médiatisés, à la pensée unique.»
Entrer au numéro 16 de la rue Bas de la Place à Namur, c’est trouver un «coin tranquille» où respirer le nez dans un livre, une tasse de café à la main. Mais aussi, si vous aimez communiquer votre plaisir, complétez votre achat avec celui d’un « livre suspendu » qui sera proposé à un plus démuni. Le plaisir de lire, ça se partage…