À qui profite la hausse des prix dans les supermarchés ?

Le prix des carottes a augmenté de 65 % en deux ans selon Test Achat (2023), tandis que celui des fish sticks de 21 % et celui des frites surgelées de 64 %. L’agence statistique belge indique quant à elle que le prix de l’ensemble de la nourriture a augmenté de 24 % en deux ans (Statbel, 2023). La guerre en Ukraine, des sécheresses et la crise énergétique sont passées par là. Mais ces événements ne suffisent pas à expliquer la totalité de la hausse des prix. Des entreprises ont bénéficié des hausses de prix générales et ont engrangé des profits exceptionnellement élevés. Le but de cet article est de mettre en lumière ces profits réalisés dans le secteur alimentaire. Qui sont ceux pour qui les hausses de prix à la caisse ne sont pas un problème, mais une aubaine ? Cet article abordera d’abord la situation des supermarchés, puis de l’industrie alimentaire belge, et enfin des acteurs internationaux.

 

Les supermarchés

Les supermarchés sont le dernier maillon de la chaîne alimentaire. En 2022, ils ont fait face à des hausses de leurs coûts de production, auxquelles ils ont répondu en augmentant leurs prix de vente. En parallèle, ou en conséquence de cela, les clients ont acheté en moindre quantité. Selon Eurostat, les quantités vendues ont diminué de 7,5% en 2022 dans le commerce alimentaire belge. Dans ces circonstances, les hausses de prix ont-elles été suffisante pour permettre aux supermarchés de maintenir leurs bénéfices, voire de les augmenter ?

Pour le voir, il faut analyser leurs bénéfices, ce qui peut être fait en observant leur comptabilité, disponible à la Banque Nationale. La figure 1 compile ces données. Que peut-on voir ? Il semble que les supermarchés n’ont pas profité des hausses de prix. Leurs profits 2022 sont plus faibles qu’au cours d’une année normale.


Source : calculs personnels sur la base des comptes annuels (BNB) compilés via Belfirst [1].

La baisse moyenne des profits masque cependant une diversité de situations contrastées. D’abord, les « Autres commerces », c’est-à-dire les plus petits commerces, semblent traverser la période en étant beaucoup moins impactés. La figure 1 montre qu’en 2022, leur bénéfice demeure supérieur à son niveau pré-pandémie. Ensuite, au sein des supermarchés, certains s’en sortent mieux que d’autres. Colruyt et Aldi sont ceux qui performent le mieux. À l’opposé, des enseignes comme Cora, Match et Mestdagh font des dizaines de millions d’euros de pertes. Notons que ces trois entreprises sont déficitaires depuis plusieurs années et leur situation n’est que peu liée à l’actualité.

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