| De 2000 à 2025, les populations subsahariennes présentes en Belgique sont passées de 25833 personnes (CRISP, 2001) à 450000 personnes (Fondation Roi Baudoin, 2025), dont une part significative mais minoritaire de sans papiers, dont nombreux survivent via l’économie clandestine et le travail non declaré, qui les exploitent, développés et mis en oeuvre parfois dans leurs communautés.
POUR Press vous offre en pleine page et en A LIRE en accès libre, divers articles.
●En pleine page, un article repris de la Fondation Roi Baudouin laquelle a publié le 16 octobre 2025 un étude/ recherche sur l’immigration subsaharienne en Belgique, dont la presse, qu’elle soit mainstream ou de gauche, a peu parlé.
●En A LIRE, tout d’abord, 2 articles, le premier, pour une perspective historique, l’article du CRISP de 2001 sur l’immigration subsaharienne en Belgique, également l’article du MRAX de 2006 sur “La situation des “noirs” en Belgique eu égard au passé colonial belge”.
●Ensuite, en A LIRE, divers articles sur le quartier Matonge.
= Le premier article publié dans la revue Politique, le 13 novembre 2025, d’Aliou Balde, du Collectif Mémoire Coloniale et lutte contre les discriminations, qui présente et décrit Matonge, lieu de mémoire et de vie, espace de lutte de la communauté congolaise et des diasporas noires, également espace de gentrification urbaine où, sous prétexte de revitalisation, on déplace et remplace silencieusement les habitants historiques du quartier.
= Les articles suivants publiés suite aux opérations de contrôle coordonnées par l’auditorat du travail de Bruxelles dans la galerie commerciale Matonge le 22 novembre 2025, laquelle a contrôlé 48 commerces, 73 travailleurs ayant été identifiés, et a conduit à 14 procès verbaux pour travail non declaré, 6 pour violation du temps partiel, 5 pour emploi de personnes sans titre de séjour, lesquelles ont été emmenées, et la fermeture de plusieurs commerces, dont 7 directement sur ordre de l’Auditorat du travail. Egalement sur la manifestation du 16 décembre 2025 de commerçants de la galerie Matonge “contre une opération qu’ils jugent indigne et pour laquelle ils exigent des excuses des policiers”.
●Matonge est citée comme un des nombreux endroits (nous ne parlons pas ici des hotspots de vente de drogue) en Région de Bruxelles-Capitale (pour ne pas parler de Flandre et de Wallonie), certains cités depuis plusieurs dizaines d’années, où certaines entreprises et activités commerciales pratiquent fraude fiscale, travail dissimulé et/ou exploitation de main d’oeuvre non clandestine et/ou clandestine, parfois en lien avec des organisations de trafic de migrants.
Certains de ces endroits sont plus visibilisés quant à ces motifs que d’autres, soit qu’ils localisent des activités économiques spécifiques, soit qu’une partie importante des commerces et des entreprises sont liés à des entrepreneurs venant des immigrations, soit qu’ils sont fréquentés par des populations majoritairement migrantes ou ex-migrantes.
D’autres endroits sont moins visibilisés ou ne le sont pas quant à ces motifs bien qu’ils présentent les mêmes caractéristiques de fraude fiscale, travail dissimulé et/ou exploitation de main d’oeuvre non clandestine et/ou clandestine.
Plus de 100000 travailleurs sans papier sont présents en Belgique, employés et exploités dans des circuits de travail dissimulé, sans papiers que les gouvernements successifs s’interdisent de régulariser, une manifestation de la plate-forme “In my Name” ayant eu lieu pour demander leur régularisation ce 18 décembre Place du Béguinage à Bruxelles, un.sondage représentatif montrant que 55% des Belges sont en faveur de cette régularisation.
●Enfin, en A LIRE, 7 articles publiés par POUR Press sur le passé colonial des “pays” de Belgique, les 6 premiers, avec une courte introduction, publiés de la Revue Les Plats Pays, le dernier sur “La Commission Congo de 2020 à 2022, une technique. de gouvernementalité (post)coloniale ?”.
Victor Serge, chroniqueur.
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60 % des personnes originaires d’Afrique subsaharienne vivant en Belgique se sentent fortement belges – un chiffre qui grimpe à 87 % chez les personnes nées en Belgique. Pour autant, elles doivent encore souvent faire face à des inégalités persistantes, notamment en matière d’emploi et de logement. 70 % d’entre elles déclarent avoir été victimes de discriminations ou de racisme dans les cinq dernières années – un taux qui reste élevé et stable au fil du temps. L’enquête publiée par la Fondation Roi Baudouin dresse un portrait nuancé et actualisé des personnes d’origine subsaharienne en Belgique, visant à nourrir un débat éclairé sur leurs réalités.
La Belgique compte aujourd’hui environ 450.000 personnes originaires d’Afrique subsaharienne, soit près de 100.000 de plus qu’en 2016. Elles constituent l’un des groupes les plus importants issus de l’immigration hors Union européenne. Malgré cette présence significative, ces personnes restent souvent sous-représentées et insuffisamment connues au sein de la société belge.
Afin de documenter et mieux comprendre leurs vécus et réalités, et d’alimenter le débat public, la Fondation Roi Baudouin a confié la réalisation d’une nouvelle enquête à des équipes de recherche de l’UCLouvain, l’IRD, l’ULB et l’Université de Gand. Entre mai 2024 et février 2025, 923 personnes originaires de 36 pays d’Afrique subsaharienne, vivant en Wallonie, en Flandre et à Bruxelles, ont été interrogées. L’enquête couvre des thématiques variées : migration, famille, emploi, logement, santé, racisme et discrimination, citoyenneté et sentiment d’appartenance. Elle s’inscrit dans la continuité d’une première enquête réalisée en 2016, qui portait principalement sur les Belgo-Congolais, Belgo-Rwandais et Belgo-Burundais.
Une migration récente et diversifiée
Les migrations de personnes d’origine subsaharienne en Belgique sont récentes : 58 % sont arrivées après 2010, à l’âge moyen de 26 ans. Ces dernières décennies, les pays d’origine se sont diversifiés et la part de personnes nées en Belgique (deuxième génération) a augmenté.
Les principaux motifs de migration restent stables : ils sont liés aux études (37 %), à la famille (26 %) et aux conflits (20 %). Contrairement à certaines idées reçues, la grande majorité migre en Belgique via des voies officielles. Les parcours administratifs restent toutefois complexes : la longueur et la lourdeur des procédures pour les renouvellements des titres de séjour et les changements de statut conduisent à des situations précaires, causant stress et incertitude.
Entre distance et résilience
Qu’elle soit choisie ou subie, la séparation avec la famille entraîne souvent un isolement social et un sentiment de solitude, en particulier pour les primo-arrivants. Ce ressenti s’atténue toutefois avec le temps passé en Belgique et le développement de cercles sociaux et familiaux.
Par rapport à 2016, l’enquête révèle une augmentation du nombre de personnes vivant éloignées de leur famille restée au pays. Mais malgré la distance, les liens avec le pays d’origine restent forts : 68 % ont des contacts hebdomadaires avec des proches restés au pays et 59 % y ont déjà séjourné.
Un ancrage belge affirmé
Le sentiment d’appartenance à la Belgique reste stable : 58 % des personnes d’origine subsaharienne se sentent fortement ou très fortement belges. Ce sentiment est plus élevé chez les personnes de la deuxième génération (87 %).
L’affiliation religieuse et la fréquentation de lieux de culte demeurent élevées, la participation à la vie associative progresse, de même que la confiance dans les institutions. Ainsi, 79 % des répondants déclarent avoir confiance dans la police – un chiffre en légère augmentation par rapport à 2016.
Une contribution économique réelle, mais des écarts persistants
Les personnes d’origine subsaharienne affichent un niveau d’instruction élevé : 63 % ont obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur en Belgique ou à l’étranger. Les indicateurs d’intégration économique de ces personnes évoluent positivement : le taux d’emploi progresse (54 %, contre 43 % en 2016), le taux de chômage diminue (13 %, contre 20 % en 2016) et le déclassement professionnel recule nettement (27 % d’inadéquation entre diplôme et emploi, contre 53 % en 2016).
Ces évolutions positives ne doivent toutefois pas occulter des inégalités persistantes :
- le chômage reste plus élevé que dans la population générale (13 %, contre 4 % dans la population générale) ;
- les personnes d’origine subsaharienne restent sur-représentées dans les professions élémentaires comme la manutention ou le nettoyage (22 %, contre 9 % dans la population générale) et les professions intermédiaires, notamment dans les soins (21 %, contre 15 % dans la population générale)– souvent délaissées par la population majoritaire. Elles sont en revanche sous-représentées dans les fonctions administratives (6 %, contre 13 % dans la population générale) et managériales (2 %, contre 8 % dans la population générale) ;
- les situations de discrimination et de racisme, que ce soit lors de la recherche d’un travail (48 %) ou sur le lieu de travail (33 %), restent fréquentes.
Des conditions de vie contrastées
Les personnes d’origine subsaharienne vivant en Belgique font face à des conditions de vie plus précaires que celles de la population générale. Ainsi, 39 % estiment que leur situation financière est difficile ou très difficile (contre 20 % dans la population générale).
L’accès à la propriété reste limité : seuls 30 % sont propriétaires (contre 72 % dans la population générale). À l’inverse, 63 % dépendant du marché locatif (contre 28 % dans la population générale), souvent plus précaire et plus coûteux sur le long terme. La discrimination dans l’accès au logement reste un obstacle : 37 % des répondants ayant déjà cherché à louer ou acheter un logement déclarent avoir essuyé un refus à cause de la couleur de leur peau ou de leurs origines.
Santé et bien-être : entre satisfaction et inégalités d’accès
La grande majorité (88 %) des personnes d’origine subsaharienne vivant en Belgique se déclarent en bonne ou très bonne santé – une proportion supérieure à la moyenne nationale (78 %). Le bien-être mental est également légèrement supérieur à celui de la population générale.
Ces résultats positifs sont à nuancer à la lumière d’indicateurs moins favorables :
- certaines maladies chroniques (hypertension, diabète) sont signalées plus fréquemment ;
- le recours aux médecins généralistes et aux spécialistes est plus limité.
- près d’une personne sur quatre (23 %) rapporte avoir eu une expérience négative dans le système des soins de santé au cours des cinq dernières années.
Racisme et discrimination : une réalité persistante
Comme en 2016, l’enquête révèle un niveau élevé de racisme et de discriminations : 70 % des personnes d’origine subsaharienne déclarent avoir vécu, en Belgique, du racisme ou de la discrimination au cours des cinq dernières années. Ce chiffre reste préoccupant, notamment parce que ces expériences commencent dès le plus jeune âge et touchent tous les domaines de la vie quotidienne : à l’école, dans les transports, lors de la recherche d’un emploi ou d’un logement…
Les discriminations prennent souvent la forme de gestes, regards, commentaires offensants, micro-agressions… L’enquête met en lumière leur caractère cumulatif et leurs effets délétères sur la santé mentale et physique : stress, anxiété, comportements d’évitement… Elle souligne également le très faible recours aux dispositifs institutionnels de signalement des expériences de racisme et de discrimination.
Enfin, les attentes en matière de représentativité et de mémoire collective restent fortes :
- environ trois quarts des répondants souhaitent une meilleure représentation africaine dans l’enseignement (79 %), la police (72 %) et les médias (73 %) ;
- 75 % estiment que l’histoire coloniale reste un sujet tabou en Belgique ;
- 90 % considèrent qu’elle devrait être davantage enseignée à l’école.
Actions de la Fondation Roi Baudouin
À la suite de la première enquête de 2016, qui avait notamment mis en lumière des revendications importantes autour de l’histoire coloniale de la Belgique, le musée BELvue, géré par la Fondation Roi Baudouin, a développé une offre éducative ‘Colonisation et décolonisation’. L’objectif : accompagner enseignants et élèves dans l’exploration de ce passé et de son héritage contemporain. Plusieurs outils sont ainsi mis gratuitement à la disposition des enseignants : un dossier historique et des fiches pédagogiques ‘La colonisation belge en Afrique centrale’, un jeu digital interactif et un workshop ‘Regards sur le passé colonial’, ainsi qu’un parcours urbain ‘Traces du passé colonial’.
Aujourd’hui, s’inspirant des résultats de cette nouvelle étude, la Fondation Roi Baudouin lance l’appel à projets ‘ConnectingYouth’. Cet appel vise à soutenir des initiatives variées (culturelles, éducatives, sportives, artistiques, médiatiques…) portées par des jeunes qui souhaitent renforcer la cohésion sociale en travaillant sur un des résultats sortis de cette étude. Ancrés dans le vécu des jeunes, les projets doivent favoriser les échanges interculturels et créer des ponts entre les cultures africaines et belge.
En savoir plus
Un portrait des personnes originaires d’Afrique subsaharienne en Belgique
Recherche sur le profil socio-démographique des personnes d’origine subsaharienne en Belgique
