Robert Cailleau. Jamais, je n’avais entendu parler de ce nom. Même, lorsque sur les bancs de l’ULB, l’on nous enseignait la genèse de la belle histoire d’Internet. Tim Berners-Lee, le nom de cet américain nous fut ânonné, répété inlassablement, comme unique responsable de la création du World Wide Web tel que l’on connaît.
Seulement, comme souvent, Tim Berners-Lee n’était pas seul dans cette aventure. Et s’il est un nom qui fut oublié de l’histoire c’est bien celui de Robert Cailleau. Ce qui n’est pas pour déplaire à ce dernier, qui représente probablement au mieux le poncif : “pour vivre heureux, vivons cachés”
Né le 26 janvier 1947 à Tongres, en Belgique, Robert Cailleau ira ensuite vivre avec ses parents à Anvers, avant de commencer ses études universitaires à Gand. Il en sortit en 1969 avec, entre les mains, un diplôme d’ingénieur civil en ingénierie mécanique et électrique. Visiblement passionné par les nouvelles technologies, il ira parfaire son apprentissage à l’université de Michigan où il obtint un diplôme en informatique.
En 1974, il entra au service du Centre Européen de Recherche sur le Nucléaire (CERN), en Suisse, tout d’abord au sein de l’équipe de rénovation du système de l’accélérateur de particules. Ensuite, il devint chef de groupe des systèmes informatiques au sein de la division de la gestion des data. C’est dans ce cadre, qu’il entendit parler d’une idée révolutionnaire d’un certain Tim Berners-Lee. Ce dernier voulait créer un réseau de communication supranational pour la communauté scientifique. Et pour cause, comme indiqué sur le site du CERN :
“Le CERN n’est pas un laboratoire isolé, mais plutôt le point de concentration d’une communauté scientifique extensive incluant plus de 17.000 scientifiques de plus de 100 pays différents. […] Des outils permettant une communication fiable est donc essentielle. “
Alors qu’on assigne à Tim Berners-Lee la paternité de l’idée, selon les dires de Robert Cailliau on pourrait plutôt parler de synchronicité. En effet, ce dernier raconte, lors d’une de ses dernières conférences, qu’il eut pratiquemment au même moment que Berners-Lee, la même idée que lui. Partant également du constat d’un manque autant qu’un besoin crucial d’un réseau de communication solide au sein du CERN, et voyant les scientifiques se balader avec leurs disquettes sur lesquelles étaient enregistrées les précieuses données de recherche, il proposa un système de communication par réseau et hypertexte. La même année, Tim Berners Lee formule sensiblement la même proposition, à la différence notable que son système se base, lui, sur le réseau internet, déjà mis en place. Ce que Robert concède comme étant la meilleure des idées.