Face à la décomposition de l’Europe, Massimo D’Alema plaide pour un Rassemblement mondial des Progressistes.
Un édito dramatique du Monde, daté 27 février, annonçait «la mort clinique de l’Europe », incapable de faire face collectivement à la crise des réfugiés. «Les historiens dateront certainement de cette affaire le début de la décomposition de l’Europe».
Le même jour, Massimo D’Alema, ancien premier ministre italien, plaidait pour un Rassemblement mondial des progressistes, avec les Démocrates américains.
L’idée est séduisante, pour autant
• qu’au niveau européen, il ne soit pas limité aux socialistes, libéraux-démocrates et chrétiens-démocrates, mais qu’il englobe les forces écologistes, radicales de gauche, et associatives et citoyennes ;
• et que chez les Démocrates américains, il se limite à leur composante progressiste à laquelle Bernie Sanders donne actuellement une ampleur exceptionnelle, en particulier au sein de la jeunesse.
La dimension internationaliste du projet est essentielle en cette période où les replis nationalistes et populistes ont le vent en poupe et détruisent systématiquement les espoirs et efforts de solidarité sociale régionale, nationale et internationale.
C’est dans cette perspective progressiste et internationaliste, qu’avec le soutien de POUR écrire la liberté, le Collectif Roosevelt-Namur ouvre le débat pour une vraie Europe démocratique et sociale.
Robert Polet
Une Europe à 28? Elio Di Rupo n’y croit pas
L’ex-Premier ministre italien Massimo D’Alema plaide en faveur d’un rassemblement mondial des progressistes, avec les démocrates américains, sur les cendres de l’internationale socialiste, «une organisation du siècle passé», devenue un «club de petits partis» après que les plus grands l’aient abandonnée.
Ce rassemblement est le levier nécessaire pour contrer la toute-puissance de la finance qui, par sa globalisation, a réduit à néant le projet solidaire de la gauche resté calqué sur celui de l’Etat-nation, observe l’ex-chef de file des sociaux-démocrates italiens, aujourd’hui à la tête du centre d’études des socialistes européens. «Progressive» peut être l’élément de convergence avec les Américains, estime-t-il alors que les «Liberals» sont autrement connotés en Europe et que le socialisme ne peut être évoqué aux Etats-Unis pour des raisons historiques et culturelles. Cette gauche mondiale avec les démocrates est nécessaire, souligne M. D’Alema, pourtant critique à leur égard alors que la famille Clinton participe au système de «ploutocratie» qui régit le pays, outre-Atlantique.
Pour insuffler la solidarité internationale, il convient de doter le monde d’instruments politiques tels qu’une «World Tax Administration», a indiqué M. D’Alema, faisant sienne la proposition de l’économiste français Thomas Piketty, à l’occasion d’un chantier des idées du PS s’interrogeant sur le rôle des socialistes dans un «monde en crises».
«La gauche doit reprendre le flambeau», a dit l’ex-président du conseil italien, en jouant un rôle moteur, notamment au niveau européen, principale organisation politique multinationale au monde. Il a appelé à la création d’une «grande convention européenne» rassemblant les socialistes favorables à l’émergence d’une Europe fédérale, ainsi que les libéraux et les chrétiens-démocrates partageant le même objectif. L’actuel système démocratique européen partagé entre le conseil, la Commission et le parlement ne fonctionne pas, observe-t-il.
Massimo D’Alema voit en Elio Di Rupo, «un des leaders qui pourrait être le point de référence» de cette avancée. Constatant que l’Europe est en panne, le président du PS a dit souscrire à l’analyse de son camarade italien. Il ne croit pas non plus du tout à une Europe à 28. Selon lui, elle ira dans ce sens de plus en plus mal.
© Belga
27 février 2016