Le caractère écologiquement insoutenable de la trajectoire sociétale belge, européenne et mondiale, est largement documenté scientifiquement depuis plusieurs décennies. La possibilité de la poursuite de la croissance, impliquée notamment par les politiques régionales, nationales et européennes officielles (qui continuent à en faire l’objectif politique principal dans leurs textes stratégiques), repose sur un mécanisme postulé, le découplage absolu. Avec le découplage absolu hypothétique, on peut rebaptiser la croissance, « croissance verte », c’est-à-dire une forme hypothétique de « croissance soutenable ». Il est donc essentiel de comprendre les tenants et les aboutissants de ce mécanisme si on veut inscrire la politique dans le réel, et dans l’intérêt général. L’enjeu n’est ni plus ni moins la possibilité de maintenir des sociétés humaines prospères sur la Terre (et dans notre pays).
Cédric Chevalier – 31 juillet 2020
[1] Article de vulgarisation : Les chercheurs du BIOS constatent qu’il y a certainement des cas évidents où l’utilisation des ressources semble diminuer alors que le PIB augmente. Mais ces cas sont limités à des secteurs économiques spécifiques ou à des régions géographiques particulières, et sont toujours liés à une intensification de l’utilisation des ressources ailleurs. Le problème est qu’il n’y a « aucune preuve d’un découplage absolu et continu des ressources au niveau mondial ». L’étude a passé en revue 179 études scientifiques sur le découplage publiées entre 1990 et 2019 et a constaté, en bref, que « les faits ne suggèrent pas qu’un découplage vers la durabilité écologique est en train de se faire à une échelle mondiale (ou même régionale). » Le découplage n’est donc pas un concept véritablement scientifique, affirment-ils. Il s’agit plutôt d’une simple « possibilité abstraite qu’aucune preuve empirique ne peut réfuter, mais qui, en l’absence de preuves empiriques solides ou de plans détaillés et concrets, repose en partie sur la foi ».