La négation même de l’intérêt général, fût-il vital, les tenants du pouvoir économique l’imposent à tous, y compris aux plus démunis: l’évasion fiscale en Afrique le prouve.
224 milliards de dollars d’évasion fiscale chaque année c’est 9,4% de son PIB (2384,8 milliards de dollars en 2017) et 175 dollars par habitant contre 6,5% pour l’Union Européenne et 4,4% pour la France. Mais l’Union Européenne, c’est 512,4 millions d’habitants et un PIB de 33.836 dollars par habitant. La France, c’est 67,1 millions d’habitants et un PIB de 38.484 dollars par habitant. L’Afrique, c’est 1.28 milliard d’habitants et un PIB par habitant de moins de 1.864 dollars. Les organisateurs de l’évasion fiscale et leurs clients n’ont aucun tabou comme disent maintenant les « experts en communication » sur tant de sujets pour prétendument faire audace d’innovation derrière laquelle se cache en réalité des reculs humains et sociaux majeurs : ils pillent (fiscalement) avec autant de ferveur (celle de leur religion de l’argent tout puissant) les peuples pauvres que les peuples riches. Pour eux, il n’y a pas d’intérêt général qui vaille. C’est leur intérêt particulier qui prime d’abord et avant tout. Les citoyens des pays dits développés qui assistent passivement au détricotage méthodique et continu de tous les services publics et de toutes les protections sociales -notamment mises en place au lendemain de la seconde guerre mondiale – feraient bien de prendre conscience de ce qui se passe en Afrique. L’intérêt général n’existe pas pour ce pouvoir économique là, et s’il a prévalu à certains moments de l’histoire dans telle ou telle partie du monde, il est nécessaire de le circonscrire à sa plus simple expression. Quant aux pays dont les gouvernements n’ont pas encore mis en place les structures nécessaires à la satisfaction de besoins collectifs, y compris les plus primaires, il ne faut surtout pas les laisser s’embarquer dans une telle aventure. Dans tous les cas, la prise en compte de l’intérêt général, s’il n’est pas possible d’y échapper complètement, doit s’effectuer dans un cadre marchand et totalement privatisé (au pire dans le cadre de ces partenariats public-privé qui s’accomplissent au bénéfice du privé et au détriment du public). Et pour imposer cette sacro-sainte règle, rien de tel que d’affamer les Etats, en les pillant de leurs ressources fiscales.
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Christian Savestre
Partie 1
Partie 2
(1) ccfd terres solidaires Jean Merckaert, décembre 2010
(2) Jeune Afrique décembre 2018 : Interview JP Duval, patron de l’activité conseil de PwC pour l’Afrique Francophone (1.000 personnes, 13 bureaux couvrant 23 pays d’Afrique Francophone.
(3) Alain Deneault, philosophe RFI juin 2017