« Vous y comprenez quelque chose, Monsieur ? Ces jeunes qui manifestent à qui mieux mieux pour le climat – et dans tout le pays, comme si on n’avait pas régionalisé ! –, qui font l’école buissonnière et exigent que nous, les politiques, agissions d’urgence ! Comme si nous n’avions que cela à faire avec la campagne des prochaines élections et comme si nous ne faisions rien pour le climat. Nous avons quand même quatre ministres responsables de l’environnement sans compter tous les autres qui se sentent également concernés ! Et ne voilà-t-il pas que des étrangers à la politique présentent un projet de loi climat, comme s’ils étaient compétents pour faire un tel travail ! ECOLO, bien sûr, soutient un tel projet et l’appuie d’un programme ! Monsieur, cette loi ne passera pas ! Mais je vous avouerai que toute cette fièvre me donne des palpitations! »
Tant mieux ! La lame de fond climat est là provoquée par toutes celles et ceux qui ont une conscience aiguë du danger et de l’urgence d’agir et en ont marre de voir que rien ne bouge. Les jeunes savent qu’il s’agit de leur avenir immédiat et le clament haut et fort. Ils sont rejoints par des ONG, des coalitions pour le climat, des citoyen∙ne∙s, des dirigeant∙e∙s d’entreprises… La mobilisation va au-delà de la prise de conscience, car il y a une volonté de mettre en œuvre ici et maintenant tous les moyens de sauver notre mère-terre.
La résistance des cyniques et des désabusés
Nombre d’esprits chagrins ne manquent évidemment pas de faire entendre leur voix. Les cyniques, les désabusés grommellent que tout cela n’est qu’une agitation éphémère qui ne changera rien. Ils cheminent main dans la main avec les dinosaures politiques déboussolés, mais qui continuent de faire le gros dos. Les irréductibles climato-sceptiques restent en embuscade, engoncés dans les certitudes de leurs pseudosciences. Les chœurs des égocentriques psalmodient main sur le cœur « après nous le déluge ! » et les fondus du progrès scientifique espèrent que les docteurs Folamour, Frankenstein et autres Philippulus[1] opéreront tôt ou tard un miracle. N’oublions pas les intégristes climatiques parmi tous ces nareux[2].
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Alain Tihon
[1] Personnage d’Hergé dans L’étoile mystérieuse qui, lorsque la température monte, monte, monte… annonce la fin des temps.
[2] Mot dialectal wallon désignant ceux qu’un rien dégoûte. Wikipédia : « (Canada) (Champagne) (Ardennes) (Alsace) (Lorraine) (Picardie) (Belgique) Qui ressent un dégoût compulsif à l’idée d’une saleté ou d’un manque d’hygiène de ce qui entre en contact avec la nourriture… »
[3] Par exemple, la suppression des subsides au kérosène utilisé dans les avions va entraîner la fin des billets à bas prix.
[4] L’initiative Sign for my Future est fort critiquée pour cette raison.
[5] En termes médicaux on parle de syndémie, « The Global Syndemic of Obesity, Undernutrition, and Climate Change. » Publié par la revue « The Lancet » le 27 janvier dernier montre qu’obésité, malnutrition, climat et système agro-alimentaire sont liés et qu’une approche globale est indispensable.
[6] Parti libéral flamand en Belgique.
[7] Ils sont connus: convergence entre les rapports du GIEC, les 12 propositions de Tim Jackson dans Prospérité sans croissance, le rapport du Lancet (op. cit.), les 10 points du programme ECOLO, le Green New Deal… On sait ce qu’il faut faire et, en grande partie, comment le faire.
[8] « La Belgique distribue 2,7 milliards d’euros d’avantages fiscaux par an aux énergies fossiles », WWF, 19/2/2019
[9] Les États du G20 soutiennent la production d’énergies fossiles (charbon, gaz naturel et pétrole) à hauteur de 452 milliards $ (420 milliards €) par an, rapporte une étude de deux ONG, Overseas Development Institute et Oil Change International (Source : La Tribune 12/11/2015). Ces montants iraient en diminuant selon l’OCDE.
[10] Selon les calculs spécialement effectués pour Le Monde et l’ICIJ par Gabriel Zucman, économiste français et professeur à l’université de Berkeley en Californie, l’évasion fiscale des entreprises et des grandes fortunes coûte 350 milliards € de pertes fiscales par an aux États du monde entier, dont 120 milliards pour l’Union européenne (source L’Obs 09/11/17). Il est évidemment très difficile d’avoir des chiffres précis, mais toutes les évaluations font état de montants significatifs dépassant les 100 milliards.
[11] Cf. les campagnes et études d’OXFAM sur les inégalités https://www.oxfamsol.be/fr/themas/inegalites .
[12] « The Economics of Soaking the Rich », Paul Krugman, New York Times, 5/1/2019 et « Les riches paient-ils trop peu d’impôts ? », Paul De Grauwe, Le Soir, 08012019
[13] Le Soir, 2/1/19
[14] « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. » Mark Twain (1835-1910).
[15] La période d’après-guerre fut celle d’un tel contrôle (banques et politiques keynésiennes) qui ne fut pas négatif.