COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Samedi 11 octobre à 16h, deux rassemblements conjoints auront lieu. Plusieurs collectifs appellent à se rassembler autour du centre fermé 127 bis à Steenokkerzeel, à l’appel de personnes détenues. Le CRACPE vous invite à le rejoindre à Vottem. Notre émotion, notre colère sont immenses après le décès de Mahmoud Ezzat Farag Allah, nouvelle victime de la politique migratoire de l’Etat belge. L’Etat a du sang sur les mains !
Nous avons choisi de nous rassembler autour du centre fermé de Vottem parce que plusieurs Palestiniens y sont détenus, et parce que des détenus qui avaient entamé une grève de la faim au 127 bis suite au décès de Mahmoud ont été réprimés et transférés à Vottem ! Nous voulons leur manifester notre soutien en amplifiant notre rendez-vous hebdomadaire à Vottem !
Mahmoud Ezzat Farag Allah avait 26 ans. Il s’est suicidé dans la nuit de lundi à mardi au centre fermé 127 bis. Il avait pu fuir les bombes israéliennes, mais il n’a pu échapper aux lois et pratiques inhumaines de l’Etat belge.
Comme plusieurs autres Palestiniens détenus dans les centres fermés, dont au moins 3 à Vottem, Mahmoud était passé par la Grèce où il avait obtenu un statut de réfugié. Cependant en Grèce tant les candidat.e.s réfugié.e.s que les réfugié.e.s reconnu.e.s font l’objet de nombreuses maltraitances, discriminations, attaques racistes… et se retrouvent sans moyen de subsistance. Mahmoud a demandé l’asile en Belgique, et cela lui a été refusé à plusieurs reprises. Anneleen Van Bossuyt et son gouvernement ont pris des décisions très fermes en ce sens (mesures de juillet 2025), de ne plus même examiner -sauf rares exceptions- les demandes de protection internationale de toutes celles et ceux qui sont passés par un autre pays de l’UE, et de les renvoyer au plus vite vers ce pays. Ces décisions ne tiennent nullement compte des parcours et des réalités vécus par les exilé.e.s, ni de leur souhait de rejoindre une famille, des amis…
C’est ainsi qu’aujourd’hui encore plus de personnes qui devraient être accueillies se retrouvent à la rue, y compris des familles !
De plus il apparaît que la police a opéré des arrestations ciblées de Palestiniens lors des rassemblements quotidiens à la Bourse de Bruxelles pour dénoncer le génocide. Honte à notre Etat qui attaque la liberté de manifestation et d’expression des victimes du génocide ! Les soutenir est aussi soutenir la lutte pour la libération et l’autodétermination du peuple palestinien.
Ces personnes ont été meurtries plusieurs fois, après les bombes, la perte des êtres chers…, le traumatisme de l’arrestation, puis celui du centre fermé !
Les centres fermés tuent !
Les centres fermés ont pour objet d’organiser l’expulsion des personnes . Pour ce faire, tout est mis en oeuvre pour briser la résistance des personnes à l’expulsion.
La maltraitance est donc omni présente, et l’enfermement crée une souffrance psychologique qui est ignorée. Il y a un manque de soins médicaux adéquats. Dans le cas de Mahmoud, son avocate, Gloria Mweze, confirme qu’ il allait très mal ; il avait appris le décès de sa maman en Palestine au moment où il avait été arrêté, n’avait pas reçu les médicaments demandés. D’après une militante proche de plusieurs détenus palestiniens (Dounia Largo, interrogée par le média bruxellois BX 1), il avait fait une première tentative de suicide dans la nuit de dimanche à lundi . Réponse du centre : placement en isolement. Il s’agit bien de non- assistance à personne en danger !
Les pratiques de mise au cachot ou mise en isolement sont fréquentes, en tant que méthodes de répression, mais aussi face à toute situation que les directions des centres considèrent comme « ingérable » (à Vottem, aile « spéciale »). Il s’agit là d’une véritable torture. Dans l’aile spéciale de Vottem, on peut rester des semaines, des mois…
Chaque année, il y a des suicides dans les centres fermés, et des dizaines de tentatives de suicide. Parce que la détention est insupportable, que l’on ne sait quand elle se terminera, parce que l’on craint l’expulsion, parce beaucoup de personnes sont déjà fragilisées par ce qu’elles ont vécu.
Il y a 7 ans exactement, le 9 octobre 2018, un jeune Erythréen, Gebre Mariam, a perdu la vie à Vottem. Il s’est suicidé. En détention depuis 4 mois, il souffrait beaucoup de sa détention et craignait l’expulsion vers la Bulgarie où il avait été victime de graves violences racistes . Lui aussi avait été placé en isolement . C’était le 5e décès à Vottem depuis 2008, trois suicides et deux décès par manque de soins…
Le CRACPE rappelle ses revendications :
- Suppression des centres fermés
- Arrêt des expulsions
- Régularisation des sans-papiers
- Pour une politique d’asile et d’immigration qui respecte les droits humains.
Plus personne ne doit être enfermé dans ces camps de la honte ! Nous revendiquons la libération de toutes les personnes détenues ! En urgence, dans la situation actuelle, nous demandons la libération immédiate des détenu.e.s d’origine palestinienne.
