Retour sur le mouvement des Gilets Jaunes, France – Épisode 4

Benoît Coquard : dans les milieux où on vote RN, « la gauche est invisible »

« Le fait qu’Emmanuel Macron ait présenté le RN comme unique parti d’opposition suscite un effet d’entrainement », alerte le sociologue Benoît Coquard, qui a enquêté dans des territoires désindustrialisés où les collectifs de travail n’existent plus.

 

Basta! : On a l’impression que la France rurale a voté massivement RN le 9 juin dernier. Or, vous dites que le fait d’habiter en milieu rural détermine peu le vote. Qu’en est-il ?

Benoît Coquard : Ce qui détermine le vote c’est avant tout la catégorie sociale, la génération, le niveau de diplôme et de revenu, ainsi que le genre. On ne vote donc pas RN seulement parce qu’on est ruraux [1]. Mais souvent on est rural parce qu’on est ouvrier, ou qu’on appartient à des catégories sociales qui votent plus massivement RN que les autres.

C’est pour ça qu’il y a aussi un effet de légitimation locale du vote et de l’affinité politique dominante, parce qu’autour de vous, dans votre entourage, les gens pensent comme vous. C’est tout bête, mais les personnes que vous fréquentez au quotidien et auxquelles vous faites confiance font en quelque sorte office de leader d’opinion. Quand eux votent RN, ils légitiment le vote RN à vos yeux. Les médias le font aussi, en légitimant pour une partie d’entre eux le vote RN.