Si le réchauffement climatique est bien un phénomène global, les principaux responsables n’en sont pas les premières victimes.
La responsabilité collective du réchauffement climatique révèle à l’analyse des inégalités flagrantes. Inégalités que l’on peut observer aussi bien en termes de causes que de conséquences. Si aujourd’hui la Chine et l’Inde font toutes deux parties des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre, leur responsabilité doit être relativisée à l’examen des émissions cumulées et des émissions par habitant.
En plus des disparités géographiques, il faut souligner les différences significatives entre les individus. Comme l’ont montré Thomas Piketty et Lucas Chancel, « les 10 % des individus les plus émetteurs sont aujourd’hui responsables de 45 % des émissions mondiales alors que les 50 % les moins émetteurs sont responsables de moins de 13 % des émissions.»
Si des grands émetteurs sont présents tant dans les pays du Sud que du Nord, c’est dans ces derniers qu’ils se retrouvent le plus. Ainsi, si l’on ne considère que les émissions des 10 % plus grands émetteurs, 40 % sont émises par les USA et 19 % par l’Union Européenne.
Les inégalités d’émissions de CO2 mondiales s’expliquent de plus en plus par les inégalités à l’intérieur des pays plutôt qu’entre ceux-ci. Ces conclusions insistent sur les émissions individuelles plutôt que sur les émissions nationales et proposent ainsi d’exiger une plus grande contribution aux classes aisées.
Les impacts liés aux hausses de températures diffèrent fortement en fonction des régions. Ainsi, une légère hausse de température avantage les pays de l’Europe du Nord ainsi que l’Amérique du Nord qui bénéficieraient de meilleurs rendements agricoles tandis que la sécurité alimentaire en Afrique sera sérieusement menacée. En sachant que 75 % des personnes vivant avec moins d’un dollar par jour dépendent de l’agriculture, on imagine le désastre que cela engendrera. Il s’agit d’un phénomène qu’on peut déjà observer puisque, en 2016, 38 millions de personnes supplémentaires (par rapport à 2015) ont été confrontées à des situations d’insécurité alimentaire, ce qui a élevé le total à 108 millions de personnes.
Plusieurs régions ou pays densément peuplés, comme le Bangladesh, les deltas du Gange, du Mékong et du Nil seront particulièrement touchés par l’élévation du niveau des mers. Certaines îles risquent même d’être submergées, comme Tuvalu, Kiribati, Nauru ou les Iles Marshall.
Globalement c’est l’Asie qui est la plus vulnérable face aux désastres climatiques dont la fréquence et l’intensité vont augmenter.
Si le réchauffement climatique est bien un phénomène global, les principaux responsables n’en seront pas les premières victimes. En décembre 2015, Oxfam révélait que lors des cinq dernières années le nombre de milliardaires repris dans la liste Forbes et ayant des intérêts dans les énergies fossiles était passé de 54 à 88 . Nul doute que pour entrevoir une solution sérieuse à la question du réchauffement climatique il sera nécessaire de contrarier sérieusement leurs intérêts.
Sébastien Gillard