Pour une « eutopie » mondiale : le bien commun de l’humanité

Chronique n° 12 

I- Les problèmes vitaux de la vie commune

Les humains ne sont ni bons, ni mauvais : ils sont capables du pire, et aussi, parfois, du meilleur. Or, ils doivent absolument vivre ensemble car, sans relations sociales, ils ne survivraient pas. Ils n’ont donc pas le choix, ils forment des collectivités territoriales diverses : des familles, des hordes, des clans, des villages, des cités, des comtés, des duchés, des principautés, des nations, des empires, etc. Le problème, c’est que vivre ensemble leur pose un certain nombre de problèmes, que j’appelle les « problèmes vitaux de la vie commune ». Quels sont donc ces problèmes que toute collectivité humaine doit absolument résoudre pour survivre ? J’en ai distingué six :

1) La gestion de la puissance économique : la collectivité doit produire plus de biens et de services qu’elle n’en consomme (parce que tous ses membres ne peuvent pas consacrer leur temps à des activités économiques), mais elle doit aussi les distribuer pour satisfaire les besoins de tous, étant donné sa démographie. Il faut produire des biens, mais aussi les redistribuer.

2) La gestion des savoirs techniques : la collectivité doit disposer d’outils techniques qui lui permettent de tirer profit des ressources de son territoire, mais en veillant à ne pas les épuiser ou les détruire, afin de préserver son avenir et celui des générations futures. Il faut exploiter les ressources naturelles, mais sans les épuiser ni détruire l’environnement.

3) La gestion de l’hégémonie intersociale : la collectivité doit s’engager dans des échanges (économiques, politiques, culturels) avec les autres collectivités, mais en préservant la paix avec elles et en conservant son autonomie. Il faut échanger, mais sans perdre son indépendance.

4)- La gestion du pouvoir politique : la collectivité doit maintenir son ordre politique interne (légiférer, juger, réprimer et gouverner), mais cela, en accord avec sa population. Il faut exercer les pouvoirs, mais sans excès de violence.

5) La gestion de l’influence contractuelle : la collectivité doit instituer des mécanismes de négociation qui permettent à tous les groupes d’intérêt qui la constituent de coexister pacifiquement, sans exclure ceux qui n’ont pas les moyens de se défendre. Il faut faire des compromis, mais sans exclure personne.

6) La gestion de l’autorité socialisante : la collectivité doit socialiser ses membres (venus par naissance ou par immigration), pour que chacun d’eux y trouve sa place et dispose des ressources nécessaires pour remplir ses rôles sociaux, mais elle ne doit pas exiger qu’ils soient parfaitement conformistes : elle doit aussi leur permettre d’innover. Il faut intégrer, mais sans interdire la créativité personnelle.

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Guy Bajoit – Avril 2019


By Guy Bajoit

Guy Bajoit Guy Bajoit est né en 1937 à Mélin (Brabant Wallon) de parents ouvriers. Il est d'abord devenu ingénieur commercial, puis directeur du service financier de l'Université catholique de Louvain. Il a créé ensuite, dans la même université, un service coopération au développement (le Secrétariat du Tiers-Monde), qu'il a dirigé, tout en faisant une licence et un doctorat en sociologie. Il a ensuite été professeur associé à l'Université de Lille I, puis chargé de cours et professeur à la FOPES (Faculté ouverte de politique économique et sociale de l'UC). Il est actuellement « professeur émérite ». Son engagement politique a commencé par une solidarité avec les Palestiniens, puis avec le MIR bolivien, ensuite avec la gauche latino-américaine, en particulier avec celle du Chili. Ses recherches et son enseignement ont porté sur : le développement, l'action collective, la jeunesse, le changement social et culturel, la subjectivation de l'individu... Depuis sa retraite, il s'intéresse à la sociologie de l'histoire. Pour en savoir plus sur sa carrière académique et ses publications, voir son dossier sur Wikipédia.