«L’argent, c’est comme la drogue: c’est une addiction. Mettre le projecteur sur ceux qui profitent de l’évasion fiscale sans s’attaquer à ses organisateurs, c’est comme dénoncer les consommateurs de drogue tout en laissant tranquilles les narcotrafiquants ! » explique un membre d’ATTAC (1). D’après lui, les scandales à répétition le prouvent (Offshoreleaks en avril 2013 et janvier 2014 ,Luxleaks en novembre 2014, Swissleaks en février 2015, Panama Papers en avril 2016, Paradise Papers en novembre 2017, Dubaï Papers à partir de juillet 2018) l’évasion fiscale continue à prospérer malgré l’étalement sur la place publique de nombreux noms de grandes entreprises et de riches particuliers qui ont soustrait leurs bénéfices, revenus et fortunes à l’impôt.
Rien n’y fait. Pourquoi ?
Rien n’y fait parce que ceux qui élaborent tous les schémas les plus sophistiqués pour contourner le fisc continuent à œuvrer dans l’ombre. Ceux-là auxquels on donne la qualité d’experts sont en général avocats fiscalistes, experts-comptables et réviseurs d’entreprises. Ce sont « les trois lames du couteau suisse de l’évasion fiscale», les têtes pensantes des circuits financiers qui rendent possible la fuite des capitaux vers les paradis fiscaux. Tandis que leurs clients font les manchettes des journaux, ces passe-murailles échappent eux aux scandales médiatiques et consolident toujours plus leurs filières d’évasion. L’évasion fiscale est comme une hydre à plusieurs têtes : lorsque l’une tombe, une autre repousse presque instantanément et ce indéfiniment tant que son cœur n’est pas atteint. Or le cœur est justement constitué par ce trio d’experts invisibles.
Comment faire alors ?
Comment faire pour neutraliser ces fisco-trafiquants ? Pour l’instant, le seul moyen efficace de leur mettre des bâtons dans les roues semble être de remettre en cause leur légitimité à exercer leurs professions en portant une plainte de nature déontologique devant leurs ordres professionnels respectifs. C’est ce qu’a fait l’association ATTAC dans le cadre des Dubaï Papers, en saisissant les ordres professionnels des avocats, des experts-comptables et bientôt des réviseurs d’entreprises, de plusieurs plaintes à l’encontre de ceux ayant joué un rôle dans cette affaire.