Plus des trois quarts de la population belge demandent l’interdiction des armes nucléaires

Manifestement, le désarmement nucléaire de la Belgique est revendiqué par une majorité toujours plus grande de citoyen∙ne∙s belges, tous partis confondus. Voilà ce qu’il ressort du sondage réalisé entre le 23 novembre et le 27 novembre 2020 par YouGov[2] auprès d’un échantillon représentatif de 1.004 personnes à la demande d’ICAN (l’International Campaign to Abolish Nuclear Weapons) et de la Coalition belge contre les armes nucléaires.

Après celui organisé lors de la campagne électorale de mai 2019, ICAN et la coalition belge ont en effet commandé un nouveau sondage scientifique, sur base des mêmes questions, afin d’identifier les évolutions des sensibilités de la population belge par rapport à l’armement nucléaire en Belgique. Ce nouveau sondage souligne une nouvelle fois que les revendications de la coalition sont partagées par une partie toujours plus grande de la population belge, peu importe les sensibilités électorales des répondantes et des répondants.

 

Les principaux résultats du sondage

  • 77% des répondant∙e∙s demandent que la Belgique signe le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Une augmentation significative par rapport aux 64% des sondés en faveur du TIAN en mai 2019. Seuls 11% s’opposent à la signature du TIAN par la Belgique.
  • Une majorité des deux tiers (66%) est même favorable à ce que la Belgique soit l’un des premiers États membres de l’OTAN à signer le TIAN, même si cela peut entraîner une pression de la part des États-Unis. Seuls 15% s’y opposent.
  • Une forte majorité (57%) demande que les armes nucléaires soient retirées de la base militaire de Kleine Brogel. Il s’agit d’une nette augmentation par rapport au sondage de mai 2019, où 49% des sondé∙e∙s étaient en faveur du retrait des armes nucléaires du territoire belge.
  • Enfin, une majorité de la population (51%) continue de s’opposer également à ce que les nouveaux avions de combat F35 soient équipés de la capacité de transporter les armes nucléaires. Seuls 26% y sont favorables.

 

Il faut respecter l’engagement pris dans l’accord de gouvernement

Ces nouveaux résultats viendront conforter, nous l’espérons, l’engagement du gouvernement visant à « vérifier » « comment le Traité des Nations-Unies sur l’Interdiction des Armes nucléaires peut donner un nouvel élan au désarmement nucléaire multilatéral ». Un Traité d’interdiction qui, rappelons-le, entrera en vigueur le 22 janvier 2021. Soit 90 jours après la 50e ratification qui a eu lieu en octobre dernier.

Cet engagement gouvernemental, conforté par le très large soutien populaire, doit pousser la Belgique à soutenir la Résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui sera soumise au vote ce lundi 7 décembre. Celle-ci appelle, modestement, tous les pays qui ne l’auraient déjà fait à signer le Traité.

 

La question de la présence d’armes nucléaires en Belgique toujours plus pressante

Si l’on a toujours été très loin d’une majorité de la population belge en faveur du stationnement des bombes nucléaires dans notre pays, il y a désormais une majorité claire qui exige ce retrait. Ce soutien grandissant est particulièrement crucial aujourd’hui, alors que la Belgique doit accueillir de nouvelles ogives (B61-12) en remplacement de celles stationnées chez nous depuis la fin des années 60. Ces nouvelles bombes, qui ont été testées pour la première fois à la fin du mois de novembre par l’armée étasunienne, doivent arriver dans notre pays entre 2022 et 2024.

 

Avions de combat F35 à capacité nucléaire ?
La population est contre, mais la décision semble déjà prise

La composante Air de l’armée belge est entraînée et formée pour transporter et larguer les bombes nucléaires stationnées en Belgique. Ce sont les avions de combat F16 qui, pour le moment, disposent de cette capacité d’emport nucléaire.

Si le choix du gouvernement Michel d’acheter 34 nouveaux avions de combat s’est porté sur le F35, c’est aussi dans l’objectif de prolonger cette capacité nucléaire. Or, le sondage souligne encore une fois que la majorité de la population belge s’oppose à cette capacité nucléaire.

Officiellement, le gouvernement n’a pas pris de décision quant au prolongement de la capacité nucléaire de l’armée belge. Lors de la dernière législature en effet, les ministres de la Défense qui se sont succédé ont tous confirmé que la décision devait être prise par le gouvernement issu des urnes des élections de mai 2019. Pourtant, des déclarations sibyllines de la ministre de la Défense Dedonder lors de la séance de la Commission du 14 octobre dernier nous font craindre que la décision ait été, en fait, déjà prise. Nous avons envoyé un courrier à la ministre Dedonder le 23 octobre dernier afin qu’elle clarifie la situation. À ce jour, elle n’a ni répondu, ni même accusé réception du courrier.

Communiqué de la coalition belge contre les armes nucléaires[1] – Campagne nonukes.be

[1] La coalition belge contre les armes nucléaires, partenaire d’ICAN, est une plateforme de plus de 50 organisations parmi lesquelles Pax Christi Vlaanderen, Vrede vzw, la CNAPD, Agir pour la paix, la CSC, la FGTB, 11.11.11, Intal, CSO, MCP, LEF, etc. (voir : www.nonukes.be).

[2] Enquête en ligne menée par YouGov Deutschland GmbH à laquelle 1.004 personnes ont participé entre le 23/11/20 et le 27/11/20 en Belgique. Les résultats ont été pondérés et sont représentatifs de la population belge de plus de 18 ans.

Illustration : https://nonukes.be/fr/accueil/