La crise à Covid-19 est commentée par toutes et tous. A travers de ce bruit parfois cacophonique émergent quelques mots nouveaux qui révèlent, si on les observe avec un œil critique, des impensés révélateurs. En voici quelques exemples….
A tout seigneur tout honneur. Distanciation sociale : Traduction irréfléchie de l’anglais social distanciation (le même sans e et dans l’ordre inverse), l’abus de ce mot semble indiquer que la proximité sociale est un grave danger, alors que ce qui nous est demandé est la distanciation physique. Heureusement, nous ne suivons pas le mot d’ordre (anti-social ?) et nous multiplions les contacts sociaux… à distance. Je ne sais pas vous, mais même si j’utilise (beaucoup) les mails et (très rarement) les trucs à la mode (slack, zoom, skype…), le vrai contact social chaud reste le bon vieux téléphone, même s’il passe aujourd’hui par mon vieux GSM (15 ans) et pas par le cornet que nous utilisions encore tous il y a 10 ans (une éternité…).
Gestes barrière(s) : Joli mot qui résume toutes ces petites habitudes que nous ne devrions pas quitter en période épidémique. Le (pli du coude) retrouve sa noblesse oubliée, le mouchoir en papier (hélas jetable) son utilité (s’il est jeté dans une poubelle fermée – qui sera collectée par qui ?), le mètre cinquante redevient une distance à peu près correctement évaluée par tous. Par contre, en nos contrées aux dirigeants imprévoyants, la barrière essentielle, le masque est une barrière réservée aux soldats de première ligne et à quelques débrouillards. Donc, nous continuerons, pour la plupart à distribuer généreusement le mot suivant…
…Postillon : Si vous regardez sur Internet, vous verrez presque toujours la même définition : « Postillon : masculin, celui qui menait le montant un des chevaux d’un attelage. » Parfois, plus rarement, vous lirez aussi : « Postillon : (Famillier) Gouttelette de salive que l’on projette en parlant ». Quel lien entre ces deux postillons ? Seul le CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales – si, si, cela existe) ose une hypothèse : « Issu de postillon [l’autre], soit parce que les postillons étaient considérés comme des gens peu raffinés… ». Les postillons d’aujourd’hui, les postiers dans leur camionnette ou les chauffeurs routiers, apprécieront.