« My brain tells me Biden but my gut tells me Trump » 'Mon cerveau me dit Biden mais mes tripes me disent Trump'
Tout s’annonce sous les meilleurs auspices pour le candidat démocrate Joe Biden. Monsieur Biden devance Monsieur Trump dans les sondages et cela depuis maintenant le début du mois d’avril, cette avance a même continué de gonfler pour lui donner un avantage national de 10 points, et cela à quelques jours de l’élection. D’un autre côté, Donald Trump n’a jamais dépassé au cours de son mandat le seuil des 50% d’avis favorable – mesurée depuis la présidence de Franklin Roosevelt par Gallup Polls– faisant de lui le président ayant en moyenne le plus faible taux de popularité de n’importe quel président depuis la Seconde Guerre mondiale.
Un Biden clair favoris mais une Amérique biberonnée aux « fake news »
N’oublions pas le népotisme, les conflits d’intérêts, les fraudes fiscales avérées, les dizaines de femmes l’accusant de comportements sexuels répréhensibles, et tout cela sans compter bien évidemment ses politiques allant à l’encontre des intérêts de son propre électorat ! Oui, malgré cela la base de Trump, environ 35% des américains, tient bon et le suivra peut-être jusqu’au bout. Mais quel bout ? Il est toujours bon de se rappeler cette phrase de Trump en campagne le 23 janvier 2016 affirmant qu’il pourrait tirer sur quelqu’un au centre de New-York et qu’il « n’y perdrait aucune voie », démontrant si l’en était encore besoin d’une Amérique coupée en deux ne vivant plus dans le même pays (au sens propre comme figuratif).
Il n’empêche que tous les indicateurs sont au vert pour Joe Biden et que tous les indicateurs sont au rouge pour Donald Trump. Alors vient la question de la fiabilité des sondages. Ces mêmes sondages n’ayant réussi à prédire l’impensable en 2016 se tromperaient-t-ils aussi en 2020 ? Y aurait-il un vote caché soutenant toujours Trump et se méfiant des sondeurs faussant ainsi les pronostics ? La stratégie de Trump durant cette fin d’élection, réminiscence de la campagne de 2016 – visant à discréditer son opposant(e) et à la toute fin de la campagne ravir 1 ou 2% d’indécis dans les swing states – fonctionnera-t-elle ? Il est fort à parier qu’à circonstances différentes le résultat lui aussi sera différent.
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Que nous disent les sondages ?
Le seul élément similaire entre les sondages de 2016 et ceux de 2020 est que la ou le candidat(e) démocrate est en position favorable face à Donald Trump. Mais pour le reste, la course à la Maison Blanche cette année diffère en tous points. A un mois de l’échéance l’avance d’Hillary Clinton s’était réduite comme peau de chagrin tandis que l’avance de Joe Biden continue de se stabiliser et même les attaques pour corruption et népotisme contre lui ne semblent fonctionner comme ce fut le cas contre Clinton. En effet le retournement de dernière minute espéré par Trump ne peut plus avoir lieu car au 28 octobre plus de 60 millions d’électeurs se sont déjà prononcés ce qui représente la moitié des électeurs de 2016. Les fameux Etats pivots affichent une préférence indéniable pour le candidat démocrate ; ceux-ci ayant été touchés de plein fouet par la mauvaise gestion de la crise sanitaire et des effets sur l’économie. Les cartes de Trump sont de plus en plus mauvaises, acculé et dos au mur et s’il ne comptait plus (seulement) sur le vote pour assurer sa réélection ?
Si Trump ne peut gagner dans les urnes, quelle autre stratégie lui reste-t-il ?
Si la victoire de Biden venait à être écrasante, si son avance sur le candidat républicain se révélait si nette alors Trump serait dans l’obligation de concéder la défaite. Mais si au grès d’un concours de circonstances les sondages se trompaient de 1 ou 2 points et que les premières sorties d’urnes dans les fameux Etats pivots venaient à être disputées, alors commencerait une bataille juridique ayant pour but d’invalider le plus possible de voix. C’est bataille à déjà commencé et cela depuis déjà des mois.
Des services postaux moribonds
Ce scénario fut, il me semble déjà envisagé depuis des mois par la Maison Blanche. En temps de pandémie pour correctement organiser une élection il faut grosso modo s’assurer de l’acheminement des bulletins de votes remplis et du décompte de chacun de ces derniers. Tout porte à croire que dès les premiers mois de l’année l’exécutif a tout fait pour rendre cette entreprise la plus compliqué possible en bloquant les financements nécessaires de la Poste (US Postal Service) qui dès le mois d’avril avait envisagé délivrer 650 millions de masques à tous les foyers américains. Ce programme fut balayé d’un revers de main par la Maison Blanche et dès juin décida de nommer Louis DeJoy à la tête de l’agence. DeJoy est un des plus gros donateurs de la campagne de Trump et est le premier directeur de la US Postal depuis 1992 sans aucune compétence dans le domaine. Au lieu d’augmenter le financement de la US Postal tout a été mis en place pour dérailler son fonctionnement. Le financement de la Poste est crucial car elle remet en question la capacité qu’auront tous les bulletins de vote envoyés à être comptabilisé à temps.
Le recours par la Cour suprême comme dernier espoir de s’octroyer l’élection
Maintenant vient la seconde étape du stratagème républicain : arriver à restreindre le décompte des bulletins de vote au seul jour de l’élection. Recyclant l’argument de la Cour suprême durant l’élection présidentielle de 2000, la Cours suprême pourrait invalider tout bulletin comptabilisé après le jour de l’élection. Avec une majorité conservatrice à la Cour et des indications que certains juges pourraient prendre cette voix extrême, des millions de voix ne seront peut-être pas comptés !
Mais pourquoi cela aide-t-il nécessairement Trump à être réélu ? Car le décompte des voix se fait au niveau des comtés et la répartition démographique de l’électorat veut que les comtés ruraux soient à majorité républicains et les comtés urbains à majorité démocrate. Les résultats des comtés ruraux donc républicains moins nombreux pourraient très vite donner une avance à Trump le soir de l’élection tandis que les comtés urbains pourraient se voir obliger de ne pas compter l’ensemble des bulletins.
Ce scénario catastrophe demanderait que les étoiles s’alignent pour Donald Trump. Il lui faudrait déjouer le destin en arrivant au coude à coude avec son concurrent démocrate dans les Etats pivots, il lui faudrait prouver la fraude massive lors de l’envoie des bulletins de vote, il lui faudrait compter sur le soutient de la Cour suprême en espérant que cette dernière adopte des opinions les plus extrêmes jamais prises. Donald Trump est touché mais pas encore coulé !
Loup Hoffmann