Mexique : quel bilan de la gauche au pouvoir ?

Avec une gauche assurée de remporter l’élection présidentielle du 2 juin prochain pour la deuxième fois consécutive, le Mexique apparait comme une exception dans le paysage politique international. Or MORENA[1], le parti au pouvoir, est-il vraiment de gauche ? Quoi qu’il en soit, le rejet des partis qui ont gouverné le Mexique entre 2000 et 2018 (PAN et PRI) reste fort.

Parmi les intellectuels de gauche, certains se sont ralliés à ce parti formé en 2014 et lui sont toujours fidèles, comme c’est le cas de l’écrivain Paco Ignacio Taibo II [2], alors que d’autres demeurent très critiques, en particulier face à une militarisation croissante de la société. Quoi qu’il en soit, le rejet des partis qui ont gouverné le Mexique entre 2000 et 2018 (PAN et PRI) reste fort.

Le Mexique est un pays qui a énormément souffert des réformes néolibérales initiées dans les années 1980. Ces réformes et le traité de libre commerce avec les Etats-Unis et le Canada depuis 1994 ont décimé des petites entreprises et la vieille agriculture des petits paysans, obligeant ces derniers à émigrer vers les grandes villes ou aux Etats-Unis (où vivent 40 millions de Mexicains), ou encore ont fini par joindre les rangs du trafic de drogues. Avec une demande de drogues en hausse et des ventes légales d’armes de l’autre coté de la frontière, le Mexique est depuis 15 ans toujours submergé dans la violence, avec des milliers de morts violentes chaque année. Le Mexique compte aussi parmi les pays avec le plus de journalistes assassinés pour avoir exposé la corruption et les liens entre les « narcos » et des responsables politiques.

Pendant des années, le néo-zapatisme, né de la révolte indigène du Chiapas, a représenté un espoir d’une alternative « par en bas » à la crise du régime politique issu de la révolution mexicaine de 1910. Depuis la rébellion armée de 1994 et les négociations avec le gouvernement qui ont suivit, il y a eu plusieurs tentatives de fédérer les mouvements sociaux à partir des luttes indigènes dans tout le pays (La Otra Campaña, Congreso Nacional Indígena), tentatives qui jusqu’à maintenant ont échoué.