L’urbanisme pervers de la « reconstruction » de Gaza

Le plan de « requalification urbaine » de Gaza, rédigé par des consultants américains et cité dans la proposition d’« accord de paix » de Donald Trump, dessine un avenir inquiétant pour la ville. Loin d’être une exception, il révèle une logique déjà à l’œuvre dans de nombreuses métropoles contemporaines. Comme toujours, le diable se cache dans les détails : l’urbanisme devient le langage du pouvoir économique dont la victime collatérale est l’idée même de la ville.

Dès le premier mandat de Donald Trump, son gendre Jared Kushner avait noué des relations d’affaires avec d’importants entrepreneurs saoudiens et qataris. Ces derniers avaient financé – et probablement sauvé de la faillite – une de ses entreprises immobilières à Manhattan, et soutenu ensuite la société qu’il a fondée après avoir quitté l’administration de son beau-père.

Aujourd’hui, Kushner ne représente plus le gouvernement américain : il n’est qu’un homme d’affaires, qui se trouve être proche au président. Son rôle diplomatique, aux côtés de l’envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, l’investisseur immobilier Steve Witkoff, est purement officieux, et il n’a naturellement aucun compte à rendre sur les conflits d’intérêts liés à ses activités économiques. Ce chevauchement complet entre réseaux diplomatiques et réseaux d’affaires illustre un enchevêtrement politico-économique dont la logique est au cœur même du projet pour Gaza.