Liège, « Ville Antifasciste », va-t-elle être dissoute ? 

Leur petit chef autoritaire, GLB, n’attendait qu’une opportunité pour ressortir la clownerie de Trump et du Vlaams Belang : prétendre interdire la « structure antifa » (lol).

« Antifa » ne signifie rien d’autre que le diminutif d’ « antifasciste ».  Or, les antifascistes seraient le plus grand danger pour la démocratie selon celui qui menace les journalistes à tout bout de champ et leur dit quoi (ne pas) écrire. Cela en dit long sur son projet de société.

L’antifascisme est – ou plutôt devrait être – une évidence. C’est est une valeur, une idée, un mouvement, un principe, pas une  » structure ». 

Si GLB – ou n’importe quel autre clown d’extrême droite – veut s’en prendre à des personnes qui auraient posé des actes illégaux, qu’il le fasse. Qu’il arrête de prendre les gens pour des cons, de caricaturer ses opposant•es politiques comme des parasites à éradiquer et assume enfin son objectif de polariser la société.

L’antifascisme est divers, nous ne sommes pas toustes d’accord sur tout, mais nous re-bloquerons ensemble le MR, dont le président est aujourd’hui d’extrême droite, à chaque fois que cela sera nécessaire.


Quelques rappels des faits par rapport au rassemblement contre la venue du Centre Jean Gol à l’ULiège ->

– La venue du Centre Jean Gol (qui est devenu un organe de propagande réactionnaire assumé, sans aucune rigueur académique dans ses publications), et avec lui GLB (nouvelle figure d’extrême droite en Wallonie), en terre liégeoise était une évidente provocation. On savait dès l’annonce de cet événement que GLB et sa clique espéraient des images de « violences » et pouvoir ouin ouinter après coup dans les médias. On le savait, mais cela ne changeait rien à la nécessité de les bloquer. On ne peut bien sûr pas s’opposer de la même façon a un événement du MR ou à un événement de néo-nazis (bien qu’il en accueille et soutienne de plus en plus). Or, dans le faits, le premier fait beaucoup plus de dégâts que le second : en termes de banalisation du racisme, de l’islamophobie, de la transphobie, de l’anti gauchisme, de la polarisation de la société. Puisque les membres et sympathisant•es du MR qui étaient présent•es ce jeudi-là sont fiers•ères de leur nouveau chef (d’extrême droite), il fallait et il faudra leur rappeler que cela ne passera pas comme une lettre à la poste, qu’il ne s’agit plus d’un simple « démocrate ».

– Le refus de GLB d’aller au Sart Tilman, l’arrivée au compte goutte des membres et sympathisant•es du MR qui passaient à travers le rassemblement avec des gestes et paroles de provocation envers les manifestant•es, le fait d’avoir rebaptisé la salle académique, le fait d’avoir fait monter la pression pendant toute la journée (notamment en prenant plaisir amalgamer l’organisation du rassemblement et un tag’ absolument stupide, confus et dégueulasse sur la tombe de Jean Gol), tous ces éléments illustrent la stratégie de la tension et de la communication choisies par le MR actuel.

– La colère est énorme. Les expulsions du chômage arrivent, le mépris de classe et le racisme banalisé sont énormes, les provocations dans les médias sont quotidiennes, le laissser-faire (et même le soutien) envers l’État génocidaire d’Israël est insoutenable. On ne peut en fait que s’étonner que ça n’ait pas été pire. C’est aussi sans compter les travaux en cours sur la place Cockerill, et donc les nombreux projectiles potentiels à disposition de la foule, ce qui aurait en toute logique pu mener à des affrontements bien plus violents. La police en avait informé GLB, qui n’en avait rien à foutre de mettre en danger les participant•es de son événement – opération de com’.

– Les composantes de ce genre de rassemblement sont nombreuses, les méthodes aussi. Tout le monde ne s’est pas reconnu•e dans chaque geste et dans chaque parole ce jour-là, et c’est bien normal. Nous avons bloqué ensemble la venue du MR à l’ULiège et nous le référons chaque fois que cela sera nécessaire. Les personnes qui ont fait usage de la force physique – la fameuse « violence » absolument insoutenable pour les « démocrates » en carton – sont des nôtres. Les personnes qui ont trouvé que cela allait parfois trop loin ou que la cible n’était pas toujours la bonne sont aussi des nôtres. Les personnes qui ont bloqué les participant•es en lançant des confettis et qui se sont malgré tout retrouvées plaquées au sol, rouées de coups et insultées par les flics sont des nôtres, celles qui sont restées à l’écart mais bien présentes le sont aussi. Celles qui étaient masquées, et celles qui ne l’étaient pas, sont des nôtres. Celles qui ont aidé les autres sont des nôtres. Celles qui ont lancé (parfois trop) de pétards sont des nôtres, et celles qui sont parties à cause de cela ou qui l’ont très mal supporté sont des nôtres aussi. Nous avons bien sûr des discussions à avoir entre nous, l’époque et la situation le nécessitent. Mais il n’y a pas de « pomme pourrie » dans ce type de rassemblement, désolé pour les démocrates en carton qui s’émeuvent à la moindre gifle ou croche-pied (face à quelqu’un qui force un barrage), comme si un lynchage venait d’avoir lieu.

– Les médias n’ont parlé que de cette « violence »-là (lancés de fruits et légumes pourris majoritairement, quelques coups, rares) sans donner la parole aux manifestant•es et, donc, sans parler des tentatives de forcer le barrage par des membres ou sympathisant•es du MR, des bousculades et insultes initié•es par ceux-ci, de la tactique utilisée par la police. Sérieusement, comment cela aurait-il pu se passer autrement ? Cela aurait été bien pire si nous n’étions pas des gauchos, précisément. Le MR savait très bien ce qu’il faisait. La police, de son côté, a fait le choix de faire passer la plupart des participant•es MR par le cortège de contre-manifestant•es et les a trainé•es à plusieurs reprises d’une manière qui les mettait en danger (de tomber notamment, ce qui n’a pas manqué d’arriver).

– On parle de 12 policiers blessés. Nous voulons savoir la cause de ces 12 blessures et leur caractère (anodines, sérieuses, graves). Pour rappel, la plupart des policiers qui se blessent lors de manifestations le font seuls ou entre eux. Ensuite, une légère blessure est comptée de la même manière qu’une commotion cérébrale ou pire. Les chiffres c’est bien, la précision c’est mieux.

Les médias n’ont pas seulement tu la violence des participant•es du MR envers les contre-manifestant•es, ils ont surtout tu celle de la police, comme si tout d’un coup leurs lois et leur prétendue « démocratie » n’avaient plus besoin d’être respectées : légalité, nécessité, proportionnalité dans l’usage de la force par la police. Nous avons récolté des témoignages qui font état d’intimidations, d’insultes anti-gauche et sexistes, de certificats médicaux (dont une ITT de 15 jours) avec commotion cérébrale, hématomes, contusions, dent cassée, etc. Plusieurs personnes ont dû se rendre aux urgences, et il y a bien sûr les séquelles psychologiques chez de nombreuses personnes comme à chaque fois.

– La Meuse a fait une dizaine d’article sur cet événement, en majorité avec les mêmes positionnements que la communication du MR. Elle n’a pas contacté une seule fois les collectifs qui avaient appelé au rassemblement. Notre presse locale a donc une rigueur journalistique tout relative, foutrement partielle et partiale. Quelle surprise…

– Il y a un fantasme, entretenu par la police et/ou par la rectrice de l’ULiège, selon lequel les « fauteur•euses de trouble » seraient pour bonne partie bruxellois•es ou en tout cas non liégeois•es. Nous souhaiterions que ce soit le cas, que plus de camarades des autres villes aient pu venir (merci à celleux qui sont venu·es) mais non, c’était des liégeois•es, et malgré nos divergences dans l’action nous bloqueront à nouveau le MR et son importation de l’extrême droite en Wallonie et à Liège. Ensemble.

– Pour finir nous prenons acte que, selon GLB, cet antifascisme (et en fait les groupes antifascistes en général, qui le font vivre) est actuellement le plus grand danger pour la « démocratie » en Belgique et que l’extrême gauche (sic) y aurait le « monopole de la violence ». Donc nos rassemblements, manifestations, grèves et blocages sont dans son spectre de valeurs plus violents que – par exemple – l’incendie d’un centre d’accueil pour réfugié·es par des membres d’extrême droite, les ratonnades dans un quartier immigré par des hooligans d’extrême droite ou encore les meurtres de personnes racisées par des personnes d’extrême droite. Ok. Clown immonde. Un mensonge répété mille fois ne deviendra pas une vérité, comme dirait l’autre. Il sait pertinemment qu’il s’agit d’un mensonge, puisque les données et chiffres de l’État eux-mêmes soulignent à quel point l’extrême droite est bien plus violente – et qu’elle ne s’en prend pas aux mêmes personnes – que l’extrême gauche (ou plutôt la gauche radicale, puisqu’on parle de nous, autant utiliser les bons termes). GLB a  donc une vision bien particulière (bien fascisante) du « danger » et de la « démocratie ». Les antifas sont selon lui (et donc selon le MR ?) plus dangereux pour la démocratie que les inégalités, les violences sociales (qui en amènent d’autres) et la précarisation d’une partie toujours plus grande de la population. Plus que les groupes d’extrême droite, armés ou non. Plus que les Loups Gris qui poignardent des personnes et tentent d’incendier des domiciles, tout en faisant de l’entrisme dans des secteurs culturels et politiques en Belgique [1]. Plus qu’un refus de la part d’un premier ministre d’appliquer un mandat d’arrêt international. Plus que le non respect des droits humains en Belgique et le non respect de condamnations juridiques envers l’État belge. Plus que la torture ou les meurtres dans les commissariats et les centres fermés. Plus que les couvre-feux et le harcèlement policier dans les quartiers appauvris. Plus que l’impunité structurelle autour des délits et crimes racistes, sexistes, adultistes, validistes, classistes. Plus que le définancement de la justice, la numérisation de nos vies, le projet i-Police, la base de données policière caduque (la BNG), la surveillance faciale illégale ou encore l’utilisation de logiciels israéliens par les forces de « sécurité ». Plus qu’un blanchiment d’argent par un politicien du MR. Plus que les partenariats de son parti avec des instituts bidons d’extrême droite qui assument vouloir manipuler les élections. Plus que des intimidations d’un président de parti envers des journalistes.

Dont acte.

Cela fait longtemps que nous ne sommes plus des adversaires, mais des ennemis politiques, comme nous l’avons toujours été pour l’extrême droite.

Virons-le.

Des participant·es du FAL


[1] Par ailleurs, on a envie de lui faire remarquer qu’il a donc dit que nous étions plus dangereux·euses selon lui que les Frères Musulmans, mais il risque de s’étouffer en s’en rendant compte puisqu’il a aussi besoin de ce spectre repoussoir quitte à tordre la réalité.

Source : https://liege.antifascisme.be/liege-ville-antifasciste-va-t-elle-etre-dissoute-%F0%9F%98%86/