Dans le cadre de nos conférences Changer l’Europe, nous avons eu l’occasion de débattre, autour de Vaïa Demertzis, du thème «Quelle Europe après le Brexit?».
Six mois après le référendum britannique, Vaïa Demertzis reprend son analyse à la lumière des modèles de rapports nouveaux qui pourraient être établis entre l’UE et ce grand pays qui a décidé de la quitter. Cette publication, «Les relations entre l’Union européenne et le Royaume-Uni après le Brexit», fait partie de la série Les @nalyses du CRISP en ligne.
L’auteur y examine six options sur une échelle allant du «soft Brexit» au «hard Brexit», c’est-à-dire de la relation la plus serrée à la relation la plus distendue.
1. Dans le modèle «norvégien», le Royaume-Uni adhérerait à l’Espace économique européen (EEE = Norvège, Islande et Liechtenstein) et aurait accès au marché intérieur UE sans en être membre.
2. Dans le modèle suisse, le Royaume-Uni signerait avec l’UE des accords bilatéraux qui lui ouvriraient partiellement le marché intérieur sauf les services financiers.
Ce modèle ainsi que le précédent impliquent l’acceptation des 4 libertés fondamentales de ce marché donc aussi la liberté de circulation des personnes qui pose au Royaume-Uni la question du contrôle de l’immigration issue de l’UE.
3. Une option intermédiaire est celle du «partenariat continental» suggéré par le centre Bruegel. Nous avons abordé ce modèle dans le cadre de nos Voies pour changer l’Europe. Selon cette option, le Royaume-Uni aurait accès au marché intérieur des biens, services et capitaux, mais devrait respecter les règles de ce marché définies par l’UE (sans sa participation aux votes) et se plier au contrôle juridique de la Cour de Justice de l’UE.
4. Le modèle de l’union douanière que négocierait le Royaume-Uni avec l’UE, à l’exemple de celle établie entre l’UE et la Turquie, conduit à un tarif douanier commun et à la seule libre circulation des marchandises.
5. Une cinquième option, plus «hard»: celle d’un accord de libre-échange négocié entre les deux parties, semblable aux CETA et TTIP qui posent déjà tant de problèmes aux parties, toutes deux y étant majoritairement favorables…
6. La sixième option est la plus «hard»: le Royaume-Uni devient un État tiers à l’UE qui bénéficie des seules règles de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), ce qui implique le relèvement de certaines barrières douanières, spécialement dans le commerce des biens et services.
L’avenir nous dira vers quel modèle conduiront les négociations qui ne s’ouvriront vraisemblablement qu’après mars 2017. «Il sera intéressant de constater si la volonté britannique de contrôler les flux migratoires continuera à primer les intérêts économiques, si la tendance s’inversera ou si une combinaison de ces deux éléments guidera la concrétisation du Brexit», conclut Vaïa Demertzis.