Les politiques d’austérité contre le secteur public: l’exemple grec

Services Publics en Europe - Episode 7

 

Au cours des années 2010, la Grèce s’est retrouvée à l’épicentre de la crise économique mondiale. Le remède proposé à cette crise, à travers les trois Programmes d’ajustement économique (généralement appelés “mémorandums”), s’est avéré encore plus toxique. Comme on pouvait s’y attendre, la raison d’être de ces programmes étant la doctrine de l’austérité néolibérale, les services publics et, plus généralement, le secteur public ont été les premiers ciblés par une longue série de mesures visant à réduire leur taille, à diminuer les dépenses publiques et à augmenter les recettes budgétaires. Dans cet article, Danai Koltsida examine les deux volets de ces politiques de privatisation : les privatisations stricto sensu, par la cession de biens publics à des investisseurs privés, et les politiques qui, de facto, ont abouti à la privatisation et/ou à la restriction de la taille ou de la fonction du secteur public.

Privatisation stricto sensu des actifs publics

Structure institutionnelle et méthodes

Deux institutions principales ont été créées au cours des années 2010 afin de satisfaire à l’obligation de privatiser la quasi-totalité des biens privés de l’État grec (c’est-à-dire les biens qui ne répondent pas aux besoins gouvernementaux stricto sensu)[1]. La première, créé en 2011, était le Hellenic Republic Asset Development Fund (HRADF – en français : Fonds de développement des actifs de la république hellénique) et son mandat initial était de « tirer parti de la propriété privée de l’État qui lui a été attribuée par la République hellénique » en suivant les règles de l’économie de marché. La seconde, la Hellenic Corporation of Assets and Participations (mieux connue sous le nom de Growth Fund) a été fondée en 2018 et est l’unique actionnaire du HRADF. La vocation de cette institution est plus étendue : elle a été créée par le gouvernement Syriza afin de contrer l’idée (néolibérale) selon laquelle l’utilisation des biens publics est nécessairement liée aux privatisations. À cette fin, le Growthfund s’est également vu confier un mandat plus large. Bien que la politique de privatisations et d’établissement de partenariats public-privé n’ait pas été abandonnée, le Growthfund a pu utiliser d’autres outils, différenciés et adaptés à chaque cas spécifique, afin de développer et de gérer l’ensemble de la propriété publique en termes d’efficacité économique et sociale. Ce choix, bien qu’il ne remette pas en cause la stratégie globale de privatisation, a donné à l’État grec la flexibilité nécessaire pour évaluer les différentes méthodes possibles de développement de ses actifs et pour choisir la plus rentable dans chaque cas.

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