Par l’entremise de contrats de “partenariat”, les plateformes se dédouanent de leur rôle d’employeur.
Une des conditions pour travailler chez Deliveroo, UberEats et consorts est d’acquérir le statut d’autoentrepreneur. Sur leurs sites respectifs, ces plateformes proposent au futur coursier d'”être son propre patron” et de profiter de cette liberté pour travailler autant ou si peu qu’il le souhaite. Par l’entremise de contrats de “partenariat” plutôt que de contrats de travail, ces entreprises se dédouanent de leur rôle d’employeur et ne doivent donc pas s’acquitter de cotisations sociales ni assurer leurs travailleurs. Et pourtant, le lien de subordination caractérisant l’emploi salarial est bien présent. Il est symbolisé par l’obligation pour tout coursier de s’acquitter d’une caution (150 €) pour obtenir le matériel à l’effigie de la plateforme et de le porter lorsqu’il travaille. Les mobilisations sociales qui ont eu lieu au Royaume-Uni, mais aussi en France, ont justement comme revendication principale d’éclaircir ce flou.
Parmi les coursiers, deux tendances existent. Les uns souhaitent être revalorisés en tant que salariés pour pouvoir bénéficier de plus de protections et forcer leur employeur à payer des cotisations sociales, alors que d’autres, n’ayant pas pour objectif de travailler longtemps dans ce secteur ou y travaillant de manière complémentaire, préfèrent un statut d’indépendant. Ces deux tendances s’accordent tout de même pour exiger une clarification de leur statut.
Antonio, comédien et marionnettiste, travaille chez Deliveroo pour arrondir ses fins de mois: “Nous, on est payé de manière misérable pour faire des livraisons et en plus ils veulent qu’on fasse la publicité de leur entreprise de laquelle on n’est même pas salarié ? Mais non ! Ça, c’est profiter des gens !”.