Le syndicalisme en restructurations.

Enquêtes ouvrières en Europe - Episode 1
Engagements et pratiques de délégués d’entreprises multinationales en Argentine et en France

Dans un contexte de précarisation et d’atomisation du monde du travail, le syndicalisme doit se réinventer et se renouveller. Les bureaucrates peuvent s’enliser dans les réunions de représentation du personnel. En revanche, le syndicalisme de base peut s’appuyer sur les revendications des salariés pour développer des pratiques d’action directe collective.

La culture ouvrière et syndicale se consolide dans les grandes usines au cours du XXe siècle. Une restructuration des entreprises passe par les plans de licenciements, l’externalisation d’activités, les formes d’emploi précaires et la diffusion de nouvelles méthodes managériales. La cohésion des collectifs de travail et les solidarités pratiques se sont effritées. Néanmoins, le syndicalisme perdure dans le secteur industriel, notamment dans les grandes unités de production qui appartiennent à des multinationales.

En France, les syndicalistes participent à des instances de représentation du personnel. La négociation collective ne cesse de se développer. En Argentine, les entreprises ne permettent pas l’existence de syndicats d’entreprise représentatifs et autonomes. La négociation par branche prédomine. Même si certains délégués valorisent le « syndicalisme de terrain » et le recours à l’action collective. Pierre Rouxel propose une recherche comparée sur des usines en France et en Argentine dans le livre Le syndicalisme en restructurations.

Les restructurations d’entreprise contribuent à affaiblir la combativité syndicale. Dans une usine de papier, la sociabilité ouvrière passe par la CGT. Durant les années 1970, les grèves sont fréquentes. Cependant, l’usine est rachetée par un groupe multinational qui peut délocaliser. Les grèves deviennent alors ponctuelles, parfois de quelques heures, et uniquement dans le contexte des négociations annuelles obligatoires (NAO). La nouvelle génération de syndicalistes est marquée par la précarité et les changements réguliers d’établissement. Ce qui la rend moins sensible au registre combatif historiquement valorisé au sein du syndicat.