Dans le but de discréditer les personnes proches des milieux écologistes, certains les qualifient de bisounours sous prétexte qu’ils « veulent protéger les fleurs et les petits oiseaux », sont pacifistes, mangent peu ou pas de viande par respect du vivant ou récusent les stratégies prônées par un certain Machiavel… Ce ne sont pas ces « doux »-là dont je voudrais vous entretenir aujourd’hui mais d’une autre variété de bisounours : ceux qui font mine de ne supporter aucune violence et dénoncent dès lors la moindre expression un peu forte d’une opinion.
Certes, il n’y a pas le moindre doute là-dessous : c’est une très bonne chose que dans nos sociétés européennes, dites développées, la violence soit en très forte régression. Non seulement les statistiques le prouvent mais l’état d’esprit de la toute grosse majorité de nos contemporains rejette la violence, qu’elle soit tournée vers les personnes et même contre les objets. Par exemple, ces derniers temps, une puissante évolution a fort heureusement eu lieu pour dénoncer les violences faites aux femmes, cristallisée dans les mouvements #MeToo ou #BalanceTonPorc.
Le mépris de classe
Mais on est en droit de se demander si certains n’utilisent pas ce rejet de la violence pour discréditer les modes d’action ou les manières de s’exprimer qui sont plutôt celles des classes dominées dans nos sociétés. Par exemple, on se souviendra du « très propre sur lui » Poujadas posant trois fois de suite la même question à je ne sais plus quel politique : « Mais est-ce que vous la condamnez, cette violence ? », à propos des directeurs des ressources humaines (sic) qui avaient eu – oh horreur ! – leurs chemises arrachées alors qu’ils fuyaient une action syndicale. Cette violence était apparemment « insupportable » aux yeux du présentateur télé. Les 2.900 employés licenciés (cause de l’action « violente » dénoncée par tous les médias aux ordres), leurs semaines, leurs mois, leurs années de galère, voire leur vie gâchée, ça c’est une violence invisible aux yeux de la caste des winners.
Pour accéder à l’intégralité de cet article, vous devez vous connecter (connexion) ou souscrire à l’Abonnement numérique.
Alain Adriaens