Le polar américain et la ville

Le polar américain marque les imaginaires de la pop culture. Ce genre littéraire se penche sur les bas-fonds et les ambiances urbaines. Il explore la corruption de la classe dirigeante avec les liens entre les mondes du crime, de l’économie et de la politique. Le polar exprime une critique de l’ordre social. 

Le roman noir repose sur la figure du détective privé. Mais ce personnage s’inscrit dans un décor urbain nocturne avec ses bas-fonds, ses hôtels miteux et ses ruelles sordides. La ville apparaît toujours sourde, sombre et crépusculaire. Cette cité de violences, d’ombres et de fureurs traverse le roman policier et lui imprime sa marque.

Néanmoins, ce genre littéraire reste traversé par des différences. Dans le roman policier classique, la ville reste un simple décor qui sert de cadre autour d’un récit centré sur une énigme sur l’identité du tueur. Le lieu semble secondaire. En revanche, le roman noir accorde une importance centrale à la ville. Ce genre littéraire n’insiste plus sur l’identité du tueur, mais préfère se pencher sur les causes du crime.

Au contraire, le roman policier classique se veut plus rassurant. Il repose sur un meurtre presque rituel et se termine par la restauration de l’ordre. En revanche, dans le roman noir, le désordre est admis d’emblée. Ce courant se penche sur le monde concret avec l’univers complexe et contradictoire de la ville dans les sociétés industrielles. Jean-Noël Blanc explore cet univers dans le livre Polarville.

 

Ambiance urbaine

Le polar reste un genre méprisé. Son style sec et épuré, son emprunt à l’argot des bas-fonds, son rythme brutal permettent de restituer l’ambiance de la ville. Mais les auteurs de polars sont alors peu considérés comme des grands stylistes à la langue sophistiquée. Surtout, le polar semble formaté pour plaire au grand public. Les scènes d’action et de violence imposent un rythme dynamique. Les codes du polar semblent également reprendre les même stéréotypes : le détective solitaire, la femme fatale, le flic borné et brutal, le politicien véreux. Les lieux de l’action semblent également codifiés : le bar louche, les ruelles nocturnes, la gare, les terrains vagues. Mais ces codes d’écriture définissent une manière de parler de la ville et construisent un discours urbain spécifique.