Le mois d’AOÛT de Reporterre

Chaque mois, POUR vous présentera une sélection d’articles du magazine écologiste en ligne français Reporterre.net.
.
N’oubliez pas :
SOYEZ FIER.E.S. NOUS SOMMES LES CINQUANTE NUANCES DE GAUCHE.
NOUS CHANGEONS LE MONDE EN MIEUX.
EUX PAS.

.

 ARTICLE 1 

James C. Scott, anthropologue et penseur des sociétés sans État, est mort

.

Après David Graeber en 2020, c’est un autre pionnier de l’anthropologie anarchiste étasunienne qui nous quitte. James C. Scott est mort le 19 juillet à l’âge de 88 ans. Il laisse derrière lui une œuvre considérable et précieuse. Spécialiste des sociétés sans État, ce grand chercheur à l’université de Yale s’est évertué toute sa vie à déconstruire les récits dominants de notre époque. Éleveur de brebis, il avait les deux pieds ancrés dans la terre, et vivait sur sa ferme à Durham, à une trentaine de kilomètres de New Haven (Connecticut, États-Unis)

Dans Zomia ou l’art de ne pas être gouverné, (traduit en 2013 en français au Seuil), l’anthropologue s’est intéressé aux peuples d’Asie du Sud-Est qui vivent dans des régions montagneuses et qui ont souhaité maintenir toute forme d’organisation étatique à bonne distance de leur existence. Il y démontre que l’agriculture itinérante ou l’oralité ne sont en aucun cas les étapes préliminaires de notre monde développé mais de vrais choix politiques, que des peuples libres et farouches entendent bien défendre.

Comment l’humain s’est autodomestiqué

Pour James C. Scott, le processus de civilisation n’a rien de linéaire, le progrès relève du mythe. Dans Homo Domesticus, un livre paru en 2019 à La Découverte que Reporterre avait recensé, il révèle, à grand renfort d’études archéologiques, comment la création des premiers États et de l’agriculture sont allés de pair avec l’aliénation des populations. 

 

 ARTICLE 2 

Perte dramatique d’efficacité des puits de carbone en 2023

.

Serions-nous à l’orée d’une boucle de rétroaction positive qui va emballer les changements climatiques ? D’après une étude publiée lundi 17 juillet, les puits de carbone terrestres, composés de sols et de forêts, ont massivement perdu en efficacité en 2023. Avec les sécheresses et les incendies qui se sont multipliés, leur rôle d’absorbeur mondial de CO2 a tourné en sous-régime, à environ un tiers, voire un cinquième de ses capacités moyennes. Alors qu’ils avaient absorbé 9,5 milliards de tonnes de CO2 en 2022, forêts et sols n’ont retenu qu’une fourchette située entre 1,5 milliard et 2,6 milliards de tonnes de CO2 en 2023. Principales causes : la sécheresse en Amazonie et les feux de forêts du Canada et de Sibérie, qui détruisent des arbres prompts à stocker du CO2.

Ces résultats, issus des travaux d’une équipe d’une quinzaine de chercheurs, ont été présentés lundi 29 juillet lors d’une conférence internationale sur le cycle du carbone organisée au Brésil. L’un de ses auteurs, le climatologue Philippe Ciais, a exprimé son inquiétude. « Si cet effondrement se reproduisait dans les prochaines années, nous risquons d’observer une augmentation rapide du CO2 et du changement climatique au-delà de ce que prévoient les modèles », prévient le directeur de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement.

Durant la dernière décennie, ces puits de carbone terrestres ont avalé jusqu’à 7,3 milliards de tonnes de CO2 chaque année. Le niveau observé l’année dernière est le plus bas depuis vingt ans. Ces chiffres incluent le déstockage du carbone provoqué par les changements d’affectation des sols, comme la déforestation. Le pire, c’est qu’avec le réchauffement qui augmente la fréquence et l’intensité des canicules, sécheresses, incendies et autres phénomènes extrêmes, les puits terrestres devraient continuer à s’affaisser à moyen ou long terme.