Mexico, 3 mai 2022 – Hier matin, une visio-conférence projetée au Palacio de Minería à Mexico, ville hôte du 20ème Forum social mondial, regroupait des panélistes hispanophones de l’Équateur et de l’Argentine, des panélistes anglophones du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de l’Afrique du Sud, et des auditeur.tric.es réparti.e.s à travers le monde.
En combinant justice économique, sociale et environnementale, nous obtenons alors l’idée de la dette écologique. Tel qu’expliqué par le site https://debtforclimate.org/fr/, voici ce concept en quelques faits saillants :
- Les pays développés du Nord Global ont une dette écologique envers les pays du Sud Global.
- Ainsi, le Nord Global doit au Sud Global des réparations ainsi que l’annulation des dettes internationales des nations appauvries.
- En payant aux pays du Sud Global une compensation afin que les combustibles fossiles puissent être laissés dans le sol, le Nord Global pourrait commencer à payer sa dette écologique envers le Sud Global.
- L’objectif ultime du mouvement prônant la dette écologique est de « renverser la diplomatie du piège de la dette en annulant la dette des nations appauvries comme moyen de paiement pour laisser les combustibles fossiles dans le sol, et ainsi financer une transition [écologique] juste. »
Ainsi, lorsqu’il est question de dette écologique, il est question de justice climatique, sociale et économique, et de réparation des torts commis par le Nord Global aux nations du Sud Global par le biais de réparations qui sont dues depuis trop longtemps maintenant. Qu’attendons-nous pour agir ?
Pour en apprendre plus sur la dette écologique et pour se joindre à la cause, ci-dessous:
Échange dette-climat
https://debtforclimate.org/fr/ Les pays du Sud Global, ainsi que certains pays périphériques au sein même du Nord Global, sont en même temps étranglés économiquement par des dettes financières massives accordées par des institutions financières internationales sous le contrôle des pays les plus riches du Nord Global, comme le FMI, la Banque Mondiale, le Club de Paris, etc. L’étranglement financier se traduit par un étranglement politique au profit des intérêts des pays développés qui contrôlent ces organisations et leurs entreprises, en utilisant les mécanismes bien connus de la diplomatie du piège de la dette pour approfondir le pillage néocolonial des ressources naturelles des pays assujettis. Dans de nombreux cas, il s’agit également de dettes odieuses, obtenues illégalement et/ou par la corruption, souvent de manière anticonstitutionnelle, avec des gouvernements de facto, et/ou en violation des statuts des organisations de crédit elles-mêmes. L’Argentine est devenue un cas emblématique de résistance au colonialisme du piège de la dette lorsque, en 2001, des soulèvements populaires massifs ont chassé le gouvernement et ses politiques dictées par le FMI, entraînant un défaut de paiement et une renégociation de la dette. Par un tragique retournement de l’histoire, 20 ans plus tard, l’Argentine se retrouve à nouveau aux prises avec le FMI, qui lui a accordé le plus grand prêt de son histoire (44 milliards de dollars) pour aider le président de droite Macri à se faire réélire. Il l’a fait en enfreignant ses propres statuts et sans l’approbation du Congrès argentin. Aujourd’hui, le gouvernement qui a succédé à Macri négocie un nouvel accord avec le FMI, qui légitimerait l’accord illégal précédent tout en s’endettant davantage pour pouvoir rembourser le prêt précédent. Ce cycle pervers et les conséquences économiques et environnementales dramatiques du pillage associé aux mandats du FMI font que des centaines de milliers de personnes redescendent dans la rue. 20 ans plus tard, le peuple argentin peut à nouveau montrer la voie contre ce colonialisme piégé à dettes et appelle les peuples du monde à se joindre à cette action globale! Il existe un mouvement mondial qui demande des réparations coloniales et l’annulation des dettes internationales des nations appauvries et ces voix se multiplient presque quotidiennement. Après l’énorme choc économique causé par la pandémie de Covid-19 sur ces pays, les voix se sont multipliées pour demander l’annulation des dettes du Sud. Cependant, il est peu probable que les mêmes pays responsables du pillage historique et du colonialisme qui contrôlent les organismes internationaux de prêt cèdent à ces demandes par simple bonne volonté et générosité. Jusqu’à présent, les initiatives demandant aux pays développés de payer pour laisser les combustibles fossiles dans le sol des pays du Sud n’ont pas non plus été couronnées de succès, comme ce fut le cas pour l’initiative Yasuní-ITT en Équateur il y a plus de 10 ans. Cependant, il existe un large consensus sur le fait que le Nord Global devrait commencer à payer sa dette écologique envers le Sud Global, ce qui peut être réalisé en payant ce qui serait nécessaire afin que les combustibles fossiles puissent être laissés dans le sol… |
Agathe Plez*,
4.mai 2022 – Mexico – Pressenza IPA
* Agathe Plez est membre du Collectif international de la jeunesse francophone au Forum social mondial