Appel des artistes de l’Agora des Habitants de la Terre
dans le cadre de la journée mondiale de l’eau (22 mars)
En cette Journée Mondiale de l’Eau pour la Vie,
Nous, artistes de l’Agora des Habitants de la Terre, paraphrasant le grand jazz man Archie Shepp disons : « nous ne sommes pas en colère mais enragés ! Vous ne pouvez plus différer notre rêve, nous allons le chanter, le danser, le crier, si nécessaire nous le volerons à cette terre… » et appelons les femmes et les hommes assoiffés de Justice et de Paix à construire une Autre Humanité.
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NOUS DÉNONÇONS COMME INADMISSIBLES :
- La spoliation de la Vie par la violence faite à l’autre, les guerres, les génocides, les famines.
Nous appelons à bannir la guerre et toute forme de violence et d’exploitation de l’homme par l’homme, pratiques monstrueuses et indignes de l’humanité, qui depuis 5000 ans font couler le sang, sèment la mort et se nourrissent de mensonges. Non, l’Ukraine n’a pas été brisée pour le partage de ses terres rares ! Non, Gaza n’a pas été ratiboisée et ses habitants massacrés pour réaliser l’opprobre d’une injurieuse nouvelle Riviera, ni pour ouvrir un canal de Suez bis, bénéfique à Israël et à la Grande Finance ! Non ?! Et pourquoi sinon ?! Nous refusons de bâtir l’Histoire sur les génocides de nos frères et de nos sœurs !
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- La spoliation de la Vie par le piétinement, la négation des droits universels humains.
Nous appelons à lutter contre toute suppression ou diminution des libertés fondamentales ; contre le non-respect des droits humains ; contre les stratégies hégémoniques et abrutissantes du capitalisme qui aujourd’hui manipulent nos volontés jusqu’à l’élection de représentants milliardaires, ceux-là même qui naguère votaient des élus pour œuvrer à leur place, en nous vendant les beaux principes de liberté, d’égalité, de fraternité, et qui aujourd’hui, menteurs arrogants, dictent lois et gouvernent selon des critères de rentabilité.
- La spoliation de la Vie par la destruction des biens communs mondiaux, de la nature et notamment la prédation de l’eau.
Nous appelons à combattre toute prédation du vivant, toute gestion sous forme d’appropriation des biens communs mondiaux (eau potable, santé, éducation, culture, terre, logement…), toute confiscation du droit universel à la santé et au savoir par le biais de « la brevetabilité du vivant à titre privé et à but lucratif ainsi que de l’Intelligence Artificielle »* et toute financiarisation des droits à la Vie sous quelque forme que ce soit, y compris le remplacement du concept de droit par celui d’accès sur une base équitable à un prix abordable. Mettons hors la loi toute forme d’empoisonnement des sols, des mers, des cours d’eau et des nappes phréatiques par des substances toxiques ou polluantes. Car nous avons conscience que la planète Terre est notre unique habitat vivable, notre trésor ; que comme tel, il nous incombe de la respecter et que les ressources vitales qu’elle contient, étant indispensables à la Vie, doivent être partagées équitablement, selon les lois du vivre ensemble et non aliénées à la financiarisation effrénée ! Serions-nous devenus aveugles, insensibles, indifférents à ce crime hors normes contre l’humanité qui se trame sous nos yeux, cet écocide qui réclame des soins immédiats si nous voulons que les enfants de nos enfants puissent y vivre et non y survivre ?
- La spoliation de la vie par l’expropriation du futur.
Nous appelons à refuser de voir le futur de l’Humanité confisqué à cause des multiples spoliations perpétrées par le système dominant. Où est l’humain dans tout cela, où est la démocratie si chèrement conquise ? De quel monde sommes-nous encore les citoyens ? Habitants de la terre, nous sommes partagés entre ceux que les forces d’argent ignorent et ceux qu’elles endorment. La spoliation a remplacé le partage. C’est elle qui commande et qui étendra son emprise si nous restons douillettement retranchés dans notre confort et nos petits avantages individuels !
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NOUS CROYONS QUE :
- Grâce aux valeurs inaliénables de liberté, de justice, et dans le respects des droits humains, nous pouvons tous devenir défenseurs des élans de la vie, de la tendresse des cœurs, du merveilleux que l’on saccage, et construire une Autre Humanité fondée sur l’entraide, l’égalité, la solidarité, la responsabilité, le respect des ressources de notre Terre, ainsi que le droit aux biens communs publics mondiaux.
- Cette Autre Humanité, indignée par l’emballement et l’escalade de la plupart des Nations vers une augmentation des dépenses destinées à l’armement, sous l’impulsion déraisonnable des états les plus belliqueux de la planète, sera capable de rejeter fermement les désastreux concepts de guerre défensive, guerre juste, guerre par légitime défense, ou encore de paix armée, ainsi que celui cher à l’auteur romain Végèce (IV – V siècle) : Igitur qui desiderat pacem, praeparet bellum (si tu veux la paix, prépare la guerre) et construira une Paix Mondiale Durable (PMD).
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NOUS NOUS ENGAGEONS :
- À établir des liens avec les artistes, les femmes et les hommes désireux de nous rejoindre, pour créer, par nos moyens artistiques, un réseau international porteur de projets qui inaugurent une Autre Humanité.
- À propager Justice et Paix, à l’image de l’Eau pour la Vie, à travers :
Nos paroles et nos écritures, nos danses, nos créations radiophoniques, nos chants, nos scénographies, nos actes scéniques, nos images, nos dessins, nos éclairages, nos stand up, nos statues, nos costumes, nos doutes, nos sculptures, nos compositions, nos peintures, nos maquillages, nos chorégraphies, nos numéros de clown, de cirque, de magie, nos acrobaties, nos graphismes, nos spectacles équestres, nos jongleries, nos one man et woman show, nos rêves éveillés ou endormis, nos promenades, nos déjeuners sur l’herbe, nos personnages, nos livres, nos caresses, nos chutes, nos cabarets, nos désirs, nos gâteaux, nos recettes de cuisine, nos bricolages, nos baignades, nos pâtes aux cèpes, nos délires, nos amours, nos mensonges, les siens… les leurs, les nôtres, les vôtres, les tiens…, nos couleurs, nos indigestions, nos couchers de soleil, nos levers de lune, nos dunes, nos animaux, tous nos insectes, nos monstres aimants, nos messages, nos massages, nos choux de Bruxelles, nos rencontres, nos mères et nos pères, nos frères et nos sœurs, nos arbres, nos forêts, nos plages, notre sable et ses châteaux, nos carnets secrets ou de bal ou roses, nos fleurs préférées ou les oubliées, nos campagnes sous la pluie et l’odeur qui s’en suit, les parfums qui fuient, nos moucheries, nos guérisons, nos dons dis donc ! Nos fâcheries, nos moqueries, nos rassemblements pacifiques, nos rires et nos larmes, nos après-midi, nos après l’amour, nos après l’orage, nos après tout, nos après vous… nos révolutions, nos conduites et nos inconduites, nos mystères et les siens… les tiens, l’autre qui nous tend la main et qu’on loupe ou qu’on attrape par hasard en descendant du train qui part parce qu’on a décidé de rester dans ses bras et que la VIE est VIVE, comme une source d’eau pure qui nous apprend à dire OUI, à éclairer… à aider sans le montrer, ni le dire, rien qu’en le faisant, parce que c’est aussi évident et difficile que d’aimer et d’apprendre… parce qu’on croit tout savoir et qu’on ne sait rien, on ne sait surtout pas pourquoi il y en a qui se battent et tuent et torturent et emprisonnent et coupent des mains et enchaînent leur prochain qui en crève ! Nos MERCI ! Ceux que l’on dit, ceux que l’on tait, ceux que l’on ne dit jamais… Jamais MERCI ?! Jamais ?! Alors que tout nous y conduit… Comme tout conduit à l’Eau qui est la VIE, au partage, au vrai, aux justes, à la vérité qui n’existe pas, puisque chacun a la sienne et pourtant il faut en trouver une qui soit commune, qui nous rassemble, nous ressemble, tisse les liens impérissables, nécessaires entre résistant.es, révolté.es, indigné.es, assoiffé.es, désirant.es. Oui, désirants.es!
Pour que nos enfants et nos petits-enfants n’aient pas honte d’avoir été mis au monde…
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Les artistes de l’Agora des Habitants de la Terre
*Riccardo Petrella, Lettre aux enfants et aux petits-enfants, Ed. Couleur livres