Féminisme : « Ce n’est pas possible de réformer à la marge le statut des femmes »

Aurore Koechlin est une sociologue française, militante féministe et anticapitaliste, autrice de « La révolution féministe » (éditions Amsterdam, 2019). Elle participera ce 13 juin au « Vendredi rouge » de Déi Lénk, une soirée consacrée à une réflexion sur les luttes féministes contemporaines. Elle explique au woxx les différents enjeux du mouvement féministe actuel et pourquoi le féminisme doit être révolutionnaire.

woxx : Vous utilisez la notion de « vagues » pour périodiser l’histoire du féminisme. Quelles sont-elles ?

Aurore Koechlin : J’utilise en effet cette périodisation – qui est plus militante qu’historique – parce qu’elle permet de fixer de grands moments d’irruption féministe dans l’Histoire et de montrer quelles ont été les revendications centrales. Elle permet aussi de s’approprier l’histoire du féminisme, méconnue car invisibilisée, même si elle constitue une forme de simplification.

On considère généralement qu’il y a eu trois vagues principales. La première a eu lieu de la fin du 19e siècle au début du 20e siècle et a consisté à revendiquer l’égalité des droits politiques, notamment le droit de vote. Une deuxième vague a eu lieu dans les années 1960-1970 – ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas eu de mobilisations dans l’entre-deux-vagues. Souvent mieux connue, elle a consisté à revendiquer la liberté à disposer de son corps, avec la légalisation de la contraception et de l’avortement. L’existence de la troisième vague, quant à elle, est souvent sujette à contestation. En effet, contrairement aux deux premières vagues, elle n’a pas donné lieu à des mobilisations de masse dans la rue. Il s’agit plus d’un questionnement théorique, mais qui va toutefois avoir des conséquences profondes pour le mouvement féministe. Elle a lieu dans les années 1990, avec l’émergence de nouvelles théories, notamment la théorie queer et l’intersectionnalité. Cette troisième vague complexifie le sujet du féminisme et insiste sur la nécessité de penser celui-ci en lien avec les dominations sociales existantes, en particulier en lien avec les questions et les mobilisations LGBTQI+ et antiracistes. Il s’agit de prendre en compte le fait que l’axe « genre » est traversé par des questions de sexualité, de race, de classe, et qu’on ne peut donc pas isoler la question féministe des autres problématiques.

Source : https://www.woxx.lu/feminisme-ce-nest-pas-possible-de-reformer-a-la-marge-le-statut-des-femmes/


By Woxx

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