Nous partageons ici l‘article de l’Observatoire International des Prisons (OIP). L’OPI a pour objectifs la surveillance des conditions de détention des personnes privées de liberté et l’alerte sur les manquements aux droits de l’Homme dont la population carcérale peut faire l’objet. |
En 2013, à l’occasion de la publication de sa notice, l’Observatoire International des Prisons (OIP) affirmait que la construction de nouvelles prisons n’a jamais réglé les problèmes de surpopulation et que l’exécution des courtes peines de prison produit des effets désastreux et contreproductifs pour la société.
En 2016, l’OIP publiait une nouvelle notice. À l’occasion de sa sortie, nous rappelions que la Belgique restait en défaut d’exécuter la décision de la CEDH rendue le 25 novembre 2014 (Vasilescu c. Belgique). Dans cet arrêt, la Cour a constaté que le problème de surpopulation carcérale était structurel et enjoignait la Belgique à prendre des mesures permettant d’y mettre fin. Nous rappelions que l’extension du parc carcéral ne saurait être considéré comme une solution. Nous dénoncions le choix catastrophique du partenariat public privé comme méthode de gestion de l’extension du parc carcéral. Enfin, nous pointions plusieurs condamnations de la Belgique par la CEDH pour le sort qu’elle réserve, dans les prisons, aux internés.
Nous sommes en 2024 et les constats rassemblés dans notre nouvelle notice sont au-delà de nos craintes….et confirment malheureusement la justesse et la gravité des alertes que nous avons formulées par le passé.
Les nouvelles prisons débordent toutes, le coût de la détention n’a jamais été aussi élevé et les internés continuent de croupir dans des lieux indignes, malgré de nouvelles condamnations de la Belgique à cet égard.
Les Ministres de la justice successifs ont décidé de foncer droit dans le mur, tête baissée, pour faire exécuter les peines de prison de moins de trois ans, fermant les yeux sur la réalité de terrain et sur les analyses des experts, imposant leur réforme dans un exercice de musculature politique grotesque. Dans le même temps, les astreintes encourues par l’Etat belge en raison des traitements inhumains et dégradants des personnes détenues se chiffrent en millions, sans que cela ne fasse sourciller.