Le consentement à l’écrasement de Gaza a créé « une immense béance dans l’ordre moral du monde (…) C’est le soutien à sa destruction que retiendra l’histoire ». Ces premières lignes très fortes du dernier livre de Didier Fassin « Le consentement à l’écrasement de Gaza, une étrange défaite », publié aux éditions La Découverte, donne la mesure de la tâche qu’il s’est fixée à travers ce livre : collecter pour mémoire toutes les séquences qui, depuis les attaques du 7 octobre, ont signé « la faillite morale de la plupart des gouvernements occidentaux ». Elles donnent aussi le ton de cet entretien que le médecin, anthropologue, professeur à Princeton et au Collège de France – dont le parcours et l’œuvre s’articulent autour de la question fondamentale de « l’inégalité des vies » – accorde à Soumaya Benaissa.
Vidéo de l’entretien
« Une étrange défaite. Sur le consentement à l’écrasement de Gaza » par Didier Fassin
Cet acquiescement à la dévastation de Gaza et au massacre de sa population par l’État d’Israël, à quoi s’ajoute la persécution des habitants de Cisjordanie, a suscité l’indignation de celles et ceux qui, tout en condamnant les actes sanglants ayant déclenché l’offensive, rappelaient les décennies de spoliation, de violence et d’humiliation qui les avait précédés et refusaient la poursuite de l’écrasement d’un peuple et de l’effacement de sa mémoire. Mais on les a stigmatisés et réprimés. Une police de la pensée s’est imposée. Le détournement des mots et l’inversion des valeurs ont mis à l’épreuve l’intelligence politique et le discernement moral. Ce livre de Didier Fassin propose une archive et une analyse de cette abdication historique.
Didier Fassin,
chercheur en anthropologie, professeur au Collège de France et à l’Université de Princeton, est interviewé sur son livre “Gaza, la fabrique du consentement occidental” et sur la situation à Gaza, par Souayma Benaissa, Blast, via AURDIP. Article contenant une vidéo.
A LIRE, “Sur le 42eme anniversaire de Sabra et Chatila, sur le chemin sanglant des génocides d’Israel”, sur le blog Le Grand Soir, 20 septembre 2024, Medhi Messaoudi, journaliste ayant couvert les événements, en accès libre.
A LIRE, le point de vue d’un opposant israélien de longue date à Netanayhou et à sa politique, pacifiste et partisan de la reconnaissance des droits palestiniens, via une solution à 1 Etat.
■Gideon Levy, journaliste, ancien journaliste militaire lors de la guerre de 1967, ancien directeur de publication du Haaretz (quotidien libéral, au sens americain, israélien, en anglais et en hébreu), ancien collaborateur de Shimon Perez (dirigeant travailliste), notamment Prix fur die Freiheit und der Zukunft der Medien en 2003, Prix Olaf-Palme en 2015 et Prix Sokolov du journalisme israelien en 2021, chroniqueur du Haaretz, partisan d’une solution à 1 Etat, fin connaisseur de Gaza depuis 40 ans, une des “bêtes noires”, hai, de la droite et de l’extrême droite israélienne, menacé de nombreuses fois notamment pour ses prises de position en faveur de la solution à 1 Etat et en faveur des droits des palestiniens. De ses 2 fils, Gideon Levy dit “qu’ils ont rompu avec lui, qu’il ne les voit plus et qu’ils ne lisent jamais un de ses articles”. Articles traduits par Fausto Giudice.
●”Pour Israel, les enfants assasinés méritent d’être pleurés sauf s’ils sont palestiniens”, 11 août 2024, Haaretz.
■Tlaxcala-int, créé en 2005, est un réseau de traducteurs pour la diversité linguistique animé notamment par Fausto Giudice, mettant à disposition des articles reflétant une vision progressiste d’informations, d’analyses et d’opinions dans une optique internationaliste.
Fausto Giudice, né en 1949, d’origine italienne, vit actuellement en Tunisie, après avoir vécu dans plusieurs pays européens dont la Belgique. Début des années 1970, il est journaliste a l’Agence de Presse Libération puis au quotidien du même nom. Engagé dans de nombreux combats internationalistes, notamment en soutien au peuple palestinien et aux zapatistes de l’EZLN, il milite également a l’association anticoloniale française Survie, dont le siège est dans les locaux du CEDETIM à Paris.
A LIRE, sur le mouvement étudiant en faveur de la Palestine.
●”Répression du mouvement étudiant pour la Palestine : 90 personnes convoquées pour être auditionnées, des moyens colossaux utilisés”, 30 septembre 2024, sur Bruxelles Devie, en accès libre.
●”La liberté d’expression dans les Universités”, recommandations de Gina Romero, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit au rassemblement et à la liberté d’association, en application du Pacte international sur les droits civils et politiques, Aurdip, 5 octobre 2024, en accès libre.
AURDIP ou Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine est une organisation française d'universitaires créée en liaison avec la Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d'Israel PACBI et avec l'organisation britannique BRICUP.
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