Devoir de vigilance des entreprises : « Le Luxembourg doit admettre ses responsabilités »

Le 24 avril, le Parlement européen a définitivement adopté la directive sur le devoir de vigilance, obligeant les entreprises à prévenir et à réparer, le cas échéant, les violations des droits humains et environnementaux liées à leurs activités économiques, sur l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement. Jean-Louis Zeien, coordinateur de la coalition luxembourgeoise Initiative pour un devoir de vigilance, décrypte la portée de cette législation européenne pour le Luxembourg.

woxx : La directive sur le devoir de vigilance est finalement moins ambitieuse que ce qu’en attendait la société civile. S’agit-il tout de même d’une avancée ?

Jean-Louis Zeien : En une phrase, c’est une directive européenne historique, mais diluée. Didier Reynders, le commissaire européen chargé de la justice, a dit dès le début que tout pays qui veut apporter des améliorations à la directive sera libre de le faire. Il faut considérer ce texte comme un socle minimal. Pour un pays comme le Luxembourg, qui est membre du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, il y a une responsabilité minimale à se mettre en conformité avec tous les textes internationaux sur les droits humains et environnementaux.

Les organisations patronales luxembourgeoises accueillent mal ce texte. La Fédération des industriels luxembourgeois (Fedil) y voit une surcharge bureaucratique et un danger pour la compétitivité nationale et européenne. Elle insiste sur la menace que ce texte ferait peser sur les PME.

La Fedil se fait la porte-parole de Business Europe, qui a mené un combat dès le début contre cette directive. Le vrai défi du texte n’est pas la question de la bureaucratie, mais le respect des droits humains dans les activités économiques. Les PME ne sont pas menacées. La directive introduit des garde-fous pour les protéger contre d’éventuels abus de grands groupes qui voudraient déléguer leur responsabilité vers elles. Les PME sont certes responsabilisées, mais on ne va pas pouvoir faire les choses sur leur dos. Il faut donc arrêter avec ces jeux de lobbying.