De l’utilité des interpellations communales citoyennes

Vous ne savez pas pour qui voter aux communales? Voici une méthode qui vous permettra de voir plus clair: faites une interpellation citoyenne sur un sujet qui vous parait important pour l’avenir! La démonstration souveraine de l’utilité de cette démarche est en cours à Ottignies-Louvain-la-Neuve.

Nous devrions être plus nombreux à poser les questions qui nous préoccupent à nos élus les plus proches. Même lorsqu’il s’agit de matières qui en apparence ne sont pas de leur ressort, les réponses qu’ils donnent à ces interrogations sont révélatrices de leurs véritables positionnements politiques. Ainsi donc, à Ottignies-LLN, commune à majorité Ecolo-PS -CDH, l’interpellation communale portée par un citoyen inspiré par la démarche de Bouli Lanners à Liège, et celle plus large de l’ASBL Fin du nucléaire, avait amené le bourgmestre, Jean-Luc Roland (Ecolo), à déclarer qu’en cas d’accident nucléaire de niveau 6 ou 7 (comme à Tchernobyl et Fukushima) “tout le monde serait dépassé par l’événement et il serait difficile de mettre un plan en œuvre. C’est une des raisons pour lesquelles il y a lieu d’être contre le nucléaire. Nous allons soumettre un texte lors d’un prochain conseil communal”.

Mais la motion qui sera soumise au vote communal ce soir comprend des amendements qui la rendent dérisoire, et même pire, contre-productive ! Ce texte est toutefois intéressant en ce qu’il révèle le manque de courage et de vision des élus qui l’ont amendé. Non seulement il ne répond pas à la seule véritable requête de cette interpellation citoyenne : que la commune demande l’arrêt immédiat des réacteurs belges les plus vétustes, et qu’elle mette en place ses propres plans d’information, de prévention et d’action pour sa population. Mais
au-delà de cette couardise, cette motion discrédite les inquiétudes citoyennes, et devient quasiment un plaidoyer pour la prolongation du nucléaire par l’adjonction d’amendements pro-nucléaires, dont voici le plus flagrant :

« Considérant (…) les conclusions de l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) qui garantit la sécurité des installations nucléaires »

Faut-il rappeler qu’au Japon, cette « garantie » était aussi offerte en ce qui concerne la sécurité de Fukushima ?

Faut-il rappeler aussi à nos élus « Ecolo », que l’ étude commandée par les Verts européens au consultant nucléaire Ilse Tweer concluait que le rapport de l’AFCN n’était pas valable ? Faut-il leur rappeler qu’en page 2 de ce rapport (élément parmi d’autres d’un dossier sérieusement constitué), qui a été confié aux autorités communales d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, il est écrit qu’ « une cuve de réacteur avec des milliers de défauts – et avec des défauts d’une telle taille – ne serait pas homologable, ni aujourd’hui, ni à l’époque de sa fabrication. » ?

Aujourd’hui, Thierry Bourgeois, le citoyen qui a porté cette interpellation communale, demande aux élus de rejeter cette motion devenue inutile et dérisoire, et il a raison. Liège, Verviers, Dison ont voté pour l’arrêt immédiat des deux réacteurs fissurés. Il ne faut pas être un anti-nucléaire rabique pour prendre cette position en tant qu’élu communal : il suffit d’admettre, comme le font aujourd’hui d’honnêtes gens au sein-même de l’industrie nucléaire, que ces réacteurs représentent un risque important, et que si une catastrophe
survenait, ses conséquences seraient insurmontables. Les élus communaux, qui seraient les premiers confrontés sur le terrain à cette situation ingérable doivent pouvoir dire qu’ils seraient démunis face à celle-ci. C’est une simple question de bon sens et d’honnêteté.

Si vous avez envie de savoir quel respect portent aux citoyens les candidats aux communales, voilà donc une excellente méthode : porter une interpellation communale citoyenne sur le thème du nucléaire !

Pour en savoir plus sur cette motion concernant Ottignies-Louvain-La-Neuve, le blog de Thierry Bourgeois, le citoyen qui a porté cette interpellation communale.
Pour en savoir plus sur l’action des interpellations communales citoyennes lancée par l’association Fin du Nucléaire.

Isabelle Masson-Loodts