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La COP30 se déroulait du 6 au 21 novembre 2025 à Belem (Brésil),
les USA étant absents, la Chine, présente à la COP30 et premier fournisseur mondial de technologies vertes, l’ayant essentiellement utilisée pour promouvoir ses technologies solaires, éoliennes et électriques et courtiser les pays qui souhaitent investir.
POUR Press vous offre à lire, en pleine page et en accès libre, au travers d’articles notamment de Reporterre.net, du Réseau Action Climat France et de The Conversation, plusieurs articles sur le bilan politique et pratique “très mitigé” de cette COP30, qui reflète le bilan “mitigé” de l’action climatique telle que conduites par les Etats, ne prenant pas des mesures à hauteur de l’enjeu climatique et laissant opérer les capitalismes industriels et financiers mondiaux.
Également, en lien, divers articles plein texte, avec leurs A LIRE, parus sur POUR sur le coût en vies humaines chaque année du réchauffement climatique, sur les duplicités du financement climatique prévu pour les pays pauvres et le dossier de POUR sur les crédits carbone, composante du modèle extractiviste, leur absence d’intégrité, leur inefficacité et les luttes paysannes et autochtones en la matière.
Victor Serge, chroniqueur.
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À Belém, la fin de la COP30 s’est déroulée dans une ambiance chaotique. Le président des négociations a conclu la conférence sans prendre en compte l’opposition de plusieurs délégations, dont celle de l’Union européenne.
Belém (Brésil), correspondance
Nouvelle COP, nouveau fiasco. Samedi 22 novembre à 17 h 41 (heure française), le président de la conférence onusienne, André Correa do Lago, a frappé trois fois de son marteau pour officialiser la fin des négociations. Un geste qui a aussitôt été accueilli par la révolte de plusieurs diplomates.
L’Union européenne, la Colombie, la Suisse et le Panama ont affirmé ne jamais avoir donné leur approbation au texte d’accord validé par le président lors de cette ultime plénière. Celui-ci aurait clos les débats… sans leur accorder la parole.
Tentant de calmer la grogne ainsi suscitée, André Correa do Lago s’est alors excusé : «Je regrette de ne pas avoir vu les drapeaux [se lever pour réclamer la parole].» De sa tribune, il a assuré aux voix dissidentes que leur mécontentement serait notifié dans le rapport final.
Cette maigre compensation n’a pas suffi à mettre fin à l’indignation des délégations. «Nous ne demandons pas à être mentionnés dans le rapport», a rétorqué la déléguée colombienne.
Nouvelles négociations à huis clos
Sous les huées et cris de colère, des membres de l’équipe présidentielle ont murmuré des choses à l’oreille de leur chef. Les micros étant coupés, personne n’a entendu la conversation. Mais un instant plus tard, l’homme a suspendu la session et entamé de nouvelles discussions à huis clos.
Dans les couloirs de la COP30, la sidération règne. La conférence est-elle finie? L’accord reste-t-il valide? Une nouvelle plénière sera-t-elle programmée? «Je n’ai jamais vu ça. C’est incompréhensible», dit Gaïa Febvre, chargée des négociations internationales au Réseau Action Climat. Habituée des conférences onusiennes, elle peine à comprendre ce qui est en train de se passer.
«Je n’ai pas dormi et cela n’a probablement pas aidé»
À 19 h 20, la plénière a finalement repris. Restant sur ses positions initiales, André Correa do Lago a confirmé que les décisions prises et adoptées plus tôt dans la soirée demeuraient valables. Avant d’ajouter, sous les yeux stupéfaits des observateurs : «Je regrette profondément de ne pas avoir été informé des demandes des Parties pour prendre la parole. Comme beaucoup d’entre vous, je n’ai pas dormi et cela n’a probablement pas aidé, tout comme mon âge avancé.» Aussi déroutant cela soit-il, l’accord est donc considéré comme adopté au consensus par les 194 Parties.
Un émissaire de la délégation russe a pris la parole pour défendre le président et accuser les pays s’opposant à l’accord de se «comporter comme des enfants qui veulent tous les bonbons». Selon la BBC, le président de la conférence aurait ensuite promis, pour calmer les délégations en colère, que l’adoption de termes plus forts sur la sortie des énergies fossiles pourrait être remise sur la table dans six mois, lors d’une réunion intermédiaire de la COP.
Un accord qui ne mentionne pas les énergies fossiles
Que contient cet accord tant décrié par l’Union européenne et plusieurs autres États? Ou plutôt, que ne contient-il pas? Depuis quelques jours, plus de 80 pays poussaient la présidence à inclure dans l’accord final une feuille de route planifiant la sortie progressive des énergies fossiles.
Responsables de l’immense majorité des émissions de gaz à effet de serre, celles-ci n’ont finalement pas été directement mentionnées. Le texte entériné se contente de renvoyer à l’accord conclu lors de la COP28 à Dubaï, deux ans plus tôt.
La veille, Monique Barbut, ministre française de la Transition écologique, avait pourtant déclaré : «En l’état actuel, [le texte] est juste inacceptable. Ce n’est pas possible de partir avec un texte final [n’incluant pas un mot sur les fossiles et la déforestation].» Force est de constater que la France, comme l’Union européenne, a échoué à peser dans cette ultime manche de négociations.
Autre absence remarquée : une autre feuille de route, visant elle à mettre fin à la déforestation, et soutenue par près de 90 pays. Un second échec de taille pour cette COP, pourtant organisée aux portes de l’Amazonie afin de mieux porter ce sujet.
Avancées minimes
Les appels à augmenter les ambitions de chaque État pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre — les fameuses NDC tant évoquées en amont du rassemblement — n’ont pas non plus eu l’écho escompté. Quelques mesures ont été prises dans ce sens, mais elles restent bien moins ambitieuses que prévu.
Parmi les rares avancées validées, l’accord prévoit le triplement des fonds consacrés à l’adaptation au changement climatique d’ici à 2035 et le Brésil est parvenu à lancer son programme «Forêts tropicales pour toujours» (FTTT). Ce fonds d’investissement qui doit rémunérer les pays préservant leurs écosystèmes forestiers reste toutefois un mécanisme hors de l’égide des Nations unies.
Autre véritable motif de réjouissance : l’adoption d’un mécanisme pour une transition juste approuvé par toutes les nations : «C’est une immense victoire pour les travailleurs et travailleuses, les jeunes, les femmes ou encore toutes les organisations de la société civile qui sont venues à la COP exiger un cadre garantissant que l’action climatique protège aussi les emplois et améliore la vie des populations», salue Gaïa Febvre.
«Nous avons parlé d’une “COP de la vérité”, et la vérité n’est pas belle»
L’UE sort affaiblie de ces négociations et perd son leadership climatique tandis que la Chine a remporté la seule bataille qui lui tenait à cœur : inclure l’instauration d’un «dialogue» inédit sur le commerce mondial. Objectif officieux : mener, aux côtés des pays émergents, la fronde contre les taxes carbone.
En amont du rendez-vous, le président brésilien Lula avait promis de faire de la COP30 «la meilleure de toutes». Résultat quinze jours plus tard? Sûrement est-elle la pire jamais tenue. «Pendant deux semaines, nous avons parlé d’une “COP de la vérité”, se souvient Gaïa Febvre. Et la vérité n’est pas belle : le multilatéralisme est en détresse et la diplomatie qui a été menée essentiellement derrière des portes closes n’a pas permis de renforcer la confiance dans le processus de la COP. Nous avions besoin de plus de transparence mais aussi de plus d’honnêteté.»
À 20 heures passées, heure de Paris, la COP30 touchait à sa fin de l’autre côté de l’océan Atlantique. Une vidéo promotionnelle de la Turquie — future hôte de la COP31 — était alors diffusée sur l’écran géant de la grande salle où un nouveau fiasco diplomatique s’est joué quelques instants plus tôt.
Un émissaire turc s’est approché du micro et exclamé : «Nous sommes très enthousiastes.» Il assure que son pays «ne laissera personne de côté» et fera preuve de transparence et d’inclusivité lors de la prochaine édition. Des promesses tant de fois répétées, auxquelles bientôt plus personne ne croira après la faillite de la COP29 en Azerbaïdjan… et désormais celle de la COP30 au Brésil.
Par Emmanuel Clévenot et
Source : Reporterre
