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La crise sanitaire que nous devons tous affronter par la grâce du coronavirus nous pousse à réfléchir à quelle devra être, demain, l’organisation de nos sociétés pour ne pas poursuivre comme des moutons l’actuelle logique suicidaire. Dans cette perspective, POUR souhaite publier textes et vidéos qui illustrent quelles seront les leçons que nous devrons retenir collectivement pour que « le jour d’après » ne ressemble pas aux « jours d’avant ». Voici le 18ème épisode des Corona carnets, ces billets que Paul Hermant, actif dans le collectif des Actrices et acteurs des temps présents, nous propose chaque jour
A.A.
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Jour 18, la fenêtre
Faillite complète européenne. La santé n’est pas une affaire d’Union, c’est entendu, mais la solidarité oui. Une fois la crise sanitaire refermée, on fera les comptes de ce qui restera. Une Italie laissée une fois de plus seule aux avant-postes, comme livrée d’avance aux gens de la Lega, une Espagne qui se débat comme elle peut entre Madrid et Barcelone, des Pays-Bas déjà insulaires arc-boutés sur des digues enfoncées, une Belgique s’abstenant de voter le budget européen de secours, une Hongrie définitivement passée de l’autre côté d’un miroir que l’on sait désormais sans tain : on peut s’y voir à travers – ce n’est même pas un miroir, c’est une fenêtre d’Overton : Orban propose la version outrée qui relativiseront ailleurs les petits arrangements avec les libertés et les droits. A part ça, les adieux, annoncés temporaires, au pacte de stabilité ressemblent à de fort nécessaires expédients. Les frontières sont fermées partout, nous sommes toutes et tous devenus sans-papiers. En fait, ce que l’Europe dit, c’est « Débrouillez-vous », chacun chez soi et Charles Michel pour tous.
On lit que la situation est la plus sérieuse que le monde a connue depuis 1945. Le retour historique ici tient du refoulé. Comment imaginer, après ça, que l’Europe mette sur pied la version pourtant très étique et très squelettique de son Green Deal ?
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Pendant ce temps, les gros joueurs jouent. Proximus sort la 5G sans débat ni raison, capable de dire dans la même phrase qu’il n’existe aujourd’hui que quelques rares téléphones en Belgique à pouvoir utiliser cette nouvelle norme mais que la surutilisation des réseaux numériques l’impose pourtant. Ce logos confusif, qui est un marqueur très sûr de l’hubris où nous vivons, est la pensée magique à partir de laquelle ce système religieux croit encore pouvoir se maintenir. BNP-Paribas réclame les dividendes de sa filiale belge avant que les robinets ne se ferment, l’on voit que l’appel de la frontière est partout. La mondialisation descendue par ses mondialistes mêmes. Et la prise de bénéfices considérée comme une prise de coke. Les effets d’aubaine caractérisent tant les grands capitaines d’industrie dénommés CEO que les mercantis vendant 5 fois leur prix un masque ou un gel. Ce marché, comment qu’on le qualifie par ailleurs, est noir. L’installation de la 5G dans 30 communes belges (pour une fois paritaires entre Flandre et Wallonie), c’est un marché noir.
Pour le reste, l’on commence à être d’accord sur l’idée qu’une déforestation massive permettant le croisement d’espèces qui ne se rencontrent d’ordinaire pas, que l’artificialisation des sols surtout dans les régions tropicales ou que le trafic d’animaux ou de de la flore sont à l’origine d’une maladie capitalocénique bénéficiant de surcroît de la production de particules fines pour se diffuser. L’anthropologue et professeur de sciences politique anarchiste américain James C. Scott a écrit là-dessus tout un livre qui explique à peu près comment ces même causes-là, donnent selon les cas soit une pandémie soit la création des États. Ou les deux.
James C. Scott ne connaît sans doute pas Proximus et n’a pas vu que l’État belge n’a rien dit contre cette imposition capitalocénique d’un croisement d’ondes et d’êtres vivants dont on ne sait rien des conséquences. Nous ne sommes pas en guerre. On nous fait la guerre, c’est différent.
Paul Hermant