Barrer la route à l’extrême droite et à ceux qui l’ont fait prospérer.

France. 
Elections législatives des 30 juin et 07 juillet prochains.

 

L’extrême droite en position de force.

Les journaux et chaînes TV du milliardaire Bolloré saturent l’espace médiatique de propos et thèmes en faveur de l’extrême droite
Le rapport de force est établi. Il est à l’évidence très en faveur de l’extrême droite. Les médias dominants (radios et chaînes de télévision publiques incluses) zélateurs de la Macronie finiraient presque par le faire oublier, tout occupés qu’ils sont à susciter sans cesse de basses polémiques susceptibles de diviser le Nouveau Front Populaire (NFP) constitué au lendemain des élections européennes du 09 juin dernier. Et quand ces médias passent à autre chose, c’est pour réduire le véritable choix de société et de valeurs à effectuer lors des élections législatives des 30 juin et 07 juillet prochains à un banal arbitrage entre deux programmes économiques, celui de l’extrême droite et celui du NFP. Dans le même temps, les journaux et chaînes TV du milliardaire Bolloré saturent l’espace médiatique de propos et thèmes en faveur de l’extrême droite d’une violence inouïe, jamais vue depuis la création de la Vème République le 04 octobre 1958.

Alors, rappelons-le, l’extrême droite a recueilli le 09 juin dernier 36,9% des suffrages exprimés[1]. Le NFP, constitué immédiatement après, ne se situe qu’à 31,6%. L’extrême droite atteint des scores jamais vus pour certaines classes d’âge : 47% pour les 50-59 ans, 39% pour les 60-69 ans. Elle dispose de réserves de voix importantes à travers la dynamique qu’elle a créée, notamment parmi les électeurs les plus enclins à sortir de l’abstention aux européennes, qui se situent dans les tranches d’âge les plus élevées.

Le discours de Macron consistant à affirmer qu’il est la troisième voie par rapport aux extrêmes de droite et de gauche qu’il met sur le même plan, n’est qu’un leurre.
La majorité actuelle à l’assemblée nationale (Renaissance-E.Macron, Horizons-Edouard Philippe, Modem-François Bayrou, et UDI-Hervé Marseille) a été défaite aux européennes (14,6% des suffrages exprimés) et, selon les propos mêmes de Edouard Philippe, ex-Premier Ministre de E. Macron, le Président lui-même « a tué sa majorité et l’a dissoute ». Les tenants du macronisme, s’il sont cohérents avec leur volonté affichée de sauver un Etat de droit déjà bien fragile, devraient se prononcer dès le premier tour en faveur du NFP. Ils éviteraient ainsi de créer au second tour des « triangulaires[2] » qui feraient l’affaire de l’extrême droite. Le discours de E. Macron, consistant à affirmer qu’il est la troisième voie par rapport aux extrêmes de droite et de gauche qu’il met sur le même plan, n’est qu’un leurre. Il a eu sept années pour l’ouvrir cette troisième voie et il n’a fait qu’emprunter celle maintes fois parcourue par la droite la plus dure après s’être fait élire en 2022 et 2027 par un front républicain qui a fait barrage à l’extrême droite  ce qui l’avait conduit après son élection de 2022 à déclarer que cela « l’obligeait ». On a vu la suite !

La droite dite « de gouvernement » (Parti Les Républicains dirigé par Eric Ciotti) a poursuivi son chemin de croix en réalisant 7,2% des suffrages exprimés. Son leader aux européennes François-Xavier Bellamy a déclaré qu’il voterait « évidemment » pour l’extrême droite en cas de duel au second tour entre cette dernière et le NFP. Quant au patron du parti, Eric Ciotti, il s‘est rallié avec des dizaines d’affidés à l’extrême droite. Il ne reste donc que quelques caciques aux ambitions dévorantes et suffisamment aveuglantes pour sauver quelques sièges de députés, quitte à ne pas faire la fine bouche au second tour si l’extrême droite peut les aider à y parvenir. Jusqu’à présent, parmi les personnalités de droite, Dominique de Villepin fait remarquablement exception en déclarent « que la priorité doit être donnée à la lutte conte le Rassemblement national ».

N’oublions pas les 717.000 personnes qui ont voté aux élections européennes et ont déposé un bulletin blanc ou nul
Et puis, il y a les autres listes dont on ne parle pas, mais pour lesquelles près de 2,4 millions de citoyens (9,7% des suffrages exprimés) se sont prononcés aux européennes. Certes, il y a eu 30 listes « autres » mais seulement 7 d’entre elles dépassent 100.000 voix chacune et représentent 87,4% du total des suffrages exprimés. L’examen de ce listes conduit à conclure qu’une majorité de ces 2,4 millions de citoyens constitue un réservoir de voix potentielles pour l’extrême droite (Alliance Rurale[3], Liste Asselineau-Frexit , L’Europe, ça suffit[4] etc.).

Enfin, n’oublions pas les 717.000 personnes qui ont voté aux élections européennes et ont déposé un bulletin blanc ou nul. Ils représentent 2,8% des votants dont le NFP aura aussi besoin aux législatives.

 

Une nécessaire discipline de fer chez les électeurs potentiels du NFP.

Le moindre écart en la matière sera fatal et se concrétisera soit par une élimination dès les premier tour, soit par une qualification au second tour en troisième position prélude à une défaite. Pour l’éviter, il faut sortir de ces querelles de pouvoir entre appareils politiques qui désespèrent les votants et découragent les abstentionnistes. A cet égard, on rappellera ce tweet de Raphaël Glucksmann posté le 24 juin en fin de journée sur le réseau social X :

« C’est désormais clair et net : Jean-Luc Mélenchon ne sera pas Premier Ministre vu que tous les autres partis s’y opposent. On peut maintenant se concentrer sur le véritable enjeu qui est d’empêcher que Jordan Bardella le soit, lui ? Car cette hypothèse est très réaliste, elle ».

La campagne des élections législatives a commencé, après le dépôt des candidatures le 17 juin et se terminera le 28 juin. Elle avait été précédée de la création du NFP dès le lendemain des élections européennes du 09 juin, suivie d’une négociation sur la répartition des circonscriptions et du programme. D’aucuns ont fait remarquer pour l’occasion qu’une fois l’accord intervenu sur les circonscriptions, il a été beaucoup plus facile de conclure l’accord sur le programme. Tout électeur potentiel, peu familier avec les affrontements entre appareils politiques, ne peut être qu’abasourdi face à une telle déclaration qui laisse entendre que, pendant une campagne exceptionnellement courte de 12 jours, on décide après  8 jours de « se concentrer » sur le véritable enjeu, par ailleurs personnifié au lieu d’être nommé, c’est-à-dire faire échouer l’extrême droite.

Les électeurs du NFP devront faire fi de tels propos relayés à foison par les médias dominants et ils devront voter sans état d’âme – qu’ils soient pour la France Insoumise, les Ecolos ou le Parti Communiste – pour les candidats qui sont dans la ligne de Glucksmann dans les circonscriptions où c’est un socialiste qui représente le NFP, la même règle de discipline radicale de vote devant prévaloir pour les circonscriptions dévolues à la France Insoumise, à Ecolo ou au PC.