L’ONU vient d’apposer un sceau de légitimité sur le plan colonial du président Donald Trump pour Gaza. Dans ce reportage exclusif de Drop Site, des dirigeants de la résistance palestinienne évaluent l’état actuel de la guerre.
Introduction
Israël poursuit le siège de Gaza malgré le « cessez-le-feu » officiellement entré en vigueur le 10 octobre. Jour après jour, les forces israéliennes attaquent les Palestiniens dans l’enclave, tuant plus de 340 personnes depuis que Donald Trump a présenté son plan de « paix » comme un accomplissement monumental ouvrant une nouvelle ère. La majorité des morts sont des femmes et des enfants.
Durant la semaine écoulée, les forces israéliennes — qui occupent toujours plus de 50 % du territoire de Gaza — ont avancé encore davantage au-delà de la « ligne jaune ». Israël menace de reprendre son siège total si le Hamas ne désarme pas et ne se rend pas. L’État israélien refuse par ailleurs d’autoriser l’entrée des quantités de nourriture, de médicaments et de produits essentiels convenues dans l’accord.
Le 17 novembre, dans un geste sans précédent, le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé le plan néocolonial de Trump pour Gaza, incluant le déploiement d’une force internationale qui n’opérerait pas sous commandement onusien, mais sous la direction d’un conseil privé contrôlé par Trump. Selon ce dernier, cette force serait chargée de désarmer la résistance palestinienne et de démilitariser Gaza, afin de priver le peuple palestinien de son droit à l’autodéfense.
Dans le cadre de la série de Drop Site consacrée à la résistance palestinienne depuis le 7 octobre, des responsables de haut rang du Hamas et du Jihad islamique analysent le chemin qui a mené à la situation actuelle. Nous avons mené une série d’entretiens en personne avec ces dirigeants, qui y décrivent les événements ayant précédé l’accord de cessez-le-feu d’octobre, leur position sur le désarmement et sur le plan Trump, ainsi que leur vision de la lutte actuelle pour la libération nationale palestinienne.
Ce rapport de Jeremy Scahill et Jawa Ahmad est long et détaillé, mais nous pensons qu’il vaut vraiment la peine d’être lu.
L’incapacité de la plupart des médias occidentaux à relayer la perspective de la résistance palestinienne constitue une faute professionnelle et nuit profondément à la compréhension du public.
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La frappe de Doha
Peu après 15h46, heure de Doha, le 9 septembre, Osama Hamdan — un dirigeant de haut rang du Hamas — reçut l’appel d’un journaliste lui demandant s’il avait entendu parler d’une explosion qui venait de secouer la capitale qatarie. Hamdan se trouvait alors à une réunion, à l’autre bout de la ville, loin des bureaux du mouvement islamique de résistance, situés dans le quartier huppé de Legtaifiya, rue Wadi Rawdan. Il n’avait entendu aucun bruit.
« Il y a eu une explosion à Doha », se souvient-il que le journaliste lui a dit. « Je crois que vos gens ont été ciblés. »
Hamdan commença à appeler d’autres responsables du Hamas. « Personne ne répondait. Tous les téléphones étaient hors service », se remémore-t-il. « Au bout de cinq minutes environ, un des frères est venu me voir et m’a dit : “Il y a eu une frappe aérienne contre le bureau.” »
La tentative d’assassinat à Doha et le récit d’Osama Hamdan
Alors qu’il se rendait sur les lieux, Hamdan apprit par les médias que des responsables israéliens confirmaient une série de frappes visant à assassiner plusieurs dirigeants de haut rang du Hamas.
L’armée israélienne déclara que les membres de la direction visés « dirigeaient depuis des années les activités terroristes », qu’ils avaient « planifié et supervisé le massacre du 7 octobre » et « dirigeaient la guerre contre Israël ».
Selon Israël, la frappe avait pour objectif d’assassiner le chef du Hamas à Gaza, le Dr Khalil Al-Hayya. « Nous attendons de voir les résultats », déclara un responsable israélien.
Au moment des frappes, Benyamin Netanyahou participait à un événement organisé par l’ambassade usaméricaine à Jérusalem.
Il s’en vanta immédiatement : « Au début de la guerre, j’ai promis qu’Israël atteindrait ceux qui ont perpétré cette horreur. Aujourd’hui, c’est fait. »
Ces frappes israéliennes représentaient une escalade spectaculaire, d’autant qu’elles furent menées sur le territoire du Qatar, pays allié des USA, qui abrite le CENTCOM, l’un des principaux centres névralgiques militaires USaméricains au Moyen-Orient.
Les bureaux du Hamas à Doha avaient été établis en 2011 à la demande directe du gouvernement usaméricain, précisément afin de maintenir une voie de communication diplomatique ouverte avec le mouvement. Le Qatar, avec l’Égypte, joue depuis longtemps un rôle crucial de médiateur dans les conflits et négociations régionales.
Pour Hamdan, l’objectif israélien était clair : « C’était un message politique évident : Netanyahou ne voulait ni cessez-le-feu ni solution.
Il voulait éliminer la délégation qui négociait. En frappant au Qatar, il a montré qu’il ne respectait même pas ceux qui cherchent à obtenir un accord. »
Désinformation et bilan humain
Quelques minutes après les frappes, les réseaux sociaux furent inondés de comptes pro-israéliens affirmant que : Khalil Al-Hayya avait été tué, ainsi que Khaled Mechaal et Zaher Jabbarin.
Netanyahou se félicita publiquement de frappes visant « les chefs terroristes du Hamas ».
Mais Hamdan découvrit rapidement qu’aucun dirigeant majeur n’avait été tué. « Ils ont concentré les frappes sur l’endroit où ils pensaient que la réunion se tenait », explique-t-il. « Mais ils ont échoué. »
En réalité, les frappes tuèrent Hammam Al-Hayya, fils du Dr Khalil Al-Hayya, son secrétaire personnel, trois assistants et gardes du corps ainsi qu’un officier de sécurité qatari.
L’armée israélienne tira entre 10 et 12 missiles sur le complexe, détruisant les bureaux administratifs et l’appartement de la famille Al-Hayya. L’épouse du dirigeant, sa belle-fille et ses petits-enfants furent blessés.
Hamdan dut annoncer lui-même la mort de son fils à Al-Hayya. Ce dernier, qui avait déjà perdu un autre fils — Osama — tué dans une frappe israélienne en 2014, a perdu de nombreux membres de sa famille dans le génocide en cours.
Dans une déclaration publique empreinte de dignité, Al-Hayya affirma ensuite : « La douleur de perdre mon fils, mon compagnon, le directeur de mon bureau et les jeunes autour de moi, c’est une douleur immense. Nous ne sommes pas faits de fer ou de pierre. Nous pleurons nos martyrs, nos familles, nos frères. Mais ce que je vois chaque jour — les tueries, la tyrannie, les assassinats, la destruction à Gaza — me fait oublier ma douleur personnelle. Parce que je sens qu’ils sont tous comme mes propres enfants. »
Une frappe motivée par les négociations
Bien qu’Israël justifie publiquement la frappe de Doha au nom du 7 octobre, la réalité était toute autre : Il s’agissait d’éliminer l’équipe de négociation du Hamas au moment exact où elle examinait une nouvelle proposition usaméricaine.
Dans les jours précédant les frappes, l’administration Trump avait transmis au Hamas, via les médiateurs qataris, un texte présenté comme une nouvelle initiative de cessez-le-feu.
Ce document exigeait notamment la remise immédiate de tous les captifs israéliens — vivants et morts — détenus à Gaza.
Du point de vue du Hamas, cette “offre” ressemblait à un piège : elle était vague, elle n’engageait pas clairement Israël à mettre fin au génocide, elle ne garantissait aucune levée du siège ou retrait militaire.
Le Hamas se souvenait aussi qu’en mai, Trump avait renié une promesse similaire faite lors d’un échange visant à libérer le soldat usaméricano-israélien Edan Alexander.
Funérailles à Doha
Les funérailles furent organisées dès le lendemain, dans la capitale qatarie. Elles rassemblèrent une foule nombreuse : diplomates, responsables politiques, membres de la diaspora palestinienne, journalistes, et figures du mouvement national.
Le cercueil du fils de Khalil Al-Hayya — Hammam — fut porté en tête du cortège, suivi de ceux des quatre membres du Hamas tués dans la frappe, ainsi que celui de l’officier de police qatari. Les dirigeants du Hamas, visiblement éprouvés, prononcèrent des discours de deuil et de résilience.
Ils insistèrent sur le fait que l’attaque ne briserait pas la volonté palestinienne de poursuivre les efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre — malgré l’évidence que l’objectif israélien était précisément d’éliminer la délégation chargée de négocier.
Le Hamas avait accepté un accord avant les frappes israéliennes
Le 18 août — soit trois semaines avant la tentative d’assassinat de Doha — les factions palestiniennes avaient déjà accepté un accord de cessez-le-feu élaboré par les USA et Israël.
Cet accord, appelé “cadre Witkoff”, du nom de l’émissaire spécial usaméricain Steve Witkoff, comportait 13 points. Il incluait :
- un cessez-le-feu de 60 jours,
- la reprise de l’aide humanitaire,
- la libération de la moitié des captifs israéliens, vivants ou morts,
- la possibilité de prolonger la trêve pendant que les négociations se poursuivaient.
Pour les dirigeants palestiniens, il s’agissait d’un compromis difficile, mais acceptable, afin de stopper l’hécatombe à Gaza. Mohammad Al-Hindi, chef de la délégation du Jihad islamique, raconte : « Trump pensait que le Hamas ne remettrait jamais vingt captifs d’un seul coup. Nous avons consulté toutes les factions et décidé d’accepter l’accord Witkoff. »
Des concessions palestiniennes majeures
Dans l’accord du 18 août, les Palestiniens avaient accepté :
- la libération immédiate de huit captifs le premier jour,
- l’absence de calendrier clair pour le retrait israélien du corridor de Philadelphie,
- une zone tampon israélienne plus profonde que ce qu’ils avaient exigé,
- la possibilité d’un accord même sans garantie que la guerre cesserait complètement.
Selon un haut responsable qatari, le Hamas avait accepté 98 % de ce que les USA et Israël réclamaient.
Pourtant…
Israël ne répondit jamais. Les USA firent porter la faute au Hamas
Lorsque les Palestiniens annoncèrent qu’ils acceptaient l’accord, Israël ne donna aucune réponse officielle.
Au lieu de cela :
- les responsables usaméricains déclarèrent que le Hamas bloquait les négociations,
- l’armée israélienne accéléra les bombardements,
- Israël annonça une nouvelle offensive terrestre imminente,
- les médias israéliens affirmèrent que les Palestiniens « refusaient la paix ».
Al-Hindi : « Ils ont donné à Israël une excuse pour intensifier les frappes et prétendre que nous refusions un accord — alors que nous l’avions accepté. »
Le 3 septembre : Trump annonce une “offre finale”
Ignorant volontairement l’acceptation palestinienne du 18 août, Trump déclara qu’il présentait une “dernière chance” de parvenir à un accord. Ce nouveau texte, transmis via les médiateurs qataris, ne comportait que 100 mots. Il exigeait :
- que le Hamas remette en une seule fois tous les captifs israéliens, vivants et morts,
- en échange d’un cessez-le-feu de 60 jours,
- sans garantie d’un retrait israélien,
- et sans engagement de mettre fin au siège ou aux bombardements.
Le Hamas répondit néanmoins le 7 septembre :
« Nous accueillons toute initiative visant à arrêter l’agression contre notre peuple. Nous sommes prêts à nous asseoir immédiatement à la table des négociations. »
Une menace publique d’Israël précède la frappe
Juste avant l’attaque de Doha, le chef d’état-major israélien Eyal Zamir déclara : « La plupart des dirigeants du Hamas se trouvent à l’étranger. Nous les atteindrons aussi ». Moins de 48 heures plus tard, Israël frappait les bureaux du Hamas à Doha.
Les USA prétendent ne pas avoir été informés…
Trump affirma que les USA n’avaient pas été informés à l’avance.
Pourtant :
- le Qatar abrite le CENTCOM,
- les USA surveillent en temps réel chaque mouvement aérien régional,
- les systèmes de défense qatariens sont américains,
- et il est impossible qu’une frappe israélienne de cette ampleur leur échappe.
Hamdan affirme : « Ils savaient. Et ils ont donné un feu vert implicite. Lorsque Trump dit le contraire, c’est du théâtre politique. »
La mise en scène de Trump : Charm el-Cheikh
Le 13 octobre, Donald Trump organisa un grand spectacle diplomatique en Égypte. Il annonça que le Hamas et Israël avaient signé un « accord historique », sans préciser que ni le Hamas ni Israël n’avaient effectivement signé quoi que ce soit à Charm el-Cheikh.
La cérémonie se déroula sans aucun représentant palestinien ou israélien. Trump signa seul un document symbolique, devant les caméras, entouré d’officiels usaméricains et de dirigeants arabes. Devant la Knesset, quelques heures plus tôt, il avait déclaré : « La guerre longue et difficile est maintenant terminée.
Israël, avec notre aide, a tout gagné par la force des armes. Vous avez gagné ». Cette déclaration était fausse : Israël n’avait ni remporté la guerre, ni écrasé la résistance, ni sécurisé la libération des captifs par la force.
Le Hamas respecte l’accord : libération de tous les captifs survivants
Au moment où Trump atterrissait en Israël après la cérémonie, le Hamas avait déjà libéré les 20 captifs israéliens vivants, remis la majorité des corps des captifs décédés et engagé une collaboration avec des équipes internationales pour retrouver les corps restants sous les décombres. Les dirigeants du Hamas affirment que Jared Kushner et Steve Witkoff leur avaient promis que « toutes les dispositions de la Phase 1 seraient appliquées à 100 % ». Pourtant…
Israël viole immédiatement le cessez-le-feu
Malgré la signature de Trump, Israël continua :
- à bombarder quotidiennement Gaza,
- à tuer plus de 340 Palestiniens depuis le début du cessez-le-feu,
- à empêcher l’entrée de nourriture, carburant et médicaments,
- à occuper plus de la moitié de Gaza,
- à menacer de reprendre la guerre si le Hamas ne se rendait pas.
Hamdan résume : « Ils détruisent les quelques maisons encore debout. Ils veulent rendre Gaza inhabitable. Quel signe de paix est-ce là ? Ils disent au peuple : “Il n’y a d’avenir ici que si vous résistez.” »
Libération des prisonniers palestiniens : torture, mutilations, organes retirés
Israël libéra environ 2 000 prisonniers palestiniens dans le cadre de l’accord.
Les descriptions médicales et juridiques sont effroyables :
- nombreux corps restitués présentaient des traces de torture extrême,
- certains morts montraient des incisions chirurgicales indiquant des prélèvements d’organes,
- beaucoup de prisonniers vivants sortaient des prisons émaciés, malades, mutilés,
- certains avaient perdu un œil,
- d’autres avaient des membres amputés,
- tous décrivaient des conditions de détention « indescriptibles ».
Pour les Palestiniens, ces faits démontent complètement le discours israélien prétendant rechercher la paix.
Un plan qui offre à Israël une victoire politique sans victoire militaire
Les dirigeants du Hamas et du Jihad islamique affirment que le plan de Trump :
- sauve Israël d’un humiliant échec militaire,
- lui offre une couverture diplomatique après deux ans de génocide,
- légitime l’occupation à travers un mécanisme pseudo-international.
Un “putsch diplomatique” à l’ONU
Depuis la signature de l’accord du 13 octobre, l’administration Trump s’emploie à consolider politiquement ce que l’armée israélienne n’a pas réussi à obtenir sur le terrain : la reddition stratégique du peuple palestinien.
Pour cela, Trump a transformé le Conseil de sécurité en une machine de validation automatique du plan usaméricain. Le 17 novembre, l’ONU approuve une résolution historique qui :
- soutient le déploiement d’une force internationale,
- qui n’est pas une force de l’ONU,
- qui est placée sous autorité privée,
- directement contrôlée par Donald Trump,
- à travers un organe nommé International Board of Peace.
Ce mécanisme est sans précédent. Il permet à une puissance étrangère — les USA — d’obtenir une légitimité onusienne sans supervision de l’ONU elle-même.
Ihsan Ataya, du Jihad islamique, résume ainsi le danger : « Le Conseil de sécurité est sous domination usaméricaine. Une résolution qui impose la vision israélo-usaméricaine, avec un vernis onusien, est inacceptable. »
Une force internationale… mais pas pour protéger les Palestiniens
Les factions palestiniennes expliquent qu’elles acceptent le déploiement d’une force strictement onusienne, uniquement pour :
- appliquer le cessez-le-feu,
- séparer les forces israéliennes de Gaza,
- garantir le retrait israélien,
- empêcher de nouvelles agressions.
Mais la force proposée par Trump n’a pas cet objectif.
Elle doit, selon Washington :
- désarmer le Hamas,
- démanteler la résistance,
- établir une “sécurité” compatible avec les intérêts israéliens,
- superviser administrativement Gaza.
En d’autres termes : une force coloniale, externalisée, chargée de neutraliser la souveraineté palestinienne.
Le refus arabe d’envoyer des troupes contre les Palestiniens
Trump affirme publiquement que plusieurs États arabes sont prêts à fournir des troupes.
La réalité est l’inverse.
- L’Arabie saoudite refuse officiellement.
- L’Égypte refuse.
- La Jordanie refuse.
- Les Émirats arabes unis refusent.
- La Turquie refuse.
- L’Indonésie refuse.
- Le Pakistan refuse.
- Le Qatar refuse.
- Même l’Autorité palestinienne ne veut pas assumer ce rôle.
Les pays musulmans consultés craignent d’être vus comme :
- une force d’occupation étrangère,
- exerçant un mandat colonial,
- chargée de désarmer les Palestiniens au profit d’Israël.
C’est une ligne rouge absolue.
Barghouti : “Gaza doit rester palestinienne”
Mustafa Barghouti, voix historique de l’unité palestinienne, affirme :
« Gaza doit être administrée par les Palestiniens. Gaza ne doit pas être séparée de la Cisjordanie.
Toute force internationale doit être sous mandat de l’ONU, pas sous commandement étranger. Nous n’accepterons jamais un retour du colonialisme, surtout pas sous Tony Blair. »
Cette dernière remarque fait référence à des rumeurs selon lesquelles Blair pourrait être chargé de superviser la “gouvernance” de Gaza — une perspective que toutes les factions palestiniennes rejettent catégoriquement.
Comment Trump obtient un soutien artificiel
À la veille du vote de la résolution, les USA exercent une pression massive sur de nombreux gouvernements. Par un mélange d’incitations économiques, de menaces diplomatiques et de promesses militaires, Trump obtient :
- une déclaration commune de plusieurs États arabes (Arabie saoudite, Qatar, Égypte, EAU, Jordanie),
- l’aval symbolique de l’Autorité palestinienne,
- l’abstention de puissances critiques.
Il s’agit moins d’un soutien réel qu’une démonstration de force usaméricaine.
Au Conseil de sécurité, l’ambassadeur Mike Waltz résume la stratégie usaméricaine : « Un vote contre cette résolution est un vote pour le retour à la guerre. » Une formule conçue pour intimider les États hésitants.
La résolution du 17 novembre : un mandat sans fin
Le texte adopté le 17 novembre :
- donne son “approbation” à une force dirigée par Trump,
- ne demande pas explicitement à Israël de se retirer,
- autorise un mandat “renouvelable” jusqu’en 2027 et au-delà,
- légitime la “coopération sécuritaire” entre Israël, l’Égypte et la force internationale, c’est-à-dire la coordination pour désarmer la résistance.
Al-Hindi réagit :
« Tout ce qui est “renouvelable” peut durer indéfiniment. Oslo devait durer cinq ans. ça fait trente ans. Ce genre de mandat est fait pour ne jamais se terminer. »
La résolution ne garantit :
- ni fin de l’occupation,
- ni levée du siège,
- ni reconstruction réelle,
- ni protection efficace pour les Palestiniens.
C’est une architecture conçue pour institutionnaliser la domination israélo-usaméricaine.
Trump propose Gaza comme un projet immobilier privé
En parallèle, Trump vante son plan comme :
- un projet touristique,
- « une Riviera de rêve »,
- un investissement stratégique pour le Golfe.
Il propose la création d’un fonds international de reconstruction, dont il serait le président, et qu’il continuerait à diriger même après avoir quitté ses fonctions publiques.
Pour les Palestiniens, cette vision — réduire Gaza à un parc immobilier — est une insulte à leur souffrance et à leurs aspirations nationales.
Une résistance façonnée par vingt ans de guerre
Les dirigeants de la résistance rappellent qu’il est impossible de comprendre la situation actuelle sans revenir à deux décennies d’affrontements continus :
- guerres de 2006, 2008–2009, 2012, 2014, 2021,
- blocus total imposé à Gaza depuis 2006,
- tentatives répétées d’assassiner les dirigeants,
- destruction systématique des infrastructures civiles.
Hamdan explique :
« La résistance n’est pas née soudainement en 2023 ou 2024. Elle s’est formée sous les bombes, au prix de milliers de martyrs. Les jeunes ont appris la fabrication d’armes parce que personne ne nous en donnait. Nous étions sous blocus. Alors ils ont développé leurs propres outils. »
Les factions palestiniennes insistent : contrairement à ce qu’affirme Israël, le Hamas ne reçoit pas de livraisons massives d’armes sophistiquées.
Au contraire : la majorité des armes est fabriquée localement, à partir de matériaux simples, souvent recyclés à partir d’obus israéliens non explosés.
Le mythe israélien de la “puissance militaire du Hamas”
Israël et plusieurs analystes occidentaux n’ont cessé de décrire la résistance palestinienne comme :
- « fortement armée »,
- « soutenue par l’Iran »,
- possédant un « arsenal stratégique »,
- capable de « menacer la sécurité régionale ».
Mais les dirigeants du Hamas et du Jihad islamique rejettent cette image comme :
- politiquement motivée,
- utilisée pour justifier le génocide,
- et totalement déconnectée de la réalité matérielle à Gaza.
Al-Hindi :
« Ils exagèrent pour présenter Gaza comme une menace régionale, alors que le blocus empêche même l’entrée de nourriture. La réalité, c’est que nos armes sont rudimentaires, locales, simples. Ce qui nous protège, c’est la volonté, pas la technologie. »
L’essence de la résistance : une volonté politique, pas une puissance militaire
Tous les dirigeants interrogés insistent sur un point fondamental : la résistance palestinienne n’est pas une armée. C’est un mouvement de libération nationale. Son arme principale est la résilience du peuple.
Hamdan : « La résistance n’est pas une institution militaire classique.
C’est un état d’esprit collectif, une conviction. Même si vous détruisez 90 % de notre capacité matérielle, vous ne pouvez pas détruire la volonté d’un peuple déterminé à vivre libre. »
Al-Hindi développe : « Chaque fois qu’il y a besoin d’armes, nos jeunes les fabriqueront. On ne peut pas désarmer une volonté. Une arme peut être détruite, mais pas le désir de liberté. »
La question centrale : désarmer quoi, et au profit de qui ?
Les leaders palestiniens affirment que toute discussion sur les armes doit commencer par une question essentielle : “Qui nous protège si nous remettons nos armes ?”
Abou Marzouk : « Si un jour il existe un État palestinien souverain avec une armée capable de défendre le peuple, la résistance n’aura plus besoin de garder des armes. Mais aujourd’hui, remettre nos armes revient à mourir. Cela reviendrait à livrer deux millions de Palestiniens désarmés à l’armée israélienne. Aucun peuple ne ferait cela. »
« Il existe aujourd’hui un effort concerté — mené par Israël, soutenu par les USA et légitimé par l’ONU — pour transformer la question du désarmement en pierre angulaire du nouvel ordre imposé à Gaza. »
Le piège du désarmement
Dans un discours prononcé le 6 novembre lors d’une conférence d’affaires à Miami, Steve Witkoff déclara que les USA étaient « en train de mettre en place un processus de démantèlement des armes — un programme de démilitarisation et d’amnistie ». Il affirma également que le Hamas s’était engagé à se désarmer et à remettre ses armes à la force internationale dirigée par Trump.
« Le Hamas a toujours indiqué qu’il se désarmerait. Ils l’ont dit ; ils nous l’ont dit directement lors de cette fameuse réunion que Jared a eue avec eux », déclara Witkoff. « Le Hamas a toujours dit que nous aurions besoin d’une force de sécurité internationale pour venir ici et être l’entité à laquelle ils remettraient les armes. »
Dans son entretien avec Drop Site, Osama Hamdan dément catégoriquement toute promesse de ce type : « Non. Ce qu’il dit, je ne sais pas, mais nous n’avons jamais dit cela, parce que toute la délégation était présente et personne n’a dit cela. Si vous voulez négocier, cela prendra du temps — bien plus que les quatre jours de négociations » qui ont précédé l’accord de Charm el-Cheikh. « Nous devons parler avec nos frères et les autres factions. Et lorsque nous parviendrons à une compréhension nationale sur ce sujet, alors nous commencerons à discuter avec les médiateurs et les USAméricains. »
Le Département d’État usaméricain n’a pas répondu aux demandes de commentaire concernant les affirmations de Witkoff et le démenti du Hamas.
Les armes de la résistance : outils de défense, et non pas arsenal offensif
Mousa Abou Marzouk, membre fondateur du Hamas, affirme que la tentative israélienne de présenter les armes de la résistance comme autre chose que des outils de défense face à l’invasion et à l’occupation est dénuée de fondement. « Les Israéliens eux-mêmes disent avoir éliminé la plupart des Brigades al-Qassam à Gaza — dans le nord, à Khan Younès et à Rafah — et qu’il ne reste pratiquement plus de combattants des Qassam.
Le président Trump a dit que 25 000 membres des Qassam avaient été tués, et leurs chiffres correspondent approximativement à ça», ajouta-t-il.
« Israël a aussi récemment annoncé que la plupart des capacités militaires du Hamas avaient été détruites — ils ont dit avoir anéanti 90 % des capacités du Hamas. Alors, si vous avez détruit 90 % des capacités militaires du Hamas et tué la majorité des combattants des Qassam, comme le dit le président Trump, qui allez-vous désarmer ? Et où sont les armes que vous prétendez retirer alors que vous dites les avoir déjà détruites ? »
Une réalité matérielle : aucune arme lourde, une production locale artisanale
Mohammad Al-Hindi, dirigeant du Jihad islamique, précise : « Je vous le dis : il n’y a pas d’armes lourdes.
Même les munitions antichars sont fabriquées par les jeunes Palestiniens à Gaza.
Quant aux discours sur la contrebande et ce genre de choses — ce sont des récits qu’Israël diffuse dans les médias pour présenter Gaza comme si elle possédait une immense puissance militaire. »
Il donne des exemples concrets :
- Le lance-roquettes antichar Yassin 105 : fabriqué localement par des jeunes dans la bande de Gaza.
- Les mortiers : également fabriqués localement.
- Les engins explosifs improvisés (IED) : produits dans l’« enveloppe de Gaza ».
Il s’agit donc d’un arsenal artisanal, produit sous blocus et dans des conditions extrêmes.
Les négociations : les armes comme “armes de volonté”
Tout au long des négociations pour mettre fin à la guerre la résistance a clairement expliqué sa position sur la question des armes. Elle a indiqué être ouverte à une trêve de longue durée supervisée internationalement, pendant laquelle les forces de résistance n’entreprendraient aucune action offensive. Al-Hindi résume ainsi la nature réelle des armes dans Gaza :
« Les armes présentes dans Gaza sont avant tout des armes de volonté. Chaque fois qu’il y aura besoin d’armes, les jeunes les fabriqueront immédiatement, et leur détermination est forte.
Par conséquent, parler de remise des armes est impraticable, irréaliste et dénué de sens, car à tout moment — s’il y a volonté et s’il y a agression — et si le peuple palestinien doit se défendre, des armes peuvent être fabriquées facilement dans Gaza. »
Une nuance stratégique : pas de remise, mais possible contrôle dans une trêve durable
Bien que le Hamas nie avoir accepté tout désarmement, la position palestinienne comporte une nuance importante :
- Désarmement total → ligne rouge, équivalent à une reddition de la cause nationale.
- Démantèlement supervisé, stockage des armes, absence d’utilisation → potentiellement négociable dans une trêve durable et sous garanties solides.
Al-Hindi et Ataya rappellent :
- Les armes ne peuvent être remises ni à Israël, ni à une force étrangère hostile.
- Elles pourraient être placées sous contrôle, mais seulement si :
- une trêve de longue durée est garantie,
- toutes les agressions israéliennes cessent,
- une autorité palestinienne légitime et protectrice existe.
Ataya pose la question essentielle :
« À qui remettre nos armes ?
Existe-t-il un État palestinien ou un gouvernement palestinien qui protège notre peuple à Gaza pour que nous lui remettions nos armes ? Ou devrions-nous remettre nos armes à notre ennemi et capituler ?
Est-il concevable que la résistance — qui n’a pas été vaincue dans la guerre, que l’ennemi n’a pas pu éradiquer, et avec laquelle l’ennemi a été contraint de négocier pour un échange de prisonniers —
brandisse maintenant le drapeau blanc et place la corde autour de son propre cou ? »
Continuité : Israël exige la reddition totale malgré son échec militaire
Tandis que les groupes palestiniens exposent une position structurée et cohérente, Israël continue d’affirmer :
- « Gaza sera démilitarisée »,
- « Le Hamas sera désarmé »,
- « Par la manière facile ou par la manière difficile ».
Mousa Abou Marzouk répond : « Si vous combattez une résistance pendant deux ans et que vous ne parvenez pas à la vaincre, comment pourriez-vous obtenir à la table des négociations ce que vous n’avez pas pu obtenir par la force ?
Ils doivent revoir leurs attentes à la baisse. »
Israël tente de délégitimer les armes de la résistance
Selon Abou Marzouk, l’effort israélien pour dépeindre les armes de la résistance comme autre chose qu’un moyen de défense est mensonger : « Les Israéliens affirment eux-mêmes avoir éliminé la plupart des Brigades al-Qassam à Gaza — au nord, à Khan Younès et à Rafah. Trump dit que 25 000 membres des Qassam ont été tués. Israël prétend avoir détruit 90 % de nos capacités militaires. Alors que reste-t-il à désarmer ? »
Il insiste : si Israël a réellement détruit cette capacité militaire, il n’y a plus aucune logique à exiger le désarmement, puisque cela reviendrait à réclamer la remise d’armes que l’ennemi prétend avoir déjà anéanties.
Les armes légères : production locale, simple et continue
Al-Hindi précise : « Il n’y a aucune arme lourde à Gaza. Même les munitions antichars sont produites par des jeunes Palestiniens à Gaza. Les mortiers sont fabriqués localement. Les dispositifs explosifs improvisés aussi. »
Il ajoute : « Israël propage des récits exagérés pour présenter Gaza comme si elle disposait d’une grande puissance militaire, alors que la majorité de nos armes sont artisanales. »
La position palestinienne : pas de reddition, mais une ouverture encadrée
Les négociateurs palestiniens ont répété :
- qu’ils refusent la reddition,
- qu’ils refusent la confiscation totale des armes,
- mais qu’ils sont ouverts à une formule où les armes seraient :
- stockées sous supervision,
- non utilisées,
- dans le cadre d’une trêve durable,
- et avec cessation totale des agressions israéliennes.
Ce n’est pas un désarmement — c’est une gestion encadrée, conditionnée par l’arrêt de la guerre.
À qui remettre les armes ?
Ataya pose la question qualitative centrale : « À qui devons-nous remettre nos armes ? Existe-t-il un État palestinien qui protège notre peuple ? Ou devrions-nous remettre nos armes à notre ennemi ? Est-ce concevable que la résistance, non vaincue, accepte maintenant de se pendre de ses propres mains ? Jamais nous ne remettrons les armes à Israël. »
Il précise que toute discussion sur les armes doit être nationale, impliquant toutes les factions, et seulement dans un contexte où l’agression cesse.
Une trêve supervisée n’est possible qu’avec la fin de l’agression
Les Palestiniens disent avoir expliqué aux médiateurs — y compris aux USAméricains lors de négociations directes — qu’ils sont ouverts à :
- des accords supervisés internationalement,
- un mécanisme de mise sous contrôle des armes,
- un système où ces armes ne seraient pas visibles ni en usage.
Mais cela n’est possible qu’avec une trêve durable et une fin totale des attaques israéliennes.
Al-Hindi : « Les armes peuvent être entreposées. Il peut y avoir une police palestinienne dans les rues. Mais parler de “remise des armes” n’a aucun sens : ce sont des armes de volonté. Elles peuvent être fabriquées à tout moment. »
Pourquoi la résistance refuse catégoriquement le désarmement total
Plusieurs raisons sont invoquées :
- Le droit à la résistance contre l’occupation, garanti par le droit international.
- L’absence d’un État palestinien souverain pouvant protéger les civils.
- L’échec militaire d’Israël, qui n’a pas réussi à détruire la résistance malgré deux ans de guerre.
- L’impossibilité pratique : les armes sont fabriquées localement et peuvent être reproduites.
- Le danger d’un désarmement unilatéral : laisser 2 millions de Palestiniens sans défense face à une armée d’occupation.
Marzouk : « Si l’ennemi n’a pas pu nous vaincre militairement, comment pourrait-il obtenir à la table des négociations ce qu’il n’a pas réussi par la force ? »
Les objectifs réels : neutraliser la cause palestinienne
Al-Hindi : « Personne — ni les USAméricains, ni les Européens, ni même certains Arabes — ne veut de la résistance. La résistance les embarrasse. L’objectif final est de retirer au peuple palestinien sa capacité à résister. Si la résistance disparaît, la cause palestinienne disparaît. »
Il insiste : « Ce n’est pas une question de Hamas ou de Jihad islamique. Le peuple palestinien résiste parce que l’ennemi, Israël, l’attaque constamment. »
La position palestinienne: aucun désarmement, mais une possible gestion encadrée
Les dirigeants de la résistance expliquent qu’il existe une confusion entretenue volontairement par les responsables israéliens et usaméricains : ils prétendent que le Hamas aurait accepté le désarmement dans le cadre des négociations. Cette affirmation est fausse.
Osama Hamdan, Mohammad Al-Hindi et Mousa Abou Marzouk sont catégoriques :
- Ils n’ont jamais accepté de remettre leurs armes.
- Ils n’ont jamais donné la moindre garantie en ce sens.
- Aucun dirigeant du Hamas n’a promis à Steve Witkoff qu’il livrerait les armes.
Hamdan : « Personne dans notre délégation n’a dit cela. Il n’est pas possible de décider d’une question aussi lourde en quatre jours de négociations. Le désarmement est une question nationale, pas une question privée. »
Al-Hindi développe : « Lorsque la guerre cesse, lorsque les attaques s’arrêtent, lorsque la liberté est garantie et lorsqu’il existe une direction palestinienne unifiée, alors nous pouvons discuter de la manière dont les armes sont utilisées ou stockées — mais jamais de leur remise totale. »
“Les armes peuvent être rangées, mais jamais rendues”
La position palestinienne est constante :
- Les armes peuvent être entreposées.
- Elles peuvent être rendues invisibles dans la vie civile.
- Elles peuvent ne pas être utilisées pendant une trêve.
- Elles peuvent être contrôlées par une autorité palestinienne nationale.
Mais :
- Elles ne peuvent jamais être remises à Israël.
- Elles ne peuvent jamais être détruites à la demande d’une force étrangère.
- Elles ne peuvent jamais être livrées à une entité contrôlée par Trump ou par un consortium international.
Ataya formule la question centrale : « À qui voulons-nous remettre nos armes ? À un État palestinien qui n’existe pas ? À une force internationale qui nous désarme pour protéger Israël ? À Israël lui-même ? Aucune nation au monde ne ferait cela. »
Une discussion possible seulement dans un contexte politique nouveau
Les factions palestiniennes indiquent clairement qu’une modification du rôle des armes est envisageable seulement si :
- Il existe un État palestinien souverain,
- Une force palestinienne unifiée est créée pour protéger les civils,
- Le siège et l’occupation prennent fin,
- Israël cesse définitivement toutes les agressions,
- La reconstruction de Gaza est garantie,
- Toutes les factions palestiniennes (Hamas, Jihad islamique, FPLP, Fatah indépendant, etc.) participent à une plateforme politique commune.
Hamdan : « Le jour où un État palestinien souverain voit le jour, et où une armée nationale protège notre peuple, la résistance n’aura plus besoin de porter des armes. Mais tant que l’occupation existe, se désarmer revient à mourir. »
Les accusations israéliennes : une stratégie pour obtenir diplomatiquement ce qu’Israël n’a pas obtenu par la force
Marzouk souligne : « Si vous combattez une résistance pendant deux ans avec toute votre puissance militaire, avec le soutien des USA et de l’Europe, et que vous échouez, comment pouvez-vous ensuite prétendre obtenir par la diplomatie ce que vous n’avez pas réussi par les armes ? Israël doit revoir ses attentes à la baisse. »
Pour les dirigeants palestiniens :
- Israël n’a pas réussi à écraser la résistance,
- ni à détruire ses infrastructures,
- ni à empêcher la fabrication locale d’armes,
- ni à imposer un ordre politique stable.
L’exiger maintenant à travers un plan usaméricain revient à demander à la résistance sa propre liquidation.
L’objectif réel du plan américain : neutraliser la cause palestinienne elle-même
Al-Hindi l’explique explicitement : « Beaucoup de pays — les USA, l’Europe, même certains Arabes — ne veulent pas de la résistance. La résistance perturbe leurs arrangements régionaux. La résistance les met face à leurs contradictions. Leur objectif final est de neutraliser la cause palestinienne. Si vous retirez au peuple palestinien sa capacité à résister, la cause palestinienne disparaît. »
Il ajoute : « Israël est un projet expansionniste, colonial, agressif. La résistance n’existera plus seulement lorsque l’agression cessera. »
Le récit israélien sur le désarmement : un instrument pour consolider l’occupation
Les dirigeants palestiniens affirment qu’Israël cherche à imposer un nouveau modèle de domination, un modèle où Gaza serait administrée :
- par une force internationale étrangère,
- dont la mission principale serait de désarmer les Palestiniens,
- et de garantir la sécurité d’Israël,
- sans mettre fin à l’occupation ni au siège.
Hamdan : « Ils veulent une force internationale qui fasse ce que l’armée israélienne n’a pas réussi à faire : briser la résistance. C’est impossible. Aucune force étrangère ne peut entrer à Gaza pour désarmer le peuple. »
Le plan Trump : sauver Israël de son propre échec
Pour les dirigeants palestiniens, le plan de Trump ne constitue pas seulement une tentative d’imposer une architecture coloniale à Gaza : il représente aussi un moyen de sauver Israël de son propre désastre militaire.
Après deux années de guerre totale, de massacres, de destructions, et malgré un soutien militaire massif des USA et de l’Europe, Israël n’a pas réussi à :
- détruire le Hamas,
- éliminer le Jihad islamique,
- reprendre les captifs par la force,
- ni imposer un ordre politique stable à Gaza.
Al-Hindi : « Ces deux années ont montré qu’Israël n’est pas aussi fort qu’il le prétend. Sans les USA, il ne serait pas capable de poursuivre une telle guerre ne serait-ce qu’une semaine. Israël dépend entièrement du soutien occidental. Il n’est pas une puissance autonome. »
Un État qui perd son image mondiale
Les dirigeants palestiniens expliquent que le génocide de Gaza a totalement transformé l’image internationale d’Israël. Aujourd’hui, Israël est perçu comme :
- un État raciste,
- un État pratiquant le nettoyage ethnique,
- un État poursuivi devant la Cour internationale de justice,
- un État en rupture totale avec le droitinternational,
- un État miné par ses propres fractures internes.
Hamdan : « Leur image dans le monde a été brisée. Ils ne reviendront jamais à ce qu’ils étaient avant. Le génocide a tout changé. »
La motivation réelle de Netanyahou : survivre politiquement, éviter la prison
Les dirigeants palestiniens affirment que Benyamin Netanyahou refuse toute fin réelle de la guerre, non pas pour des raisons militaires ou stratégiques, mais pour des raisons personnelles :
- il cherche à éviter la prison,
- à maintenir sa coalition ultra-extrémiste,
- à empêcher toute enquête pénale internationale,
- à empêcher l’effondrement politique de son gouvernement.
Hamdan : « Si la guerre prend fin, tout se retournera contre lui. Il devra faire face aux tribunaux. Netanyahou sait qu’il ne peut poursuivre son rêve du “Grand Israël” que par la guerre — jamais par la paix. »
La résistance : un mouvement de libération nationale, pas une armée étrangère
Al-Hindi insiste pour rétablir une vérité essentielle : « La résistance palestinienne est un mouvement de libération nationale. Nous ne menaçons aucun pays de la région. Nous combattons uniquement l’occupation israélienne. Le danger pour la région, c’est Israël — un projet hégémonique, expansionniste. »
Contrairement à la propagande israélienne qui tente de présenter la résistance comme un “réseau terroriste international”, les dirigeants palestiniens expliquent :
- la résistance est ancrée en Palestine,
- elle est issue du peuple,
- elle est défensive,
- elle répond à 76 ans de dépossession,
- elle n’a aucune ambition extérieure.
La propagande s’effondre, les faits demeurent
Hamdan : « Pendant des années, ils ont essayé de manipuler l’opinion mondiale. Mais les images de Gaza — les enfants mutilés, les femmes tuées, les villes rasées — ont brisé ce mensonge. Aujourd’hui, le monde sait ce qu’est Israël. Et le monde sait que la résistance palestinienne n’est pas ce que dit Israël. »
L’histoire palestinienne ne commence pas en 2023 — et ne se termine pas avec Trump
Pour les dirigeants palestiniens, l’essentiel est ailleurs : la lutte palestinienne ne dépend pas d’accords internationaux temporaires ni des ambitions personnelles de dirigeants étrangers.
Hamdan conclut : « L’histoire palestinienne est pleine de moments où tout le monde a cru que nous étions vaincus. Et pourtant nous sommes toujours là. Celui qui pense que notre peuple renoncera à ses droits se trompe. Nous ne sommes pas vaincus. Et nous ne sommes pas très loin du jour où nous verrons un État palestinien indépendant et souverain, inshallah. »
Jeremy Scahill et Jawa Ahmad,
Drop Site Zone, 23 novembre 2025, traduction Tlaxcala-int.
Tlaxcala-int, publication intégrale autorisée.
