Andrée Blouin, artisante oubliée des indépendances

Dans la catégorie des oublis historiques, Andrée Blouin pourrait sans aucun problème se retrouver sur le podium. Une femme noire victime de la colonisation et qui à travers ses affres a pu trouver sa voie : celle d’une lutte pour une indépendance sans faille. De Sékou Touré à Patrice Lumumba en passant par Kwame Nkrumah, elle fut partie prenante de la libération de trois pays africains du joug européen. Focus aujourd’hui sur le parcours incroyable d’une militante ayant accompagnée des luttes victorieuses tout en étant effacée de celles-ci.

 

Née Andrée Madeleine Gerbillat le 16 décembre 1921 en République Centrafricaine d’une union, à l’époque jugée contre-nature, de sa mère noire et son père blanc, homme d’affaire français de 41 ans. Sa mère en avait alors 14. Comme souvent, à cette sombre période de l’histoire, elle fut enlevée à ses 3 ans par son père et sa nouvelle épouse, pour être placée dans un orphelinat pour filles métisses à Brazzaville, au Congo français. Victime de négligence et de violence jusqu’à l’âge de ses 17 ans, où elle finit par s’enfuir avec deux autres pensionnaires. Ce faisant, elle évita le mariage forcé qui lui était destiné.

Elle parvint à rejoindre sa mère, alors installée à Brazzaville, où Andrée devint couturière. Un jour, alors qu’elle vogue sur le fleuve Congo, elle rencontre sur le bateau un certain Roger Serruys, aristocrate belge. Peu après leur rencontre, et après la nomination du belge en tant que directeur de la Belgian Kasai Company, elle ira le rejoindre à Banningville (nommée d’après Emile Banning,  – aujourd’hui Bandudu).
Andrée Blouin est alors enceinte de trois mois, mais son mari s’efforce de garder leur relation secrète, ce qui exhorta Andrée, excédée de ces secrets, à retourner à Brazzaville. Le 6 décembre 1940, les premiers pleurs de sa fille Rita se font entendre. Andrée est alors âgée de 19 ans.