La paix du plus fort. Réflexions

1.LE SOI-DISANT TRAITÉ DE PAIX 

Nous vivons actuellement une période de grande agitation et de fortes pressions contradictoires. Beaucoup d’entre nous hésitent quant à ce qu’il faut penser et comment réagir : les espoirs et les joies se mêlent aux craintes, aux déceptions et à la douleur. Une chose me semble certaine : plus les dirigeants affirment que nous sommes proches de l’horizon de la paix et de la justice, plus ils s’en éloignent…

Nous sommes tous sincèrement enthousiastes à l’idée de la cessation (temporaire) de la destruction totale de la ville de Gaza (il ne restait plus grand-chose à détruire !), de la libération des otages et du retrait partiel de l’armée israélienne des nouveaux territoires occupés, ainsi que de l’autorisation (sic !) israélienne d’entrée dans la bande de 400 camions de vivres sur deux mille. Je pense que peu d’entre nous oublieront les images apocalyptiques de ces derniers jours, avec des centaines de milliers de Palestiniens en marche, d’abord en exode depuis Gaza, puis de retour à Gaza pour retrouver leurs maisons (!) et les corps de dix mille disparus parmi leurs proches, probablement ensevelis sous les décombres.

Cependant, si les États-Unis et l’État d’Israël, avec la complicité cynique de la majorité des États européens et de certains États arabes du Moyen-Orient, imposent l’application des phases successives prévues par le soi-disant « plan de paix » proposé par les États-Unis de Trump (que j’invite à lire en détail), la situation sera à nouveau dramatique, marquée par la disparition à terme de l’idée d’un « État palestinien » souverain (l’Autorité nationale palestinienne de Cisjordanie n’est qu’une mauvaise idée de ce que devrait être un « État ») et par la création d’une autorité politique internationale, présidée par le président des États-Unis, chargée de mettre en œuvre et de faire respecter le plan de reconstruction de Gaza. Ce plan, comme nous le savons, prévoit une grande opération immobilière visant à transformer la région de Gaza en une « Côte d’Azur » pour les classes riches d’Israël et des pays arabes de la région prêts à établir des relations de bon voisinage entre eux. Une opération conçue par un consortium financier international dirigé par une entreprise du gendre de Trump et soutenue (à hauteur de plus de deux milliards de dollars) par l’Arabie saoudite. Ce n’est pas un hasard si le gendre de Trump figure parmi les protagonistes des négociations de ces dernières semaines en vue du plan d’action pour la paix.


By Riccardo Petrella

Riccardo Petrella Italien, né en 1945, vivant à Bruxelles, professeur honoraire de l’UCL et professeur honoris causa de nombreuses universités, Riccardo Petrella se définit comme chercheur, académique, “engagé pour transformer le monde”. Fondateur en 1997 du Comité international pour un contrat mondial de l’eau, suite à son “Manifeste de l’eau”, et fondateur en 2018 de l’Agora des Habitants de la terre, il concentre son action militante sur les sujets de l’eau et les communs. Agora des Habitants de la Terre L’Agora des Habitants de la Terre à été créée fin 2018 en Italie par des citoyens ressortissants de l’Allemagne, de l’Argentine, de la Belgique, du Brésil, du Cameroun, du Chili, de l’Espagne, de la France, de l’Inde, de l’Italie, du Liban, du Portugal, du Québec (Canada) et de la Suisse.